Septième Roue

MARK

L’automobile s’immobilisa enfin dans le stationnement brûlant sous le soleil. Je ravalais un haut-le-cœur nerveux en regardant l’aéroport. Il était trop tard pour des remords. 
Je remontais les lunettes de soleil sur mon nez en posant le pied sur le bitume. Je n’étais même pas entré dans l'aéroport que des dizaines de personnes m’attendaient dans les portes: des journalistes, des fans, des caméras, des inconnus intrigués. Je pris une inspiration, me préparant à faire des faux sourires, et sortit de mon véhicule. 

Je n’avais pas fait deux pas que des cris dans mon dos attirèrent mon attention. 

Je fis volte-face, paniqué à l’idée de me retrouver face à des groupies folles, avant de remarquer l’agitation générale autour de moi. Certains sortirent leur téléphone juste comme une voiture vaguement familière arrivait en trombe dans le parking de l’aéroport. Le véhicule s’immobilisa avec un cri perçant des pneus, puis retentit le claquement vigoureux d’une porte. Des flashs crépitèrent et des voix s’élevèrent, mais je ne les entendis presque pas, figé sur le conducteur.

Yoongi se tenait à quelques mètres de moi, les yeux et le nez rouges, la poitrine bougeant rapidement. Il avait simplement un t-shirt gris et des pantalons noirs, clairement moins bien léché que d’habitude. Ses cheveux ébouriffés et ses cernes m’indiquaient son pauvre état physique. Il avança de quelques pas, son auto toujours démarrée derrière lui. Je me demandais brièvement si je ne rêvais pas. Peut-être qu’à force de m’imaginer toutes sortes de scénarios, mon cerveau avait fini par créer des hallucinations pour faire taire mon cœur brisé.

«Est-ce que t’es content, maintenant?», me hurla-t-il, me sortant de ma transe.

Je n’avais même pas à balbutier quelques mots confus avant qu’il continue

«Tu me mets dans tel état, Mark… Je… Je ne sais même pas ce que je fais ici! J’en avais marre de me détester et de me morfondre, du coup, je me suis dit, qu’est-ce qui serait la chose la plus honnête et stupide à faire… Quelque que chose qui donnerait une putain de bonne nourriture à mes anxiétés? Venir te voir. Déclarer devant tous ces gens», cria-t-il en faisant un geste à l’assemblée. «Déclarer devant tout le monde que, que… Fuck!»

Il baissa la tête, agrippant ses cheveux. Je ne savais pas quoi penser, mais je souffrais de le voir souffrir aussi. Je paniquai en me remémorant la foule grandissante dans mon dos, voulant soudainement le protéger de cette marée immense. Dans mon cerveau repassa toutes les fois où il m’avouait être terrifié par les foules. Au diable mon attitude puérile. Yoongi avait enfin fait un pas vers moi, je devais le lui rendre.

«Yoongi, attends-», dis-je en s'avançant.

«Non!», s’exclama-t-il, les yeux débordant de larmes. «Si j’attends, tous mes démons vont me rattraper, et je n’aurais jamais l’occasion d’être honnête, Mark…»

Sa voix tremblait, sa respiration était haletante, et pourtant, je vis dans ses yeux une détermination inébranlable, bien que propulsée par de la frustration confuse. Je déglutis dans l’espoir d’humidifier ma gorge sèche. 

« Je suis si désolé, Mark, je ne veux pas que tu crois que je priorise mes peurs par-dessus toi… Elles ont été mes plus vieilles camarades, mon plus grand vice caché, j’ai le mauvais réflexe de les écouter en premier. Je n’ai jamais eu le courage de les mettre de côté, jusqu'à ce que tu arrives», dit-il, les yeux sincères et vulnérables. «Aujourd’hui, j’ai réalisé que mes terreurs te faisaient fuir, et je ne peux accepter ça. Peut-être que c’est égoïste de ma part, de vouloir te garder près de moi, car je sais qu’elles reviendront. Je succomberai à nouveau, et le cycle se perpétuera»

Il renifla, dans un futile espoir de retenir ses larmes. Ses bras tombèrent le long de son corps, et le silence se fit. J’étais conscient de la foule derrière moi, des caméras, des yeux curieux et inquisiteurs, mais comme eux, j’étais pendu aux lèvres de Yoongi.

« Je ne peux me permettre de te laisser hors de ma vie parce que j’ai besoin de toi! Je veux tout ce que tu veux, Mark, je te le promets, je suis désolé… Tu seras à jamais le soleil qui m’apportera de la chaleur, tu peux avoir tout ce que tu veux… J’espère encore que tu aies besoin de moi. Je t’aime, Mark, et j’ai tellement, tellement froid », finit-il par dire avant d’éclater en sanglots.

Les larmes furent les gouttes qui firent déborder le vase. 

Je réagis instantanément, parcourant les quelques mètres qui nous séparaient. Je pouvais réfléchir plus tard, car en ce moment, mon amour avait besoin de moi. Nous avions fini d’agir stupidement. Mes propres larmes tombèrent tandis que je le pris enfin dans mes bras. Il continua de pleurer, évacuant toutes les émotions qu’il avait endurées ces derniers temps. Je le serrai plus fort contre moi, heureux qu’il m’ait dit la vérité, fier de son courage, ému par la situation, totalement amoureux de lui. Il se blottit dans mes bras, se calmant peu à peu. Je ne savais pas quoi dire, sous le choc de son acte de bravoure. J’espérais seulement que mon corps lui transmettait tous les mots que je n'arrivais pas à dire.

Il fallait que je lui rende la pareille.

Alors, devant le monde entier, j’eu la fierté inébranlable de l’embrasser avec tout l’amour de mon corps.

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L'épilogue heureuse s'en vient :)