L'escapade

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La récente situation avec le prince ne laissa pas le jeune Rachid de marbre. Lui, qui n'avait jamais rien connu des plaisirs de la chair parce que ayant passé toute sa vie à apprendre à être le meilleur valet de roi. Il se demandait ce qui pouvait bien mettre son corps dans une ébullition pareille.

Il nettoya soigneusement la chambre du prince avant de reprendre le chemin de la sienne car en tant que valet il ne pouvait se reposer qu'après avoir servi le prince. Le temps au courant de la journée pendant lequel le prince se perdait dans ses activités royales, permettait au jeune valet de souffler et dormir un peu puisqu'il se réveillait de si bonne heure, en attendant que son maître refasse surface le soir venu.

Sur son chemin vers ses appartements, il croisa Luanga un jeune page du palais à peine vieux de vingt ans, assez agréable au regard. Il était mince, d'un teint noir et surtout il était très soigné dans sa toge blanche tissée au fils de coton, que sectionnait une ceinture dorée au niveau de ses reins.
Les pages dans le palais Kibangou, étaient les fils des nobles et des notables les plus proches du roi. Ils étaient à la fois attachés au service du roi, de la reine et de leurs différents enfants. Ils avaient de ce fait, accès à presque toutes les pièces du palais, contrairement aux valets des rois qui eux, ne devaient strictement se limiter qu'aux appartements du prince qu'ils servaient.

Selon la tradition, quand on était fils de noble, il fallait commencer le service au palais en tant que page, question de bien s'imprégner de son fonctionnement avant de plus tard, hérité de la place que tenait son père au près du roi.
Les pages ainsi, étaient un peu des hommes à tout faire. Ils allaient chercher ce qu'on leurs demandait, s'occupaient du service pendant les grandes festivités du palais et surtout prenaient à titre vacant la place des valets des rois en attendant qu'on en trouve un issus d'une lignée de valets des rois.

La colère de Luanga envers Rachid, était donc due au fait que la présence de ce dernier au palais venait mettre un terme à son accès aux appartements du prince. Mais aussi, le pauvre jeune garçon que le prince avait si souvent utilisé pour calmer ses désir sexuelles, se sentait délaissé car depuis un certain temps il ne l'appelait plus dans ses appartements et ne se glissait plus en douce dans sa chambre.

Ce délaissement avait bien entendu débuté longtemps avant l'arrivée de Rachid au palais mais Luanga avait plus que tout autre chose, besoin d'un bouc émissaire sur lequel déverser sa frustration.
Dès le premier regard qu'il posa sur Rachid il fut pris d'une grosse crise de jalousie. Une beauté comme la sienne n'était pas commune et il savait que le prince ne resterait pas de marbre face au jeune valet.
Il s'approcha du jeune valet à pas très confiants.

- Salut dit-il d'un visage un peu froissé en croisant lentement ses bras.

- Salut repondit Rachid d'un ton posé.

- Tu es nouveau dans ce palais si je ne me trompe.

-C'est tout à fait vrai. Je le suis bien.

- Je suis Luanga Ya Mbao fils de Gonza Ya Mbao gouverneur de la province kinbangou du Mbao et premier notable royal. Et toi qui es-tu?

- Rachid. Fils de Mabanza de la lignée des valets des rois. Je suis le nouveau valet du prince Malick.

- Hum. Fit Luanga d'une moue condescendante. Tu es d'une bien basse lignée. Ajouta-t-il

- Nous ne pouvons pas tous être de la même lignée parce qu'une seule main n'allume pas un feu. Dit Rachid qui avait fini par se rendre compte de la tension qui animait son interlocuteur.

- Je te préviens de bien te limiter à uniquement être le valet du prince. Rappel toi bien que dans la forêt seuls les arbres de même taille peuvent s'échanger les singes.

SOUS LE POIDS DE LA COURONNEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant