Chapitre 16

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25/08/21

- Sylvain.

- Salut, Jane.

Il lui avait donné rendez-vous à un restaurant qu'elle voulait essayer, mais le tournant des événements a fait qu'ils n'ont pas eu l'occasion. Elle était assez surprise qu'il s'en souvienne après tout ce temps... Seulement, l'envie de découvrir n'y était pas.

Son ancien copain s'est fait pousser la barbe comme beaucoup d'hommes, apparemment c'est tendance. Jane n'apprécie pas spécialement les poils, mais elle trouvait que ça lui allait à ravir. La barbe brune taillée faisait ressortir ses yeux bleus. Elle ne se souvenait pas de l'avoir vu porter un trench auparavant. C'est un beau garçon, admit Jane avec du recul.

- Après toi.

Il lui ouvrit la porte du restaurant. Il n'avait pas perdu un grain de sa galanterie. Jane pénétra dans l'établissement, sans un mot.

- Comment vas-tu ? commença Sylvain, après lui avoir tiré la chaise.

- Très bien, merci. Et toi ?

- Impeccable. Je viens de rentrer des Canaries avec Samantha.

Il s'empressa de rajouter " Ma copine ".

Son petit jeu fait sourire Jane. Cette dernière lui répondit d'une voix sincère.

- Ah oui ? Mais c'est super. Félicitations. Je suis contente de te voir croquer la vie à pleines dents.

Sylvain lui lança un regard bizarre. Contrairement au commun des mortels, elle est vraiment contente pour lui. Elle est soulagée qu'il ait retrouvé le bonheur. Elle n'aurait pas été en mesure de le rendre heureux.

Le serveur les sauva du silence gênant.

- Bonjour, je vois que vous n'avez pas encore regardé la carte. Est-ce que vous savez ce que vous voulez boire ?

Sylvain se tourna vers la brune.

- Un diabolo grenadine comme d'habitude ?

Elle acquiesça silencieusement.

- Un diabolo grenadine et un verre de rosé du Château de Miraval, s'il vous plaît.

- Bien, je vous apporte ça tout de suite.

Le silence revenait aussitôt. Elle voulait parler pour combler le vide, mais rien ne lui venait à l'esprit. Trop désagréable de se regarder dans le blanc des yeux, son regard se porta sur la rue passante. Il était à peine midi, les employés de bureau n'ont pas encore envahi les rues de la capitale à la recherche de déjeuners. Elle n'avait qu'une envie, abréger cette rencontre au plus vite. Amants de plusieurs années, aujourd'hui, ils n'avaient plus rien à se dire.

La sonnerie de la réception d'un sms la sortit de la contemplation.

" Bien arrivée, Princesse ? "

" Yes, Lady Sylver. L'ex-prince charmant est là. "

" 😒 "

" Veux-tu que je t'envoie une photo de lui ? "

" Non, merci ! Le travail m'appelle. "

Un sourire se dressa sur ses lèvres.

- Jane, dit-il pour captiver son attention.

Elle reposa son téléphone sur la table, l'air de rien.

- Oui ?

- Tu as... Tu as quelqu'un dans ta vie ?

Elle n'était pas vraiment surprise de cette question, mais elle pensait qu'il la poserait avec un peu plus de tact.

- Oh, Sylvain. Après toutes ces années, tu connais mon pouvoir de séduction.

Poker face :)

Troublé, il n'osa pas insister. Le serveur revint avec leur breuvage. Jane commanda le premier plat décent qui attira son regard sans entrée ni dessert. Elle ne s'offusqua pas d'entendre son ancien compagnon prendre " entrée plat fromage dessert ". Qu'il se venge.

- Tu ne veux pas un café aussi ? demanda-t-elle.

- Si, mais après.

- Très bien.

Le repas se passa dans le calme. Quelques propos futiles furent échangés par intermittence.

Au dessert, ils passèrent aux choses sérieuses.

- Pour la maison...

- J'aimerais vendre ma part, Sylv.

- Ça a le mérite d'être clair.

- Tu peux y vivre si tu le souhaites. C'est une très belle maison, ton coup de coeur. Tu mérites d'en profiter, Sylv. En plus, nous n'y avons pas vécu, ce n'est pas rempli de nos souvenirs.

- C'était notre choix, notre coup de cœur. Je ne veux pas y vivre sans toi...

- On la vend alors.

- J'ai un emploi du temps chargé actuellement. Je ne pourrais pas m'en occuper avant le début de l'année prochaine.

- On peut prendre une agence immobilière.

- Ah non, les agents prennent une grosse marge.

- Je dédommagerai toutes tes pertes, telles que les frais de notaire, les frais d'agence, l'intérêt de ton prêt, etc. Tout cela est arrivé à cause de moi.

- Jane...

- Réfléchis-y, Sylv. Tu as mes coordonnées. Tu as juste à m'envoyer un message et je préviens mon notaire. Le repas est pour moi. Bonne fin de journée.

***

Les enfants étaient captivés par le film projeté sur le mur. C'était l'un des films préférés de Jane dans sa jeunesse. Ils ont fait un vote et ils ont choisi ce film dans la quasi-unanimité. Le jeune protagoniste à l'écran ouvrit la tablette de chocolat et un ticket d'or apparut sous ses yeux. Les enfants s'esclaffèrent.

Jane sentit son téléphone vibré. Elle s'éclipsa discrètement de la salle obscure. Julia lui a partagé un lien vers une sauvegarde dans le cloud, ainsi que le code secret. Elle avait insisté sur " Photo n°225 ". Jane ne fut pas étonnée de tomber sur les photos de la soirée d'anniversaire. Cela ne l'intéressait pas de parcourir les photos d'inconnus. Elle tapa dans la barre de recherche le numéro de la photo. Lorsqu'elle apparaît, elle ne manqua pas de laisser tomber son téléphone. Elle s'en saisit hâtivement. L'écran était intact à son plus grand soulagement. Puis elle se recentra sur la photo.

Oh mon dieu... Elle ne savait pas si elle devait en être gênée ou en être fière. La photographie était magnifique, parfaite. Oui, parfaite, c'était le mot. On distinguait clairement la Tour Eiffel, ainsi que le coucher du Soleil resplendissant en arrière-plan. Deux personnes de dos, d'allure féminine, étaient sur l'avant du bateau. Leurs bras étaient enlacés. Leurs corps étaient si proches. Cela s'apparentait à un cliché de carte postale.

De nombreuses questions fusèrent dans l'esprit de Jane. Tout d'abord " Quand ", " Qui ", " Comment ". C'était impossible. Elles auraient entendu la personne arrivée.

Une notification d'un second message la sortit de ses torpeurs.

Julia : Dans le groupe de conversation, ils sont en train de chercher l'identité de la " protégée " de Lid.

C'était certainement de la provocation. Elle savait qu'elles étaient sur le pont à ce moment précis.

Jane : Je pense que tu as déjà la réponse.

Julia : Peut-être ;) Nous ne l'avons jamais vu aussi proche de quelqu'un.

Jane : Nous sommes juste amies.

Julia : Si vous le dites. Je ne sais pas à quel jeu vous jouez, Mademoiselle Christa.

Jane blêmit. Elle connaissait son secret.

L'Artéfacte [ En cours ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant