Chapitre 30

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Je m'étais réfugiée dans ma voiture.

Je souffla un bon coup.

Ça y est...

Ma soeur savait enfin la vérité...

Le voyage à Paris m'avait permis de réfléchir sur beaucoup de choses, et cela avait été une véritable prise de conscience sur un point : je devais en terminer une fois pour toute avec mon passé.

J'avais pris la résolution de tout dire à ma sœur à mon retour.

Finalement ça m'avait pris trois semaines...

Trois semaines où j'ai appris que mon père ne voulait absolument pas me revoir.

Il avait fait comprendre à ma tante de ne plus chercher à rentrer en contact avec lui me concernant.

Il était temps que je ne porte plus ce poids sur mes épaules.

Il était temps pour moi d'aller définitivement de l'avant, quelles qu'en soient les conséquences.

Je la trouve tellement injuste!!

Cette sœur qui m'insultait et me piétinait comme par le passé...

Cette sœur qui ne me considérait pas et n'avait aucun sentiment face aux mauvais traitements que m'infligeait ce tortionnaire...

Je ne voulais plus dire "père"...

Comment pourrais-je encore dire "mon père" alors que celui-ci avait été clair...

Il ne voulait pas et n'avait jamais voulu de moi...

Il a même écrit des lettres pour celle qu'il considérait comme sa seule et unique fille.

Je n'arrive pas à mettre de mots sur ce que je ressens.

Est ce que c'est déja arrivé à quelqu'un?

Il y a plein d'histoires d'enfant non désirées...

Déjà qu'on nous le dise, c'est dur...

On n'a pas à savoir ce genre de détail...

Mais ces enfants ont quand même trouvé une place et reçoivent de l'amour de leur famille...

Mon père n'a jamais eu de gestes affectueux à mon égard...

Il s'occupait de moi comme d'une charge qu'on lui avait confié.

J'ai essayé à maintes reprises d'en parler avec ma mère...

Elle avait toujours esquivé le sujet et me demandait simplement de me contenter de ce que j'avais.

J'ai grandi avec ça...

Toute ma vie, j'avais fait ce qu'on attendait de moi.

Je donnais tout pour satisfaire les besoins des autres.

Je n'ai même pas de souvenirs heureux de mon enfance.

Je me cachais durant mon adolescence, pour éviter qu'on me pose trop de questions, avant ce terrible accident...

J'avais alors dû trimer en endossant de nouvelles responsabilités que je n'avais pas demandées.

Toute ma vie, je l'avais planifié pour répondre aux besoins et aux exigences des autres.

Et moi...?

Alors comme ça, je n'ai pas de cœur?

Je suis un robot?

Je n'ai aucune sensibilité??? (rires nerveux)

Je trouve ça tellement trop facile de toujours me jeter la pierre.

NOUS NE FORMERONS QU'UNOù les histoires vivent. Découvrez maintenant