Une maison pour les fées

La broche

Virginia repensa à cette histoire toute la nuit et prit une décision: même si cette broche était très jolie, elle n'avait pas le droit de la garder. Il fallait qu'elle la rende à Rose Sauvage à tout prix

Le lendemain, quand les garçons furent partis à l'aventure, elle attendit un moment puis se glissa dans un tronc d'arbre et passa la tête dehors. Elle vit un paysage familier: des arbres et de l'herbe. Elle savait qu'il y avait une clairière un peu plus loin, un chemin, et c'était tout. Elle n'était jamais allée plus loin.

Des fées jouaient à quelques pas. Elle les avisa et s'écria:

- Hé! Vous savez de quel côté se trouve le camp indien?

L'une des fées lui tira la langue. Virginia la trouva bien impolie mais décida de ne pas se décourager. Elle descendit dans la maison, prit une poignée de noisettes dans le garde-manger et sortit. Les fées, qui ne l'avaient jamais vue de près, reculèrent toutes sauf une, toute blanche.

- Tu aimes les noisettes? demanda Virginia en lui tendant la main.

La fée acquiesça et s'approcha.

- Elles sont toutes à toi si tu me dis où je peux trouver la princesse Rose Sauvage. J'ai quelque chose qui lui appartient!

La fée s'approcha, s'empara d'une noisette et partit à toute vitesse, imitée par les autres fées. Virginia soupira d'exaspération. Personne n'allait l'aider.

Elle redescendit et se mit à fouiller à la recherche d'une carte. Elle ne trouva rien. Cependant, au bout d'un moment, une voix la fit tressaillir:

- Maman de Peter Pan!

C'était Rose Sauvage! Fébrile, Virginia remonta dans le tronc d'arbre et se trouva face à la princesse indienne, superbe avec sa chevelure noir corbeau et l'arc qu'elle portait par dessus son épaule.

- Maman de Peter Pan! La fée Cerise m'a dit que tu as quelque chose qui m'appartient!

- Oui! bredouilla Virginia. C'est ta broche?

Elle la lui tendit. Les yeux de Rose s'arrondirent de joie.

- C'est elle! Merci, maman de Peter Pan! Grâce à toi, je l'ai à nouveau!

- Il n'y a pas de quoi, répondit Virginia, émue.

- J'aimerais te donner une récompense. Que te conviendrait-il?

Virginia rougit un peu.

- Eh bien... Il y a quelque chose qui me ferait plaisir mais je crois que les garçons ne seraient pas d'accord.

- Tu n'as pas à leur demander leur avis!

Une telle façon de penser choquait un peu la petite Anglaise. On aurait vraiment dit que Rose Sauvage avait l'habitude de n'obéir à personne! Mais en même temps, il y avait quelque chose de rafraîchissant dans son attitude.

- Eh bien, j'aimerais beaucoup visiter l'île, avoua-t-elle.

- Avec joie, maman de Peter Pan!

- Je m'appelle Virginia.