Chapitre 2

991 29 4
                                    

[LAURA LEROY]Marseille, Novembre 2008

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

[LAURA LEROY]
Marseille, Novembre 2008

-Vous me faites chier ! Je claque la porte de la chambre pour m'enfermer dedans et j'étouffe mes hurlements de rage dans un oreiller.

On dit souvent que l'argent fait le bonheur, mais j'en suis pas si sûre. Sinon, comment expliquer que je sois tout sauf heureuse, alors qu'on est tous médecins dans la famille, et qu'on gagne plutôt bien notre vie ?

Peut-être parce que c'est justement ça, le problème. Parce que mes parents sont médecins, je suis obligée de reprendre le flambeau, et d'épouser la même carrière qu'eux. Et voilà qu'on déménage à Marseille, pour se rapprocher de la fac de médecine que j'ai intégrée depuis la rentrée universitaire. Et honnêtement, ça ne m'aurait pas tant dérangé si j'avais moi aussi voulu faire ça de ma vie.

Sauf que la médecine ne m'intéresse absolument pas, que je ne suis vraiment pas scientifique, et que ma passion depuis toujours, c'est le patinage artistique. Alors évidemment, c'est beaucoup moins prestigieux que chirurgien, et ça viendrait troubler la grande lignée des docteurs LEROY qu'il y a dans l'arbre généalogique. Mes objectifs de carrière gênent tellement mes géniteurs qu'ils ont décidé de faire pression sur moi, pour me faire renoncer à mes plans de carrière sportive. Et j'ai malheureusement cédé, me rendant encore plus malheureuse et encore plus énervée contre eux qu'auparavant.

Aujourd'hui, le sujet de la dispute est encore et toujours cette inscription forcée. A vrai dire, je l'ai découvert après coup, une fois que l'inscription était effective. Je me sens tellement faible de ne pas avoir osé me rebeller, de les avoir laissé faire. Mais en même temps, j'ai tellement la haine contre eux que je crois que j'aurais pu faire un vrai carnage.

Je pense que j'aurais toujours cette rancœur contre eux, d'avoir choisi à ma place quoi faire de ma vie. Surtout que j'avais un très bon niveau en patinage, et que j'avais la possibilité de passer pro. Et c'est justement en entendant cette proposition qu'ils ont décidé de devancer mon choix, en m'inscrivant à la fac de médecine de Marseille. Et pour ne pas faire de remous, et continuer à jouir d'un bon train de vie, sans soucis financier, j'ai laissé tomber ma lutte.

Si vous saviez à quel point je me dégoûte. Que l'argent ait eu raison de moi. Parce que c'est ça finalement, si on résume: pour ne pas que mes parents me coupent les vivres, je me suis écrasée. Je les ai laissé décider de ma vie, pour garder mon petit confort.

Quand j'ai dit à mon père qu'il avait gâché ma vie, avec son souci de satisfaire les autres, plutôt que de penser au bonheur de sa propre fille, il est entré dans une colère noire, et m'a levé la main dessus. Ma mère n'a pas réagi, et en lui demandant de dire ou de faire quelque chose, c'est là que tout a dégénéré.

Papa:  LAURA ! OUVRE CETTE PORTE À LA FIN ! il tambourine tellement fort sur la porte que j'ai peur qu'elle cède

-tu sais t'exprimer autrement qu'en gueulant ? Laura, Laura, Laura, t'as toujours ce mot là à la bouche, et à chaque fois c'est toujours pour me parler comme un chien !

Papa: Je suis ton père, tu me dois le respect !

-parce que tu crois que tu me respectes, toi ? C'est pas parce que tu es mon père et que tu es un « ancien » que tu as mon respect ! Tu l'as que si tu le mérites, et vu comment tu me traites et me parles, tu mérites uniquement mon mépris

Des larmes de rage menacent de couler de mes yeux. J'en ai assez.
Je repense aux hommes que j'ai vu hier dans ce quartier. Ils avaient l'air tellement plus heureux que moi, tellement plus libres, que je les envie. Certes, ils ont moins d'argent que moi, c'est sûr, mais ça n'a pas l'air de les déranger ou de les impacter plus que ça. J'aimerais tellement être à leur place, pour pouvoir vivre sans ces problèmes.

Je finis par ouvrir la porte, après avoir attrapé ma veste et mon téléphone.

Papa: ENFIN ! C'est pas tr- tu vas où ?

-ça te regarde pas. Je réponds du tac-au-tact en me dirigeant vers la porte

Papa: JE SUIS T-

-oui oui, on sait, tu es mon père, et je dois te respecter, bla-bla-bla. Mais je suis majeure donc j'ai pas de comptes à te rendre

Maman: Laura, change ta manière de parler à ton père s'il te plaît

Je pouffe de rire nerveusement, une larme coulant sur ma joue, que j'essuie rageusement.

-c'est maintenant que tu te réveilles ? Parce que de base, tu devais réagir quand papa m'a giflé

Papa: Tu le méritais, c'est pour ça que je t'en ai mis une

-et ça aussi tu le mérites. Je prends le vase qui était jusqu'à présent posé sur la commode, et le jette par terre avant de claquer la porte et de dévaler les escaliers de l'immeuble.

En chemin, j'envoie un rapide message à mon amie Clara. Je ne la connais pas depuis longtemps, puisque je ne l'ai rencontrée à la fac que cette année, mais le contact est très vite passé entre nous. Si bien que nous avons échangé nos numéros, et qu'elle a proposé de m'héberger chez elle quand la situation devient trop critique chez moi. Bien évidemment qu'elle est au courant pour ça, de toute façon elle voit bien que je ne m'épanouis pas dans la filière, contrairement à elle, qui est vraiment mordue de médecine.

Je reçois rapidement une réponse de sa part, m'indiquant qu'elle m'attend sagement chez elle, et qu'elle a envie d'entendre ce qu'il s'est passé, même si je reste persuadée qu'elle s'en doute. Mais au moins, je sais que je serais écoutée et comprise, chose que je n'ai plus vécu et ressenti depuis bien longtemps dans le domicile familial.

[...]

Clara: bichette, c'est vraiment horrible pour toi. Elle me frotte le dos avec sa main et je fais un petit sourire triste

-Ça te dérange si je reste dormir ici ? Je demande peu sûre de moi

Clara: évidemment que non ! Je te l'ai déjà dit, tu es ici chez toi ! Tu peux rester autant de temps que tu veux ! Elle me sourit. En plus ça me fait de la compagnie. Elle embrasse la joue

Je la remercie d'un hochement de tête, et je commence à retrouver le sourire. Mais ce sourire disparaît bien vite quand je constate que mon père cherche encore et encore à me joindre par téléphone, sans cesse, depuis mon départ. Je soupire, et décide de l'éteindre.

Clara: c'est encore lui ? Elle désigne mon téléphone d'un signe de tête

-Ouais... heureusement qu'il te connaît pas, sinon il serait venu nous harceler jusqu'ici. Je ricane amèrement.

Elle pouffe de rire et prend son vieil ordinateur, pimpé par plein d'autocollants de ses idoles. Je me place à côté d'elle, histoire de regarder ce qu'elle fait et ainsi tuer le temps, et je fronce les sourcils quand je vois un article sur le skyblog du BDE.

-Attends. Reviens en arrière deux secondes s'il te plaît. Elle s'exécute. Voilà ! Là ! Stop. Je pose mon doigt sur l'écran et je commence à lire ce qui y est inscrit.

En une fraction de seconde, la même idée nous vient en tête, et en un regard, je sais qu'on s'est toutes les deux comprises, sans un mot.

J'allais enterrer la petite fille sage et rangée que j'étais, pour enfin gagner en indépendance et en liberté.., peut-être même un peu trop.

__
La situation est plus que tendue chez Laura ...

INSTA : thereal_auda
TWITTER : auda

[SCH] 𝐅𝐔𝐒𝐈𝐋Où les histoires vivent. Découvrez maintenant