Septième Roue

YOONGI

Je soupirai à nouveau en faisant tourner ma chaise. En contrebas brillaient les lumières de Paris, déjà effervescente. Normalement, j'aurais été en train d'arpenter ses rues sans regarder les noms des intersections, probablement avec un de mes membres à mes côtés, mais ce soir, j'attendais un événement important.

Je fusillai mon téléphone des yeux, l'encourageant à sonner.

J'étais parti en tournée il y avait quelques semaines déjà, ce qui m'avait autant attristé que rempli de bonheur. Pour une fois, j'avais quelqu'un qui m'attendait à Séoul. Je dois avouer que les tournées ont souvent été synonymes de coup d'un soir dans des villes anonymes, mais malgré la solitude que je vivais présentement, je n'aurais échangé ma place pour rien au monde. Je savais que Mark pensait à moi et que je lui manquais tout autant, et cette certitude me réchauffait bien plus que des corps sans noms.

Cela dit, qu'est-ce qu'il me manquait!

Juste pour en rajouter une couche, mon petit ami était lui aussi parti en tournée depuis une poignée de jour, ce qui rendait nos appels encore plus difficiles à cause du décalage horaire.

L'écran s'éclaira soudainement, affichant le nom que j'attendais tant.

Je décrochai immédiatement, et le visage de Mark apparut dans l'appareil. Il sourit jusqu'aux oreilles en me voyant. Derrière lui brillait le soleil de midi, ce qui prouvait l'énorme distance qui nous séparait.

«Hey, baby», dit-il doucement.

Je me sentis rougir tandis que je fronçai les sourcils.

«Arrête d'utiliser de l'anglais avec moi, je sais que tu es bilingue, pas besoin de me le prouver à chaque fois»

Au lieu de s'offusquer, il sembla s'attendrir suite à mes protestations.

«Ahh, quel mauvais menteur, Yoongi, je sais que tu adores ça», répliqua-t-il avec un petit rire.

Je plissai le nez et changeai rapidement de sujet avant qu'il ne me taquine encore plus. Je lui parlai de la sensation fantastique qu'est de chanter avec mes fans sur scène. Il me dit que tout était pareil pour lui, avant de me demander comment je gardais le moral après ces moments épiques. Nous parlâmes sans fin, comblant le manque de touchés avec des mots doux. Sa voix était le flot constant et rassurant d'une rivière, et je me laissais être emporté avec plaisir.

«Enfin», souffla-t-il. «Tu me manques terriblement»

Je lui souris tristement.

«Je sais, moi aussi, mon amour», murmurai-je.

«Imagine si on pouvait être sur la même scène», continua-t-il, le regard rêveur. «Montrer au monde que tu m'appartiens»

Cette idée semblait délicieuse, mais elle restait un rêve. Je ne dis rien, pour ne pas le blesser, en me demandant intérieurement si c'était possible. Bien sur, les relations des idols s'étaient multipliées au cours des dernières années, cependant, les couples hétérosexuels créaient déjà des scandales, alors je n'osai pas imaginer pour un couple homosexuel. Il y avait une raison pour laquelle les membres de mon groupe s'étaient tu sur leurs relations depuis des années.

Je m'étirai en jetant un œil à l'horloge.

«Je devrais aller dormir, Mark», dis-je en faisant la moue

Il soupira en ébouriffant ses cheveux. Je mis sur le compte des dernières semaines sans contact quelconque de sa part la bouffée de chaleur qui m'envahit suite à son geste.

«Je sais, je dois bientôt commencer à pratiquer pour le concert de ce soir», dit-il.

Il cligna plusieurs fois des yeux, contemplateur. Je ne cillai pas sous son regard, toutefois je sentais mes oreilles brûler.

«Oui?»

«C'est de la torture de te voir sans pouvoir te toucher, baby. Je voudrais tellement mettre mes mains sur ton corps, ou encore mieux, ma bouche», chuchota-t-il en se léchant les lèvres.

Je me pinçai les lèvres en essayant de contrôler la chaleur qui montait dans mon corps.

«Mark», chignai-je.

«Mhm, j'adore quand tu gémis mon prénom-»

«Mark!»

Il rit fortement.

«J'arrête, j'arrête. Je te souhaite de beaux rêves, my love. Je t'aime»

Je fondis littéralement, comme à chaque fois qu'il prononçait ces mots.

«Je t'aime aussi», dis-je en lui soufflant un baiser.

Je me perdis dans ses yeux quelques secondes avant de raccrocher, car j'avais peur de ne jamais pouvoir le faire. J'allai me coucher avec des images de Mark me tenant la main dans les rues de Paris. Ce n'était qu'un rêve stupide, mais je m'accordai cette désillusion.

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Déjà prête à pleurer quand cette histoire va se terminer-