✭ 𝕆𝕊 #𝟝 : « 𝔼𝕞𝕓𝕣𝕦𝕟𝕤 » ✭

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Encore une fois, cet OS est tout sauf joyeux. Désolée :') Les prochains le seront plus, normalement. Je vous promet même du fluff de chez fluff !

UA dans laquelle Tsukki est le capitaine d'un bateau et Yamaguchi un matelot de son équipage. 

Bonne lecture !

𝘚𝘩𝘪𝘱 : 𝘛𝘴𝘶𝘬𝘬𝘪𝘴𝘩𝘪𝘮𝘢 𝘒𝘦𝘪 𝘹 𝘠𝘢𝘮𝘢𝘨𝘶𝘤𝘩𝘪 𝘛𝘢𝘥𝘢𝘴𝘩𝘪 (𝘛𝘴𝘶𝘬𝘬𝘪𝘺𝘢𝘮𝘢)

── ☆ ──

L'immensité de l'océan s'étendait devant lui. Quel que soit l'endroit où se poser son regard n'y avait que ça. Le bleu des flots se confondait avec celui du ciel, les mouettes volaient autour de lui en criant, les poissons volants passaient à côté de la coque du bateau à toute vitesse ; la vie continuait son cours, comme si rien ne s'était passé.

Cela faisait plusieurs heures que Tsukkishima était accoudé au bastingage du bateau. Personne n'avait osé venir le déranger, même son second avait compris que le capitaine avait besoin d'être tranquille. Il l'avait donc remplacé, s'occupant de faire marcher cet instrument difficile qu'était la Rosalia. Il passait à intervalle fréquent voir s'il avait bougé, mais le constat restait le même : le capitaine n'avait pas bougé et ne comptait apparemment pas le faire.

Dans l'esprit de Tsukkishima, des pensées contraires s'entrechoquaient à toute vitesse. On aurait dit des météorites, filant dans le cosmos de son esprit, puis elles explosaient les unes contre les autres, provoquant une myriade d'étoiles filantes.

Ce fût lorsque le soleil commença à se coucher que Tanaka se décida à faire quelque chose. Il appela Shimizu et lui demanda de trouver Yamaguchi. Elle s'exécuta promptement et remua la Rosalia de fond en comble avant de trouver le matelot aux taches de rousseur dans la cuisine en train d'aider le vieux cuistot à faire à manger. Elle lui expliqua la situation et un éclair de culpabilité traversa les yeux bruns du matelot. Il s'excusa auprès du cuistot et suivit la femme du second jusqu'au poste de commande. Tanaka se tenait là, un air soucieux sur le visage.

« Yamaguchi, dit-il en se levant. Tu tombes bien. Je ne sais plus quoi faire, il n'a pas bougé de la journée. »

Le matelot baissa les yeux vers ses pieds et tritura le bas de son tee-shirt.

« Je peux essayer de le faire bouger, dit-il finalement de sa voix douce. Mais je ne garantis rien. »

Il ne voudra peut-être même pas m'écouter, pensa-t-il. Enfin, ça ne coûtait rien d'essayer.

Il sortit alors sur le pont et grimpa les escaliers qui menaient vers la proue. Tsukkishima se tenait là, lui tournant le dos. Yamaguchi déglutit et s'approcha à petit pas puis s'accouda à côté du capitaine, fixant l'horizon afin d'éviter son regard qu'il sentit se poser sur lui.

« Je me doutais que Ryu finirait par t'envoyer, dit Tsukkishima de son habituelle voix dénuée de toute émotion. »

Yamaguchi ne répondit rien, qu'aurait-il pu de dire de toute manière ? Il se contenta de garder obstinément son regard fixé sur le soleil couchant.

« Pourquoi es-tu venu si tu ne dis rien ? continuait le capitaine. Tu aurais mieux fait de rester à tes occupations, je suis sûr que tu as plein de choses à faire. »

Voyant que Yamaguchi ne comptait pas répondre, il soupira et remonta des lunettes sur son nez. Malgré tous ses efforts pour se convaincre du contraire, il aimait être là avec le matelot aux taches de rousseur, à contempler le coucher de soleil.

« Tu m'en veux ? »

La question posée par Yamaguchi flotta un instant dans l'air. Tsukkishima prit le temps de réfléchir avant de répondre. Même s'il avait passé sa journée ici il n'avait toujours pas réussi à mettre de l'ordre dans ses pensées.

« Je ne sais pas, finit-il par répondre. J'aimerais, mais je n'y arrive pas. »

Le silence les enveloppa de nouveau. Ils se complesaient dans le silence. Il était rassurant. Tant qu'aucun des deux ne parlait, leur relation ne bougeait pas. Malheureusement, ils savaient très bien tous les deux que la situation ne pouvait pas rester dans l'état où elle était.

« Yamaguchi, finit par murmurer Tsukkishima. Je préférerais qu'on s'arrête là. Demain, nous serons rentrés au port. Je ne pourrais pas te reprendre dans mon équipage, c'est trop difficile. »

Yamaguchi sentit les larmes perler au coin de ses yeux. Il savait bien pourtant que c'était la meilleure solution. C'était lui qui avait stoppé le blond hier. Il devait à présent en assumer les conséquences. Alors il acquiesça du bout des lèvres et refoula les sanglots qui lui brûlaient la gorge.

« Je suis désolé, Tsukki, dit-il doucement. J'aurais aimé que ça marche. Mais je n'ai pas le courage d'affronter les regards. Je suis un lâche, j'ai fini par l'accepter. »

À ces mots, Tsukkishima se redressa et posa ses mains sur les épaules de Yamaguchi. C'était la première fois que leurs regards se croisaient depuis que le matelot l'avait rejoint sur le pont. Ce fut une avalanche de sentiment qui déferla sur eux deux et Tsukkishima sentit son cœur se serrer douloureusement lorsqu'il vit les yeux humides du matelot.

« Je t'interdis de dire ça, Yamaguchi. Tu es tout sauf lâche. À chaque coup que tu prends, tu te relèves, et Dieu sait que tu en as pris des coups. N'importe qui se serait effondré depuis longtemps à ta place. »

Yamaguchi baissa les yeux vers ses pieds et Tsukkishima se recula, conscient qu'il avait peut-être été trop véhément dans ses propos.

« Merci Tsukki, mais ce ne change rien au fait que je préfère fuir plutôt que d'assumer mon amour pour toi. »

Quelque chose se brisa au fond du cœur du capitaine. C'était une chose de le savoir, s'en était une autre d'entendre Yamaguchi le dire.

« C'est trop con, murmura le blond. »

Seuls les derniers grammes de bon sens qui lui restait l'empêcher de sortir une connerie. Ils auraient pu partir, loin. Dans un endroit où personne n'aurait pu les faire chier. Ils auraient été tranquilles, ils auraient pu vivre heureux.

« Sache juste que je ne regrette rien, finit-il par dire. »

Puis il fit volte-face et descendit les escaliers pour retourner au poste de commande. Tanaka et Kiyoko le regardèrent en silence s'installer comme à son habitude sur son fauteuil et sortir du placard trois verres et du rhum.

« Demain on devra chercher un autre matelot, dit-il calmement en versant la boisson ambrée dans les verres. »

Le couple s'assit de part et d'autre du capitaine et Shimizu lui serra doucement l'épaule.

« Je suis désolé, Kei. J'aurais aimé que ça marche, murmura-t-elle.

- Moi aussi... »

Il prit une gorgée d'alcool et refoula ses larmes au plus profond de lui.

Dehors, Yamaguchi regardait le soleil disparaître à l'horizon, ses joues pleines d'eau aussi salé que l'océan.

Fly High // HaikyuuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant