• Chapitre 10 • PC

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Gabriella

— Est-ce que tu as besoin d'un serviette pour te sécher ?
— Oui, volontiers.
Il fouille dans son gros sac de sport à bandoulière et me tend une serviette blanche d'une douceur infinie. Quel luxe !
Gracias.
Je serre le tissu dans mes mains et pousse la porte des vestiaires. Je crois bien que ce sont les vestiaires les plus propres que je n'ai jamais vu, le carrelage anthracite est doux sous mes pieds nus et les casiers métalliques sont droits et parfaitement alignés. Je choisis un casier au hasard et y dépose mes affaires. Mes muscles sont douloureux, il faut dire que j'ai dépassé mes limites lors de cette séance privée. Connor est un bon professeur, j'ai retenu quelques coups mais impossible de le mettre au sol. Il se bat vraiment bien, un mélange de plusieurs arts martiaux vraiment impressionnants.
Je me déshabille entièrement et m'enroule dans la serviette pour aller jusqu'aux douches. Les cabines sont vraiment spacieuses ! J'aimerais me laver ici tous les jours...
Je retire la serviette et la pose sur l'un des bancs à l'écart du jet d'eau et ma place sous le large pommeau.
Ces derniers temps, Nonna semble aller un peu mieux. Elle n'arrête pas de bouger, que ce soit pour faire les poussières, s'occuper du jardin ou me concocter des plats dignes des chefs cinq étoiles mais je suis inquiète à propos des factures, la maison nous coûte chère et ce n'est pas avec mes maigres salaires de danseuse et de serveuse que cela va nous sortir du gouffre. Je crains la maison de retraite de Marta Davelio, elle ne cesse de nous appeler. Je ne peux pas laisser Nonna aller dans un lieu pareil, même si les gens vantent leur mérite. La surface peut paraître bien lisse mais en ce qui concerne le dessous...Comme on dit, ce n'est qu'une simple partie de l'iceberg.
L'eau chaude de la douche me cajole les orteils, mes trapèzes en ont visiblement pris un coup, c'est douloureux...Soudain, un courant d'air froid dans mon dos manque de me faire glisser sur le sol. Qu'est-ce que...
— Connor ? m'exclamé-je. Pourquoi tu...
— Désolé mais te savoir en tenue d'Ève juste derrière quelques murs me fait perdre la boule.
Il abaisse son short de sport en même temps que son boxer et rentre dans la douche à mes côtés. Joder, Joder, Joder...
— Tu n'es qu'un obsédé...raillé-je en enroulant sa nuque pour coller mon corps contre le sien.
— Je l'assume, souffle-t-il, tu t'es vraiment bien débrouillée ce soir, je suis fière de toi.
Fière de moi ? Wow. Ces trois mots me font l'effet d'une bombe nucléaire de bonheur, remplie de paillettes.
— Je n'ai pas réussi à te mettre à terre et tout mon corps est douloureux, j'ai l'impression d'être robotcop.
— Robotcop ! Rit-il, caressant du pouce mon dos. Tu veux un massage ?
— Bon sang, c'est dingue comme tu sais faire plaisir aux femmes, toi.
— Je ne fais que ça, figure-toi...
Il me retourne et déplace mes cheveux sur mon épaule gauche pour poser ses doigts sur ma nuque, qu'il malaxe avec une pression à m'en faire vaciller. C'est le pied...
— Mhm...
Je gémis, sur un petit nuage de volupté.
— Ça te plaît ? Murmure-t-il à mon oreille comme une enchanteresse.
— Oui...ne t'arrête pas.
Ses doigts se font plus insistants contre mes muscles tendus et je grogne comme un ours. Soudainement, Connor se colle dans mon dos et laisse ses doigts se balader sur ma poitrine.
— Je vais masser l'intégralité de ton corps afin d'éviter les mauvaises surprises. Comme les courbatures par exemple...
Un sourire ourle mes lèvres et je laisse tomber ma tête contre son épaule. Ses lèvres se déposent dans mon cou et viennent suçoter ma peau pendant que ses mains pétrissent mes seins avec ardeur. Sa nudité se fait bien entreprenante contre mes fesses et je résiste à l'envie de le toucher.
Oh Gaby, tu devrais pas m'laisser la nuit, j'peux pas dormir, j'fais qu'des conneries...Oh Gaby...chantonne-t-il.
Je tourne la tête de son côté et plisse les yeux face à son air de petit garçon fripon.
— Qu'est-ce que tu chantes, Connor ?
— Une chanson qui te correspond. Siffle-t-il, léchant mon cou avec un ricanement. C'est une chanson française interprétée par Alain Bashung.
— Que disent les paroles ?
— Que tu me fais perdre la tête...Gémit-il, dévorant sans pitié ma gorge. Ses mains descendent plus au sud et je m'accroche à Connor pour ne pas tomber à genoux. Si moi je lui fais perdre la tête, qu'est-il en train de me faire ? Connor, tu es le diable en personne...
— Connor...je peux pas...
— Laisse-toi aller, Gaby.
Le tonnerre résonne dans mon corps, il gronde et cela ne fait que décupler mes sens. La sensation de sa peau contre la mienne, de l'eau chaude qui coule sur nos deux corps. L'odeur de son savon à la pêche et le son de sa respiration hachée contre mon oreille. C'est trop, trop pour que je puisse en supporter davantage et lorsque Connor murmure à mon oreille "allez, jouis Gaby", j'explose en milles morceaux, les jambes flageolantes et le corps en miettes. Un orgasme dévastateur et inattendu...
La respiration haletante, Connor chatouille ma nuque de son nez et l'embrasse. Cet homme finira par avoir ma peau, sûrement bien avant que je ne puisse m'en rendre compte moi-même.
— Je crois que tu n'auras pas de courbatures. ajoute-t-il, moqueur.
J'éclate de rire et lui fais enfin face. Son regard brûlant et à la fois vulnérable me fait vriller le coeur.
— C'est toi qui me fais perdre la tête, Connor.
Un grand sourire de gamin illumine son beau visage et je fonds. Il est craquant et semble encore plus jeune. Je coupe le robinet avec un peu de mal et Connor se précipite à l'extérieur pour me étendre la serviette en ma direction, je saute sur l'occasion et m'emmitoufle dans ce tissu aussi chaud que doux.
— Quelles sont les horaires pour tes cours ? Je demande, curieuse.
— Tu veux revenir ?
— Si ça ne pose pas de problème, oui.
— Ça ne pose aucun problème mais, viens toujours avec une heure de retard...
Il embrasse mon épaule et je glousse comme une idiote.
— Je ne suis pas sure que ça plaise à ta collègue.
— Mira ? Ne t'occupe pas d'elle.
Comme tout à l'heure, il est sec. Ce n'est visiblement pas un sujet agréable pour lui mais, je meurs d'envie de savoir qui est cette fille pour lui. Ce n'est pas qu'une collègue, ça, c'est une évidence.
— Je peux te poser une question ? Une question risquée.
— Oui.
— Cette Mira, c'est...
Comme s'il lisait dans mes pensées, il acquiesce et lâche :
— On a couché plusieurs fois ensemble, oui. Mais ça n'est jamais aller plus loin qu'une relation baise-lit.
Je ne m'attendais pas à une réponse aussi honnête, j'en reste pratiquement bouche bée mais le dernier terme qu'il a employé me fait pouffer de rire.
— Relation "baise-lit" ?
— Exactement.
— Alors nous sommes aussi une relation "baise-lit" ? Je demande, amusée mais Connor plisse les sourcils et prend un air sérieux qui me fait regretter mes mots.
— Non, nous nous sommes une relation plaisir-bouche, baise-lit et maintenant baise-douche, Une relation surprise...
Qu'est-ce que c'est censé vouloir dire ?
— Surprise ?
— Chaque moment passé avec toi est une surprise Gabriella, je ne m'attends jamais à rien.
Un éclat de malice pétille dans son regard et je roule des yeux. Alors nous avons une relation surprise. J'aime ce terme, il est atypique.
— Je vais te laisser t'habiller, je t'attends dans la salle. Tu es venue en voiture ?
— Non, je suis venue à pieds.
— Super, alors je te raccompagne chez-toi.
Il embrasse ma tempe et quitte les vestiaires, les fesses à l'air. Je le reluque ouvertement et glousse dans mon coin comme une fillette. Quel cul d'enfer !

Sèche et habillée, je rejoins Connor sur le seuil de la porte. Il est lui aussi habillé, d'un jean bleu clair déchiré sur le genoux droit et d'un t-shirt blanc. Ce style simpliste le rend encore plus sexy.
— Tu es prête ?
— Oui.
Je n'arrive pas à m'enlever de la bouche ce sourire stupide, Connor semble le remarquer ce qui me fait sourire encore plus. Quel crétin.
Il coupe les lumières et ferme la porte à clef, je me demande si ce dojo lui appartient.
— Tu es le propriétaire ?
— Du dojo ? Oui, depuis quelques mois maintenant.
— Seulement quelques mois ?
— Je voyage beaucoup, il y a pas plus tard que 4 mois, j'étais à Miami.
— Miami ! M'exclamé-je.
— Tu y es déjà allée ?
— Moi ? Non, je n'ai connu que l'Italie et Mexico.
— Où vivais-tu en Italie ?
— Dans une petite ville près de Rome, Setteville. Rien de bien intéressant, nous étions loin de la mer et il y avait trop de civilisations.
Je regarde une seconde le ciel, tentant de me rappeler cette ville que j'ai fuie et me tourne vers Connor qui me regarde avec un intérêt à m'en faire perdre les mots.
— Je dois dire que je préfère de loin Mexico à Setteville, ici, on respire.
— Tu m'as dit que tu étais partie de chez-toi pour rejoindre tes grands-parents, quel âge avais-tu ?
— 16 ans.
Il me lance un regard dans l'air de dire "wow, c'est jeune !" et je souris.
— Comment tu as fait ?
— Mon grand père m'a été d'une grande aide, il a fait plusieurs heures de vols pour venir me chercher. J'étais trop jeune pour prendre l'avion seule et je n'avais pas un sou.
Il serre ma main un peu plus fort et je le remercie silencieusement pour son soutien. Nous arrivons de l'autre côté de la rue où se trouve son pickup et Connor lance ses clefs en avant pour le déverrouiller. Assis l'un à côté de l'autre, il semble déterminé à me faire parler ce qui, étrangement, ne me déplaît pas. J'aime lui parler.
— Qu'est-ce que tu as fait en arrivant à Mexico ?
— J'ai aidé mes grands-parents à la grange et au garage, j'allais aussi chez les voisins pour des tâches ménagères, tondre la pelouse et tailler les haies. Et, lorsque j'ai eu mes dix-huit ans, j'ai postulé un peu partout, dans les bars, les restaurants, les pizzerias pour gagner de l'argent.
— Tu as beaucoup travaillé, c'est impressionnant.
— Je n'avais pas vraiment le choix à vrai dire, sans rien en poche, on ne va pas très loin...
Je tourne la tête vers la route. Dès que j'ai posé un pied sur le sol Américain, j'ai su que ma vie n'allait pas être facile. J'ai arrêté les études, consacré tout mon temps à rôder dans la ville pour me dénicher un emploi potable qui voudrait bien d'une gonzesse comme moi. Je sais que cela ne plaisait pas à Nonna de me savoir dans les bars, le soir mais, je n'avais aucune autre option si ce n'est danseuse dans des clubs de strip-tease. Voilà pourquoi j'ai appris quelques techniques de défenses et cela m'a été utile une ou deux fois lorsque des hommes trop éméchés pour se tenir debout, restaient dehors, à attendre la jolie serveuse de 18 ans.
— Tu es vraiment stupéfiante, Gaby.
Quel compliment ! Sa main se pose sur mon genou et je lui souris timidement.
— Bon, assez parlé de ma déplorable vie ! Ricané-je, parle-moi un peu plus de toi...

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Pour ceux qui n'auraient pas vu les moodboards de Adan et Naomi, je vous les mets aux derniers chapitres de chaque tome !
À bientôt <3

Enivre-moi Où les histoires vivent. Découvrez maintenant