Chapitre 6

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Blake marcha sans but, sur cette longue et unique route qui traversait Alvia. Il se calma après quelques instants. Le silence qui régnait dans la ville et la nature qui l'entourait l'aida à s'apaiser. Alors qu'il marmonnait tout en marchant, il tomba à nouveau sur le petit chemin qui l'amena au domaine. C'est ce qu'il lui fallait et, sans véritablement réfléchir, il décida que, ce soir, il allait s'y introduire. Il ne savait pas si la demeure était déjà habitée, mais il était presque certain que non. Il s'enfonça alors dans cet étroit chemin de campagne. Bien qu'elles ne fussent pas très nombreuses sur la route principale, les lumièresdisparurent peu à peu. Il s'aventura vers ce grand portail qu'il arrivait à peine à apercevoir tellement il faisait sombre. Il n'avait rien pour s'éclairer, mais ne semblait pas avoir peur. Plein de rage et de détermination, il ne se posa pas la question de savoir si pénétrer dans cet endroit pouvait être dangereux. Il voulait être seul pour pouvoir réfléchir, tout en évitant que ses parents puissent le trouver.

Blake s'approcha au plus près du portail pour tenter de découvrir une sorte de clé qui lui permettrait de le franchir. Par chance, il était déjà ouvert. Lorsque Blake entra, le domaine était illuminé par des centaines de lampadaires. Il ne comprenait pas pourquoi il n'avait pas remarqué ces lumières depuis l'autre côté. Il était passé d'un petit chemin sombre à un bien plus clair et sécurisé ; toute sa haine s'évapora peu à peu. Ce lieu avait l'air incroyable et il lui apportait des effets positifs.

Blake contempla le domaine et s'éloigna de plus en plus du portail pour démasquer ce que celui-ci cachait. Il était attiré comme un aimant par cet endroit, mais l'émerveillement fut de courte durée. Quelques minutes après son entrée, Blake se sentit mal. Sa tête tournait et sa vision se voilait. Il n'apercevait plus grand-chose, seulement des formes très lointaines. Étrangement, il avançait vers le palais, sans être apeuré par ce qu'il était en train de vivre ni inquiet pour sa santé. Il était comme guidé par le domaine. Au moment où sa vue disparut peu à peu, il perdit le contrôle de son corps, se laissant conduire. Il se balada dans ce domaine et en explora les moindres recoins. Il ne percevait plus par ses yeux, mais grâce au toucher et à son odorat. Que lui était-il arrivé ? Pourquoi était-il possédé par cet endroit qui le séduisait tant ? 

Les heures défilaient et Blake continua à marcher et à s'imprégner de celui-ci. Il ne savait ce qu'il lui arrivait, il n'en avait même pas conscience et cela faisait plusieurs heures qu'il errait. Il était certain que ses parents s'inquiétaient, surtout Elena.

— Crois-tu qu'il va rentrer ? demanda Elena.

— Je ne sais pas...

— Je me fais beaucoup de soucis !

— Ça fait à peine trois heures qu'il est parti. Il faut que tu acceptes l'idée que ce n'est plus un enfant, c'est une crise d'adolescence comme les autres, il reviendra lorsqu'il aura froid ou faim.

— Je suis au courant... Passe-moi ma tablette, ça m'aidera à ne plus y penser.

Lorsque Elena prit la tablette, il était minuit et cette heure attira bizarrement son attention. Tout à coup, la date fut comme un déclic pour elle.

— Oh, mon Dieu ! Eden, je viens d'en saisir le sens ! J'ai compris pourquoi Blake n'est pas rentré.

— Pourquoi ?

— Nous sommes à trois semaines de ses dix-huit ans !

— Et ? Je ne vois pas !

— Tu oublies vraiment tout ! C'est à partir de ces fameuses trois semaines que le processus s'enclenche. Il doit être là-bas. Elle nous avait prévenus que ça arriverait. S'il reste toute la nuit au domaine, c'est qu'il sera choisi. Je ne veux pas que ce soit lui, j'ai l'impression que c'est toujours un enfant, mon bébé !

Elena se blottit contre Eden, et fondit en larmes.

— Non, si c'est lui, c'est qu'il est prêt. Tu sais très bien que personne ne décide vraiment et que tout se déroule d'une façon naturelle. Allons nous coucher, il demeure en sécurité là où il est.

— Aucunement, je vais attendre un peu. J'espère du plus profond de mon cœur qu'il ne sera pas pris.

— Désires-tu que je te tienne compagnie ?

— Ne t'inquiète pas, merci Eden. Monte, je sais que tu es fatigué.

— Bonne nuit.

Eden embrassa sa femme sur le front et monta dormir. Elena s'assit sur le canapé face à la cheminée. Elle pleurait et souhaitait que Blake puisse rentrer avant le lever du soleil, ce qui signifierait qu'il n'avait pas été élu. Alors que sa mère priait pour qu'il ne soit pas l'enfant choisi, Blake poursuivait son exploration du domaine et il n'était pas près de s'arrêter.

Il était environ sept heures du matin quand Blake se réveilla. Malheureusement pour Elena, il avait bien passé la nuit au domaine. Il avait froid et il était sale, ses chaussures et le bas de son pantalon étaient couverts de boue. Ce fut un réveil très dur pour Blake. Il était épuisé et ne semblait plus se souvenir de ce qu'il s'était produit durant la nuit. Il tentait de se remémorer ce qui était arrivé la veille au soir, mais c'était le trou noir complet. La dernière chose dont il se souvenait, c'était d'être entré dans le parc après avoir aperçu le portail ouvert. Il était complètement courbaturé, avait du mal à se lever, et semblait dépourvu de toute énergie. Malgré ce réveil assez étrange, il n'éprouvait toujours pas de sentiments de peur ou d'angoisse à propos de cet endroit. Lorsqu'il réussit à se maintenir debout, il vit près de lui une fille allongée par terre. Blake resta surpris sur le moment et se demanda comment elle avait pu arriver là. Il ne l'avait jamais remarquée auparavant à Alvia. Il se précipita vers elle, pour lui venir en aide, tout en se demandant s'il lui était arrivé la même chose et si elle se souvenait de cette nuit. Il la secoua délicatement pour qu'elle se réveille.

— Comment te sens-tu ?

— Ça va, euh, merci... dit la jeune fille, après quelques secondes et d'une voix très douce.

— Comment es-tu parvenue ici ?

— Quoi ? Où suis-je ?

Elle n'avait pas l'air de posséder la moindre information à propos de la veille.

— Habites-tu dans cette maison ? reprit Blake.

— Non, je ne connais même pas cet endroit ! Sommes-nous toujours à Alvia ?

— Oui, oui ! Nous sommes dans une propriété qui se trouve à Alvia. Comment es-tu arrivée là ? Je ne comprends pas !

— Je me suis retrouvée dans ce domaine par hasard. Je finissais mon footing, je me rappelle avoir entendu des bruits et aperçu des lumières, alors je suis venue voir. Lorsque j'ai mis un pied dans ce parc, cela a été le trou noir.

— Il m'est arrivé la même chose ; j'avais connaissance de ce lieu, je l'avais découvert hier après-midi, mais je n'y étais jamais entré.

— Écoute, je suis ravie de t'avoir rencontré, mais je suis épuisée. Mes parents sont sûrement morts d'inquiétude, je vais rentrer.

La jeune fille essaya de se lever, sans grand succès. Elle n'arrivait plus à tenir sur ses jambes.

— Attends, je vais t'aider !

Blake prit sa main et la tira vers lui pour qu'elle se relève.

— Euh... Merci beaucoup, salut.

La mystérieuse adolescente, gênée par cette situation, semblait plus affectée par ce réveil.

Blake la regarda partir. Le temps qu'il reprenne ses esprits, il supposa qu'il n'allait pas la revoir. Elle n'était pas d'ici et il ne connaissait pas son prénom. Cette adolescente l'avait troublé par son charme, ses longs cheveux bruns et son visage angélique. Après quelques minutes pour se remettre les idées en place, il décida de rentrer chez lui.


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