Chapitre 2

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15/07/21 --> Date de publication du chapitre

[ Je tiens à préciser que le prénom de la protagoniste " Jane " se prononce à l'anglaise et pas à la Jeanne d'Arc, même si c'est une personnalité historique dont j'admire la bravoure ]


Et si la vie commençait par la fin ?

- J'espère que vous serez satisfaite de la prestation de notre entreprise, déclare l'agent d'entretien.

- C'est très propre, merci.

- Est-ce que vous voulez que je vous fasse visiter ?

- Ce n'est pas nécessaire, je vous fais confiance.

- Bien, merci d'avoir fait appel à mes services. Vous avez mon numéro personnel, si vous avez besoin de quoi que ce soit.

- Merci, je saurais vous rappeler en temps voulu.

Jane lui glissa un petit billet en guise de pourboire. Brice et ses collègues ont nettoyé de fond en comble la demeure. Les photos avant le ménage n'ont pas été pas très glorieux. Tous les meubles ont été recouverts de draps blancs, de poussières et de toiles d'araignée. L'entreprise de Brice s'était chargée de tout mettre au propre, Jane n'avait qu'à déposer ses valises pour y vivre.

- Merci. À bientôt, Mademoiselle Vellon.

Il lui rendit les clefs. Jane attendit que la porte se referma derrière lui, avant d'abandonner son sourire. Les souvenirs d'enfance s'immisçaient dans son esprit, telle une tempête. La première fois qu'elle voyait la mer. " Jane. Pas si vite. Regarde devant toi, ma puce " disait son père. Regarder les étoiles sur la falaise avec ses parents. Aller au marché de Kirstein en vélo. Apprendre à pêcher et à être patiente. Tomber du kayak et pleurer. Tous ces souvenirs étaient comme hier.

Trop d'informations, trop de souffrance. Elle tomba les genoux à terre sur le parquet vieilli, les larmes perlées sur son visage pâle. Trop, c'était trop. Elle se pensait prête à affronter son passé, malgré la plaie béante. C'était beaucoup trop tôt pour elle de revenir là. La peine lui rongeait le cœur. Elle avait envie d'enlever ce dernier pour ne plus ressentir ces douleurs atroces.

" C'est la maison secondaire d'un très bon ami à papa. " avait dit son père.

" Je travaillerai beaucoup beaucoup pour nous l'acheter. " avait répondu Jane, encore qu'un enfant.

Quel mensonge ! C'était la maison de Papa, enfin à Jane depuis peu... Le rêve de la jeune femme s'est réalisé et s'est effondré en même temps.

Elle se recroquevilla sur le canapé en cuir. Elle échangerait sans hésiter tous les chiffres sur son compte, le manoir et l'entreprise contre quelques instants de plus avec ses parents. Elle leur en voulait de l'avoir laissée seule du jour au lendemain. Elle n'avait aucune idée comment surmonter cette épreuve.

***

Pendant un nombre indéfinissable de jours, Jane était cloîtrée dans une des chambres, celle qui était par le passé la chambre de ses parents. Tous les objets lui faisaient penser à eux.

Son mal de crâne était horrible. À chaque fois qu'elle se levait, elle avait l'impression que la maison tanguait. Elle se morfondait dans les souvenirs et ne faisait strictement rien de ses journées. Elle faisait défiler des chansons les unes plus tristes que les autres sur son enceinte radio.

Elle voulait mourir. Tellement. Tellement.

Mais les jours passaient et elle était toujours là dans cet état.

L'Artéfacte [ En cours ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant