Le pacte pour la vie

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De retour dans sa cellule, Rachid retrouva sa voisine d'en face la reine Baoulè avec qui la conversation était devenue très facile.

- Alors jeune valet, qu'elle est issu de ton procès, lui demanda-t-elle.

- J'ai été condamné à mort. Je serai exécuté demain, dit-il  d'une voix étonnamment paisible.

- Tu le dis avec beaucoup de quiétude jeune valet. N'as-tu donc pas peur de mourir?

- Non ma reine, parce que la mort effraye uniquement ceux qui la perçoivent comme un châtiment. En ce qui me concerne, elle est libératrice du poids de toutes les chaînes de cette vie. 

- je suis pas sûr de bien te saisir jeune valet.

- Tout de long de ma courte existence, on a très peu sollicité mon avis sur les aspects qui concernaient ma propre vie.
Mon père ne m'a jamais demandé si je voulais être un valet de roi et quand bien même j'ai été choisi parmi tous ces autres prétendants pour servir le prince, personne ne m'a demandé si c'est ce que je voulais.
  J'ai passé ma vie à subir les choix des autres en silence. Je n'ai même pas eu la liberté d'aimer celui que mon cœur a choisi.
Nous nous en rendons très peu compte ma reine mais cette vie n'est rien de plus qu'une énorme prison. La mort est donc la seule chose qui puisse nous délivrer d'elle.

- Il m'a rarement été donné de voir autant de sagesse, de force et de courage en une seule personne jeune valet. A mon humble avis le vrai roi ici c'est toi.
Tu n'as pas seulement gagné la guerre contre deux armées conjointes et milles éléphants, tu as aussi gagné la guerre contre le roi Koumkani en personne et pour cela crois moi tu vivras à jamais dans les mémoires de tous ceux qui ont eu l'honneur de te connaître.

Quelques heures après, une personne entra dans la prison portant un plateau de nourriture et cachant la moitié de son visage derrière un morceau d'étoffe qui ne laissait entrevoir que yeux.

-  Je suis venu nourrir les prisonniers, dit-il aux gardiens de la prison qui le laissèrent entrer sans regimber.
  Une fois devant la cellule de Rachid, après avoir déposé le plateau de nourriture au par terre, le mystérieux individu ôta l'étoffe recouvrant son visage. C'était Luanga. Sans doute ayant usé de tous les stratagèmes possibles pour entrer dans la prison question de se réjouir de la situation de Rachid.

- Bonjour jeune noble! Ou devrais-je dire: jeune condamné à mort, dit-il d'un air moqueur et très jouissif.
Rachid se mît debout et avança vers les barreaux qui le séparaient de l'endroit où se trouvait le jeune page.

- Que fais-tu là Luanga? Tu es venu te réjouir du fait que je soit condamné à mort?

- Cette vie est d'une justice sans égale, continua-t-il croisant fièrement ses bras. Tu es finalement à l'endroit où tu aurais dû être depuis tout ce temps. En prison et condamné à mort. Par tous les ancêtres! C'est le plus beau jour de ma vie! s'exclama t'il d'un grand sourire. Il faut dire que la noblesse n'a jamais été pour toi. Ta mort sera une délivrance pour plus qu'un dans ce palais.
Rachid le regarda fixement pendant un court instant puis poussa un rire rapide qui provoqua de l'étonnement chez Luanga.

- Qu'est ce qui t'amuse? Demanda-t-il un peu frustré. Serais-tu entrain de perdre la raison face ta mort prochaine?

- C'est toi qui m'amuse Luanga, répondît Rachid d'un grand sourire. Comme toujours, c'est toi qui m'amuse.
Tu n'as donc encore rien compris? Continua-t-il d'un air plus sérieux.
  Tu ne t'en es toujours pas rendu compte?
Tu ne seras jamais comparable à moi. Même en tant que prisonnier, même mort, je vaudrai toujours mille fois mieux que toi, tout juste parce que l'ombre du zèbre n'a pas de rayures et c'est tout ce que tu as été tout ce temps, mon ombre.
  La preuve en est que même ici, j'ai encore le pouvoir de t'amener toi et toute ta famille avec moi dans ma tombe si jamais j'en aurai une après ma mort.

SOUS LE POIDS DE LA COURONNEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant