Connor
Un bras par dessous ma nuque, l'autre sur l'épaule de Mira. Je fixe un point invisible sur le plafond de ma chambre.
— À quoi tu penses, Connor ? m'interroge-t-elle, plongeant ses grands yeux bruns dans les miens. T'as l'air ailleurs...
À quoi je pense ? À cette tête brûlée sexy qui a bien failli me pousser à faire une connerie irréfléchie.
— À une nana.
Mira se renfrogne contre mon torse mais je n'y prête pas attention.
— Depuis quand tu penses à tes autres conquêtes lorsqu'on est ensemble ? Ensemble ?
— On n'est pas ensemble, Mira. Rectifié-je, agacé. Et puis, ce n'est pas l'une de mes conquêtes. Et c'est bien dommage...
— Dans ce cas, pourquoi tu penses à elle ?
— J'en sais rien, elle m'a vaguement intrigué.
Vaguement ? Mon cul ouais ! J'avais une de ces envies de faire taire sa jolie petite bouche insolente et de la soulever contre le capot de mon Pick-up pour me perdre en elle, quitte à faire des choses déplacées au beau milieu d'une intersection.
Je revois encore ses longues jambes galbées et dissimulées par ce bout de tissu qui lui servait de jupe, ses seins parfaits moulés dans ce petit top blanc déchiré. On aurait dit la tenue stéréotypée d'une serveuse Mexicaine ou d'une ado en pleine crise de rébellion. Et pourtant, je lui donne vingt de cinq ans tout au plus. Elle avait du répondant et un sublime accent étranger, un mélange entre l'espagnole et l'italien, mais ça ne l'a pas empêchée de me répondre dans un parfait américain. Sa vieille Ferrari 250 lui ressemble, elle a du caractère et une beauté enivrante.
Et puis ses yeux, brillants comme deux pierres d'émeraude avaient l'air d'avoir vécu, bien vécu. Pas comme ceux d'une simple gamine rebelle mais ceux d'une vraie femme qui sait ce que la vie réserve aux faibles. Je les revois encore, flamboyants de colère à travers de grands murs de béton armés, puis opalescents de soif, une soif qui m'a d'ailleurs foutrement déstabilisé. Peut-être aurais-je dû l'embrasser ? Je sais qu'elle ne m'aurait pas repoussé, elle en avait autant envie que moi mais, j'ai flippé et j'ai fuis. C'est pas nouveau à vrai dire.
Agacé par mes propres pensées, je passe une main sur mon visage en grommelant.
— C'est parce qu'elle a su résister à ton charme que ça t'empêche de faire attention à moi ? me demande-t-elle, glissant sa main le long de mon ventre pour atteindre ma queue.
Je ricane, moqueur et lâche avec égocentrisme :
— Personne ne résiste à mon charme, ma belle. me moqué-je, attrapant son poignet pour le clouer contre le matelas.
— Moi la première ? biaise-t-elle, les lèvres retroussées.
— Toi la première.
Je la renverse sur le dos et elle referme ses jambes autour de mes hanches. Sans attendre, je m'enfonce en elle et offre la seule satisfaction dont a besoin mon corps pour tenir debout, du sexe libre et brutal."— Comment tu fais pour sourire alors que ta mère est morte ?
Ta mère est morte.
Ta mère est morte.
Ta mère est morte...
Je n'arrive plus à me souvenir du jour où mon père me l'a annoncé mais, j'aimerais imaginer que ce jour-là. Il faisait beau, que le soleil brillait de milles feu, que les oiseaux virevoltaient dans le ciel. Mais non, j'ai le souvenir de l'eau qui cogne contre les fenêtres, de l'orage qui gronde jusqu'à en faire trembler les murs de la maison.
Ce n'est pas maman qui est venue me chercher à l'école ce jour-là. La sensation d'humidité dans mes chaussettes me dérangeaient. Je haïssais l'eau...
— Connor, peux-tu m'écouter une seconde ?
Papa s'accroupit à ma hauteur et attrape mes petites mains dans les siennes, gigantesques.
— Ta...ta maman va être absente pendant un moment alors Adan, Flora et toi allez partir vivre à Tokyo avec une dame très gentille qui s'occupera de vous. Tu as compris ?
— Maman va être absente ?
Papa pleure et serre fort mes doigts, comme si j'allais me briser.
— Maman est...partie avec pépé et mémé, tu te souviens de ce qu'on avait dit cette fois là ?
— Qu'ils sont partis au ciel avec les anges et qu'il ne faut pas être triste.
— C'est ça...Il faut rester fort pour eux, d'accord ?
Rester fort ?
Pourquoi je n'ai pas le droit de pleurer alors que papa, lui, le fait ? Flora aussi pleure, elle n'arrête pas de pleurer, de jeter son biberon sur le carrelage de la cuisine et d'hurler la nuit.
Comment je dois rester fort ?
Mon frère, Adan, ne m'aime pas.
Il ne me parle plus et ne joue plus avec moi.
Pourquoi je dois rester fort ?"
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Enivre-moi
RomanceAprès avoir quitté la Sicile pour le Mexique, Gabriella comprend que la vie en dehors de chez elle est loin d'être simple, surtout lorsque l'argent ne tombe pas du ciel. Accueillie par ses grands-parents, elle parvient enfin à se sentir aimée. Cepe...