Le calme avant la tempête

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- Je t'en supplie au nom de nôtre amitié Buntu. Accompagne moi, tu n'auras rien à faire, je ne veux juste pas y aller tout seul. Si nous y allons maintenant nous serons de retour au dans trois où quatre heures. Buntu garda un instant de silence réfléchissant profondément sur la demande de son ami. Il poussa ensuite un grand soupire et dit:

- D'accord. Allons y mais je ne veux en aucun cas être lié à cette histoire Luanga.

- Je te le promet rien de mal ne nous arrivera.

Buntu se leva du lit, prit son blouson en laine de mouton, en donna un autre à Luanga tout en gardant sur lui ce regard septique et reprochant car il n'était pas du tout d'accord avec le fait d'aller chez cette magicienne.
Ils sortirent donc discrètement du palais et marchèrent pendant des heures dans les profondeurs de la forêt. Leurs pieds fatigués et complètement embourbés finirent par les conduire devant le majestueux arbre dont le creux abritait la sorcière Nkouck.
  Toute autre végétation aux alentours de l'arbre était morte où tout simplement inexistante. On aurait pensé que les herbes craignaient de pousser aux abords de cet énorme arbre aux ondes maléfiques. Dans la circonférence de l'endroit où était figé le végétal vivace, gravitait un air glacial. Frigorifié, Buntu fût pris de peur et choisît de rester dehors quand Luanga entra.

Une fois dans le creux de l'arbre, Luanga s'assît en face de la sorcière. Elle leva son regard vide et  aveugle, pourtant très perçants sur le jeune page.
La vielle dame aux seins complètement aplatis par le poids de l'âge, était assise derrière un feu de bois aux flammes très vives. Sur chacune de ses oreilles pendait une grosse défense de phacochère tandis que son cou était entouré d'un collier composé de nombreux ossements d'animaux et aussi d'humains au bout du quel pendait le crâne vide d'hominidé. L'odeur fétide des animaux en putréfaction qui lui servaient d'ingrédients pour ses poisons, picota tellement les narines de Luanga qu'il ne put s'empêcher de vivement se frotter le nez.
A moitié nue et la peau blanchie par la cendre du feu de bois derrière lequel elle ne quittait que très rarement, elle était tellement vielle qu'il était difficile de déterminer son genre.

- Que viens-tu faire ici jeune page royal Luanga Ya Mbao? Demanda-t-elle d'une voix effrayante. On aurait dit que dix autres voix logées dans sa gorge, parlaient en même temps qu'elle.

- J'ai besoin de ton aide une fois de plus grande sorcière Nkouck.

- De qui voudrais tu te débarrasser cette fois jeune page royal Luanga Ya Mbao?

- Le prince a un nouveau valet. Je pense qu'il s'en est épris. En peu de temps il a pris tellement de pouvoirs, qu'il est devenu presqu'intouchable.

- Alors, qu'attends-tu de moi jeune page royal Luanga Ya Mbao?

- Je veux qu'il meurt. Donne moi un de tes poisons les plus virulents. Je trouverai bien un moyen de le lui administrer. Ou à défaut jettes lui un sort qui le transpercera de mille douleurs jusqu'à la mort.

- Hum! Laisse moi tout d'abord consulter les esprits. S'ils acceptent ta requête, je te donnerai ce que tu demandes jeune page royal Luanga Ya Mbao.

Elle versa alors une poudre dans le feu qui brûlait devant elle, qui fit monter très haut une flamme de couleur verte et se mit à grommeler des incantations dont elle seule connaissait la signification. Puis elle se tue pendant un court instant, que Luanga finit par trouver trop long.

- Alors que disent les esprits? Demanda-t-il impatient.

- Malheureusement, Il n'est pas seulement intouchable par toi, jeune page royal Luanga Ya Mbao. Il l'est aussi pour moi.

- Qu'est ce que ça signifie ?

- Sa venue au palais Kibangou n'est pas du tout fortuite. Il est investi par les divinités Kibangou, d'une mission de la plus haute importance. Il est d'ailleurs né dans ce but.

SOUS LE POIDS DE LA COURONNEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant