Gabriella
Les mains dans les poches de ma veste en cuir, je marche le long du couloir qui mène au bureau d'accueil et m'immobilise lorsque le jeune homme derrière le bureau me fait signe.
— Gabriella, c'est toi ?
Micky.
— Holà Micky, ça fait longtemps.
Il sourit et une fossette se creuse sur sa joue droite. Micky est l'un des garçons qui a aidé Nonno à s'occuper du jardin, il taillait les haies en échange d'une petite pièce. C'est un chouette gamin, enfin, jeune homme puisqu'il travaille désormais à la police de Mexico.
— Est-ce que Matteo est là, par hasard ?
— Euh, oui je crois qu'il est à son bureau. Tu veux que je l'appelle ?
— Je veux bien, s'il te plaît.
Il va passer un sale quart d'heure.
Il pianote quelque chose sur son ordinateur et se relève de sa chaise pour aller ouvrir une porte non loin du bureau.
— Il y a quelqu'un pour toi, Matt' !
Je suis encore en colère pour ce qu'il s'est passé avec Connor, Matteo n'avait pas à l'enfermer sans preuve et surtout, à le frapper. Il a simplement fait ça pour se venger !
Les poings serrés, je regarde Micky revenir s'installer derrière le bureau tandis que des pas se font entendre dans le mince couloir. Lorsque son visage m'apparaît, il s'arrête une seconde et prend une inspiration. Il sait qu'il a merdé.
— Je peux te parler une minute ? Je demande.
— Oui, je t'écoute mais, pas ici.
Son timbre est grave et, placide.
D'un pas décidé, j'entre dans son bureau, laissant mon regard se déposer sur de nombreux dossiers éventrés. Sans hésitation, à peine la porte fermée, je commence :
— Je suis vraiment furieuse contre toi, Matteo. Comment tu as pu garder Connor en garde à vue sans preuve ? Et en plus tu l'as frappé !
Matteo se raidit à mes mots, mais au lieu de s'excuser, il se défend :
— Je faisais juste mon travail, Gabriella. Connor était suspecté d'un délit et j'avais besoin de l'interroger.
Sa voix est froide et cela me rend encore plus furieuse. Un délit ? ¡No puedo creerlo!
— Ton travail ne te donne pas le droit de frapper n'importe qui, Matteo ! Tu as fait ça juste pour te venger de lui. Je réplique, les poings serrés.
Soudain, Matteo frappe un coup sur son bureau, l'air enragé.
— Tu n'as pas à me dire comment faire mon travail ! Et puis, tu n'as pas à te mêler de tout ça !
Je suis sidérée par sa réaction et je le fixe, perplexe.
— Tout ça ? Tu te fous de ma gueule, il s'agit de Connor !
— Justement ! Connor, Connor, Connor ! C'est toujours lui, n'est-ce pas ? Mais dis-moi, Gabriella, depuis combien de temps le connais-tu, hein ? Qu'est-ce que tu sais de lui en dehors de son putain de sourire charmeur et de ses mots doux ?
Je fronce les sourcils, enragée par ses accusations infondées.
— Matteo, Connor n'a jamais fait quelque chose pour mériter ton mépris. Tu n'as même pas pris la peine de lui parler, de lui donner une chance, de le connaître un temps soit peu !
Matteo secoue la tête avec dédain.
— Parce que je sais exactement quel genre de personne il est. Manipulateur, menteur, il te joue comme un instrument de musique. Tu ne le vois pas, mais il te mène en bateau depuis le début !
Je serre les poings, laissant échapper un soupir exaspéré. Il est complètement aveuglé par sa jalousie.
— Tu te trompes, Matteo. Connor est important pour moi et je refuse que tu le salisses comme ça, pour aucune raison. Tu es juste jaloux parce que tu aurais voulu être à sa place ! Crié-je.
Matteo éclate de rire, un rire sarcastique et amer.
— Jaloux ? Moi ? Gabriella, ouvre les yeux. Je ne suis pas jaloux, je suis inquiet pour toi. Tu ne le connais pas vraiment, tu es aveuglée par l'amour. S'il s'agit vraiment d'amour, d'ailleurs !
Je secoue la tête, refusant d'accepter ses paroles.
— Tu agis comme un con et tu ne t'en rends même pas compte.
Matteo soupire, semblant soudainement plus calme.
— Écoute, Gabriella, je veux juste que tu sois heureuse. Arg, la ferme !
— Tu n'arrêtes pas de répéter les mêmes choses et du jour au lendemain, tu enfermes mon petit ami et tu le frappes ! Je sais même plus si je dois te croire, Matteo. Laisse moi juste tranquille.
— Petit ami ? Rit-il, tu sais quoi. Je vais me taire, il vaut mieux.
— Tu as raison oui, tais toi
Je détourne le regard, incapable de supporter sa présence plus longtemps. Ses mots, dénués de sens résonnent encore dans ma tête, mais je refuse de me laisser perturber par sa jalousie hypocrite et ses accusations sans raison apparente.
Je me tourne vers la porte, déterminée à quitter ce foutu bureau de malheur.
— Attends ! Lache-t-il en attrapant mon poignet. Je suis désolé, Gab...Tu as le droit d'être en colère, mais s'il te plaît. Crois moi lorsque je te dis que je ne veux que ton bien et crois-moi lorsque je te dis que Connor n'est peut-être pas celui que tu crois.
Je fronce les sourcils, me sentant attaquée lorsqu'il prononce rien que son prenom.
— Comment peux-tu en être si sûr, Matteo ? Tu ne le connais pas.
Il relève le regard, déterminé.
— Peut-être pas, mais je sais quand quelque chose ne va pas. Et quelque chose me dit que tu mérites mieux que lui.
Je secoue la tête.
— Non, Matteo. Tout va très bien entre Connor et moi, et je suis sincèrement désolée que tes sentiments ne soient pas réciproques, mais c'est comme ça. Je ne peux pas forcer les choses...
Il acquiesce lentement, la tête basse, semblant comprendre.
— Je l'ai compris, Gabriella. Je l'ai compris dés le début. Mais, sache que je suis là pour toi, quoi qu'il arrive.
Je lui adresse un faible sourire, reconnaissante malgré tout pour son soutien.
— Merci, Matteo.
Il me regarde, ses yeux exprimant une multitude d'émotions.
— Tu devrais partir. Je dois terminer mon travail. Il répond, sa voix empreinte de tristesse.
Sans un mot de plus, je quitte la pièce, laissant derrière moi Matteo et ses paroles.
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Enivre-moi
RomanceAprès avoir quitté la Sicile pour le Mexique, Gabriella comprend que la vie en dehors de chez elle est loin d'être simple, surtout lorsque l'argent ne tombe pas du ciel. Accueillie par ses grands-parents, elle parvient enfin à se sentir aimée. Cepe...