Chapitre 27 : Gabrielle

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- Dereck n'était pas le seul à être dans le coup.

La voix de Carla m'a extirpé depuis un petit moment de mon sommeil, ou plutôt de ma somnolence. Cela fait un moment que je n'ai pas pu réellement m'endormir profondément. Je le ressens avec la fatigue. Je lutte contre elle depuis plusieurs jours et jusqu'ici, j'ai réussi à la combattre. Je sais que ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle ne me rattrape. Être poursuivie par la fatigue est tout de même moins effrayant que les hommes de ce pays infâme. Je rêve de rentrer enfin en France aux côtés de mon homme. Oh j'oubliais, je ne peux plus rêver ces temps-ci.

Cela fait un moment que j'entends Carla et Vico discuter en bas, suivi d'un petit brouhaha d'autres discussions beaucoup moins passionnantes venant des autres membres du cartel. J'ai la désagréable impression qu'ils se moquent que leur chef ait disparu. Adam ne croit pas si bien dire en les appelant « sa nouvelle famille ». Je suis rassurée de savoir qu'il était tout de même bien entouré. Par là je parle bien sûr de Vico et de Carla. Je ne la porte pas spécialement dans mon cœur mais il faut être réaliste, elle tient à lui et ne veut que son bien.

Je me suis rapprochée de la porte entrouverte pour suivre leur discussion jusqu'à ce que j'entende cette fameuse phrase de la bouche de l'amie d'Adam. Je suis restée interloquée. Y aurait-il une autre personne qui a trahit son chef ? Mais pourquoi ils veulent lui faire du mal ? De ce que j'ai compris, Adam les a bien mener et est juste envers eux contrairement à d'autres cartels où la violence règnent. Je me dis que certains hommes naissent tout simplement mauvais. Ils veulent faire du mal aux plus méritants par pur jalousie. J'avoue ne pas comprendre ce type de comportement. Je suis loin d'être parfaite me concernant, mais je sais faire la différence entre le bien et le mal. Le sentiment de culpabilité envers Edward m'a poursuivi très longtemps. Elle a été ma punition mais il nous rend à la fois plus humain. Les monstres ne la ressente plus.

- Ah oui ? Et je peux savoir de qui tu parles ? demande Vico.

Mon attention se reporte sur eux.

- Tu n'as pas eu l'impression que l'un d'entre nous n'est pas revenu depuis un certain temps ?

J'entends un long silence avant que l'ami d'Adam ne réagisse par un bruit d'étonnement.

- Ricardo !

- Exactement.

Vico fait les cents pas. Il décapsule une bière entre deux. Je sens mes lèvre former un rictus. Toujours à chercher une solution qui n'est pas la bonne.

- Non, c'est impossible ! Il est comme son frère il n'aurait jamais fait ça ! Quel serait son mobile dans ce cas ?

- Moi.

Sa réponse m'énerve. Elle croit être le centre du monde dans cette affaire ou quoi ? Oui t'es jolie et alors ? C'est pas pour ça que tout le monde t'aime et que tes amis seraient prêt à tuer pour toi ! La jalousie Gabrielle, la jalousie...

- Ne soit pas prétentieuse.

Et bim ! Merci Vico.

- Je ne le suis pas. Réfléchis. Tout le monde sait que Ricardo en pince pour moi. Regarde sa réaction quand Juan ne m'avait pas retrouvé. Je sais qu'il l'a fait par pur jalousie.

Tiens, j'en parlais justement.

- Et comment tu peux en être aussi sûre ?

- Parce qu'il me l'a dit.

Je reste bouche-bée. Pourquoi elle ne l'a pas dit avant ? Je n'entends plus Vico. Il doit avoir eu la même réaction que moi.

- Tu ne me crois pas ? reprend Carla.

- Si. Je sais pertinemment que tu n'es pas une menteuse. Je suis juste en train de digérer la nouvelle. Dorénavant je ne ferais plus confiance à personne. Je me sens trahi moi aussi, même si ce n'est pas moi qui a été enlevé.

- Je m'en rends bien compte. J'ai eu le même sentiment quand Ricardo m'a tout raconté.

- Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? Qu'est-ce qu'il a fait ?

Carla souffle un bon coup avant de répondre. Je l'entends décapsuler une bière à son tour.

- Il est réapparu le soir de l'enlèvement de Juan. Il m'a demandé de le rejoindre dehors pour parler. Il avait l'air essoufflé et paniqué. De ce que j'ai compris, il était au début dans le coup avec Dereck. Chacun avait apparemment ses raisons de détester Juan. La sienne n'est pas difficile à trouver. Il m'a ensuite fait une belle déclaration d'amour en me disant qu'il regrettait et qu'il avait été aveuglé par ses sentiments. J'étais dégoûtée par son comportement. Je lui avais dit de ne plus jamais revenir ici et qu'il pouvait aller se faire voir pour qu'il se passe quoi que ce soit entre nous.

- Qu'est-ce qu'il l'a fait changer d'avis ?

- Voir Juan ligoter. Ça lui a fait un déclic. Lui ne l'a pas vu. Ricardo n'a pas osé se montrer et s'est enfui.

- Toujours aussi lâche.

- Exactement. Néanmoins il m'a appris une chose.

- Laquelle ?

- Où Juan est enfermé.

A la suite des mots de Carla, je ne réfléchis plus et j'ouvre la porte avec fracas.

- Où est-il ?! Il faut qu'on y aille maintenant !

Carla me regarde avec un petit sourire en coin.

- Notre petite souris a fini d'écouter aux portes. Pas besoin d'autres explications alors. Ne perdons plus de temps, allons-y.

- Je viens avec vous !

Une autre porte s'ouvre à côté de la mienne. Décidément, cette petite me ressemble de plus en plus.

- Non Vicky, répond Vico, c'est trop dangereux.

- Mais...

- Elle vient.

Je soutiens le regard de l'ami d'Adam.

- Tu nous fais confiance au moins à nous ? lui demandais-je toujours en continuant de soutenir son regard.

- Ce n'est pas la question, finit-il par me répondre.

- Je veillerais sur elle.

Je me retourne et aperçois Zed sur le palier. Contrairement à Vicky, je ne sais pas d'où il vient ni depuis combien de temps il est là.

- Bon d'accord, finit par céder Vico. Mais vous faîtes gaffe et tout le monde suit mes directives est-ce que c'est clair ?

- Oui, répondons-nous tous en cœur.

- Alors allons-y, se lève Carla, allons sauver Juan.

Adam, nous allons sauver Adam

Between you two [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant