Le cimetière d'éléphants

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Sur son chemin de retour Rachid, caché dans les hauts buissons qui lui servaient de terroir, entendît venir de pas très loin une troupe de trois soldats de l'armée adverse transportant du bois de chauffage. Le craquement d'une branche sèche qu'il piétina, fît de suite remarquer sa présence.

- Qui est la? Demanda l'un d'eux, armant sa lance et s'avançant vers le buisson.
  Rachid se cacha derrière l'arbre le plus proche de lui, avec lequel il fit presque corps. Respirant à peine et ne faisant plus aucun mouvement. Il ferma les yeux pour ne pas voir cette mort certaine venir vers lui.

- Montre-toi. Qui est là ? Demanda une fois de plus le soldat en allant droit vers l'arbre derrière lequel était caché Rachid.

- Continuons notre chemin, c'est sans doute un hérisson qui s'enfuyait en nous entendant venir. Dit un autre.

- De toutes façons, qui pourrait bien être ici à cette heure ci? Demanda le troisième.

Les soldats reprirent donc le chemin de leur campement. Rachid attendit une trentaine de minute toujours collé contre cette arbre question de se rassurer que les soldats étaient complètement partis. Puis il reprit la route à travers les hautes herbes et les arbres pour rejoindre le campement militaire Kibangou.

   Malick de son côté finit par avoir les nerfs à fleurs de peau du fait que Rachid ne fût toujours pas revenu. Le jeune prince allait et revenait sans destination fixe, soupirait, se rongeait les ongles et monologuait sans cesse.

- Je n'aurait jamais dû le laisser partir. Dit-il en balançant tout colérique sa lance contre le sol.

Il s'assît , puis, but machinalement un verre d'eau dont il n'avait pas du tout besoin, se releva et se gratta la tête en tournant sur lui même.
Qu'est ce qui était bien arrivé à son amant? Cela faisait bien plus de trois heures qu'il était parti. Devrait-il prendre son cheval et aller le chercher? Se demandait-il.
Puis contre toutes attentes, alors que son extrême tension l'avait plongé dans un léger sommeil désespéré, Rachid fit entrée dans la tente et s'assit sur le côté de son lit. Un peu comme par télépathie il ouvra brusquement ses yeux.

- Mon amour? C'est toi? Demanda-t-il d'un regard flamboyant d'allégresse.

- Oui mon prince c'est bien moi. Dit Rachid dans une quiétude surmontée d'un magnifique sourire.
D'un geste rapide, Malick le prit fermement dans ses bras.

- Zambé à répondu à ma prière! J'avais tellement peur mon amour, j'étais sur le point de prendre mon cheval et venir te chercher. Il le lâcha en suite et se mît comme à l'ausculter de haut en bas.
Tu vas bien? Par tous les esprits du Kibangou! Mais tu saignes! Rachid que s'est-il passé? S'enquît le prince tout choqué.

- Non mon prince, c'est n'est pas du sang. Les baies avec lesquelles j'ai empoisonné l'eau sont appelées les baies du sang parce qu'elles sont d'une extrême rougeur.  J'ai juste de petites égratignures à cause des épines de certaines herbes rien de bien grave.

- Tu as donc réussi à empoisonner l'eau?

- Oui si tout marche tel que ma mère le racontait, demain la reine Baoulè n'aura rien d'autre qu'un grand cimetière d'éléphants.

- Je suis tellement fière de toi mon amour. Tu es le seul vrai héros de cette guerre et mon héros à moi. Dit le prince d'un grand sourire.

- Bien mon prince, il se fait tard vous devez dormir  le jour qui va bientôt se lever sera rude. Moi je vais trouver de l'eau pour pouvoir me nettoyer.

- Oui malgré la bataille de demain je crois que je vais dormir comme un bébé maintenant que tu es revenu. Après ton bain viens dormir contre moi si tu le veux bien.

SOUS LE POIDS DE LA COURONNEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant