Chapitre 10 : Adam

237 28 9
                                    

Les premiers rayons du soleil m'aveuglent. Ils me ramènent à la réalité. Mes recherches nocturnes m'ont totalement déconnecté de la notion du temps.

Je regarde le ciel, assis à l'endroit où j'avais laissé Carla. J'ai fini par revenir ici, espérant naïvement qu'elle reviendrait sur ses pas. A l'heure qu'il est j'espère qu'elle va bien. Inconsciemment, je sais bien que non. Elle a sûrement dû se faire enlever par je ne sais qui. Il en faut peu pour les mexicains de seconde zone pour choisir d'enlever une aussi belle femme qu'elle. Ce sont des porcs, comme n'importe quel homme bourré de cette foutue planète d'ailleurs.

Je décide de me lever et d'entrer dans ma voiture. Une fois installé, je ne démarre pas tout de suite. Je me rends soudainement compte que je n'avais pas réfléchi à la suite des événements. J'étais tellement obnubilé à retrouver Carla que je n'ai pas pensé à l'hypothèse dans laquelle je ne la retrouverais pas et que je devrais expliquer ce qu'il s'est passé aux autres. Ou plutôt ce que j'ai fait.

Avant d'entamer le trajet du retour, je pensais prendre le temps de la route pour réfléchir à un moyen d'annoncer la disparition de Carla. Rien ne m'est venu. Je n'arrive pas à penser clairement. Je vais leur dire la vérité. Je ne passerais pas par quatre chemins. Nous nous faisons tous confiance. Si je trahis cela, le cartel n'aura plus aucun sens. Il faut que j'assume ce que j'ai fait. Je suis un homme, pas un lâche. Un chef de gang ne doit pas se laisser aller. Pourtant, je n'arrive pas à me remettre de cette erreur. Je tiens à mes membres comme s'ils étaient ma famille. Je suis trop attaché à eux. Il faut que je me détache, sinon je vais courir à ma perte et à la leurs. Fait taire tes émotions Adam. Non, je m'appelle Juan.

J'arrive enfin à notre planque. La zone industrielle dans laquelle elle se trouve est toujours aussi calme. Il faut dire qu'elle est abandonnée depuis maintenant plusieurs années. La guerre de gangs adverses qui a eu lieu ici a tout ravagé. Les seules entreprises implantées dans cette zone n'avaient pas les moyens de réparer les dommages subis.

Je me gare derrière notre bâtiment sans fenêtres. Je peux toujours me faufiler en utilisant l'une d'elles pour éviter de croiser un membre. Je souris à cette éventualité. Elle est impensable pour quelqu'un comme moi.

J'entre. Il n'y a pas grand monde dans la pièce d'entrée à part deux hommes qui sont en train de jouer aux cartes, une clope au bec. Ils se retournent au moment où je m'approche d'eux. Vico se lève puis il marche dans ma direction. Je vois dans ses yeux qu'il est content que je sois revenu. Après m'avoir détaillé, il regarde derrière moi. Il commence à froncer les sourcils quand il comprend que je suis seul.

-        Où est Carla ?

-        Appelle les autres, me contentais-je de lui répondre.

Mon homme de main s'exécute. Il monte à l'étage pour ramener les autres membres.

-        Ils ne sont pas tous là, reprend-il. Tu veux qu'on les attende ?

-        Ce ne sera pas nécessaire.

Ricardo descend en dernier. Il ne met pas longtemps à comprendre la situation. Il reste cependant silencieux. J'aurais clairement préféré qu'il ose me gueuler dessus, mais non. Il ne l'aimait sans doute pas tant que ça.

Les membres se rassemblent dans la pièce que nous considérons comme notre salon. Je prends une chaise pour y poser un pied puis je m'appuie sur ma jambe.

-        J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. Nous avons réussi à trouver l'adresse où aura lieu la prochaine vente d'armes.

J'aperçois certains de mes hommes qui tendent le poing pour le serrer, comme s'ils disaient « yes ! ». D'autres restent de marbres, devinant la prochaine nouvelle. Ricardo, Vico et Deck en font partis.

Between you two [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant