[SCH] 𝐅𝐔𝐒𝐈𝐋

Chapitre 10

[LAURA LEROY]
Marseille, Avril 2009

Allongée dans mon lit, ma paire d'écouteurs sur mes oreilles, j'écoute mes rappeurs préférés en fumant un joint.

Plus le temps passe, plus je deviens accro à cette merde. Je sais que c'est mauvais pour la santé, et que je devrais arrêter, mais c'est plus fort que moi. C'est la seule chose qui me permet de supporter mon calvaire, et de supporter mes cours de médecine.
Le rythme est tellement soutenu, que se droguer est limite impératif pour pouvoir tenir le coup. C'est triste à dire, mais je crois qu'il n'y a pas un seul étudiant dans ma promo qui soit clean de A à Z. Les « petits joueurs » fument du shit, les plus camés sniffent la blanche. Bienvenue en médecine.

Je sens que je commence à planer, et à partir loin, dans un endroit où je pourrais vivre de ma passion pour le patinage, pourquoi pas avec Julien, et vivre notre amour sans nous cacher vis-à-vis de mes parents. Mais tout d'un coup, je sens qu'on tire sur le fil de mes écouteurs et mon retour à la réalité est plus que douloureux.

Papa: tu m'expliques un peu ? Je sens qu'il scrute mon regard et je comprends que je dois avoir les yeux rouges

-y'a rien à expliquer. Je me lève. Maintenant tu peux faire demi-tour et sortir de ma chambre, merci. Je commence à le pousser vers la sortie

Papa: parce que tu crois que je vais laisser ma fille sombrer dans cet état ? Il résiste

-c'est maintenant que tu t'inquiètes pour moi ? Nan parce que c'est trop tard ! Fallait y réfléchir au moment où tu as rempli ce dossier d'inscription

Papa: je l'ai fait pour toi

-non. Tu l'as fait pour toi, pour la réputation de la famille. Ne commence pas à te faire passer pour un bon père. Un bon père, ça s'intéresse au bien-être de sa fille, ça cherche à discuter en cas de désaccord, ça respecte les choix de son enfant. Et toi t'as rien fait de tout ça

Papa: tu sais pas ce que tu dis, tu es dans un état second. Je sens qu'il cherche à se rassurer

-j'ai jamais été aussi franche et honnête que maintenant. Alors regarde-moi bien dans les yeux. Tout ce qui m'arrive est de ta faute. Tu devais t'en douter en m'inscrivant là-bas que j'allais finir fonce-dé, on est tous comme ça

Papa: bien sûr que non ! Y'a peut-être un ou deux petits voyous, oui, mais tu n'avais qu'à pas te laisser influencer par eux

-mais tu te rends compte de ce que tu dis ? Y'a pas un ou deux « voyous » comme tu dis, mais au maximum deux personnes qui ne sont pas droguées ! Tu m'as envoyé dans le sanctuaire des crackheads !

Maman: qu'est-ce qu'il se passe ? Elle arrive, alertée par nos haussements de voix

Papa: ta fille se drogue. Elle se retourne vers moi, choquée, avant de se signer