Comment s'évader

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Une petite fée bleue se tenait juste au dessus de sa tête. Virginia la reconnut: c'était Cresca, celle avec qui elle avait parlé un peu plus tôt.

- Salut... murmura-t-elle.

- Salut, répondit la fée.

- Laisse-moi deviner: le capitaine est mort et les pirates veulent me tuer?

- Le capitaine a survécu à son amputation. La mauvaise nouvelle, c'est que les pirates veulent te garder comme esclave.

Virginia se cacha la tête dans les mains. Elle ne pouvait pas imaginer pire.

- Qu'est-ce que je vais devenir, moi...

- Enfin! s'écria Cresca. C'est simple! Tu ne vas pas rester ici. Je vais t'apporter la clef de la cale.

- Et ensuite? Comment je fais pour rentrer à terre ?

La fée se faufila par une ouverture sans répondre et revint avec la clef. Virginia la prit dans ses mains tremblantes, parvint à ouvrir la porte et gagna le pont. Il faisait nuit mais elle distinguait encore la flaque de sang sur les planches.

- On ne voit rien! se désola-t-elle en cherchant le rivage du regard.

- Virginia, pleure si ça te fait du bien mais à un moment, il faudra que tu t'arrêtes de pleurer. Reprends courage. Tu es plus forte que ce que tu crois.

Virginia essuya ses larmes. On lui faisait rarement des compliments et celui-ci la touchait particulièrement.

- D'accord, dit-elle. Je ne sais pas nager. Peux-tu me porter jusqu'à la rive ?

- Non. Je peux faire voler un canot de sauvetage avec de la poussière de fée mais il faudra me promettre quelque chose.

- Tout ce que tu voudras!

- Quand tu auras un jardin, j'aimerais que tu y construises de petites maisons pour les fées. Tu peux faire ça?

- Bien sûr! s'écria Virginia, pleine d'espoir. Je te le promets.

Alors la petite fée saupoudra de poussière de fée le canot qui se mit à briller d'une lumière bleue. Virginia prit place à bord. Elle fit au revoir de la main à son amie Cresca, puis se concentra. Pour voler, il fallait des pensées heureuses.

Je vais quitter ce vaisseau. Je vais devenir libre, forte et indépendante. Je ne ferai plus jamais la vaisselle pour qui que ce soit. Et j'aurai un jardin, un très joli jardin pour les fées.

Le canot partit à toute vitesse. Il faisait froid et le vent fouettait mais Virginia serrait les dents, le regard fixe et le menton levé.

Je pars, très loin d'ici...

Une maison pour les féesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant