Chapitre 6

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[LAURA LEROY]Marseille, Novembre 2008

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[LAURA LEROY]
Marseille, Novembre 2008

Après les cours, auxquels j'ai assisté et été investie, nous avons décidé avec Clara d'aller se poser près de la plage. Le vent frais qui tape et fait virevolter nos cheveux nous amène une odeur d'iode au nez, à mesure qu'on se rapproche du bord de mer. Je serre mon manteau quand un frisson me parcourt la colonne vertébrale. Il faisait moins frais ce matin.

Alors, de manière assez naturelle, et d'un commun accord avec Clara, on opte plutôt pour le petit bar du bord de plage qu'on a l'habitude de fréquenter pour nos révisions. Biens au chaud, une tasse de café à la main, on regarde les passants à travers les fenêtres, pressés de se mettre à l'abri depuis que la pluie a commencé à tomber.

Je pose mon menton dans la paume de ma main, et je regarde ce spectacle d'un œil absent, comme si j'avais le regard dans le vide. Parce que finalement, je ne regarde pas tant ce qu'il se passe. Mon esprit est occupé par un garçon. Julien.

Clara: t'es avec moi ?

-non. Pardon

Clara: Julien ? Je hoche la tête

-Ouais. C'est dingue hein ?

Clara: il a retenu ton attention. Elle hausse les épaules. Il doit sûrement avoir quelque chose qui t'intrigue

-en vrai, je sais. Enfin je crois. Clara commence à s'installer un peu plus confortablement, prête à entendre ce que je m'apprête à lui dire. Disons que je crois que c'est celui qui me comprend le mieux

Clara: sympa pour moi. Elle me fait un grand sourire et je comprends qu'elle plaisante

-non mais toi c'est différent. J'veux dire, il est pas de notre monde, et il m'écoute me plaindre sans rien dire. Tu vois, normalement il devrait me dire un truc du genre « t'as pas le droit de te plaindre, bla-bla-bla », un discours moralisateur finalement. Elle hoche la tête. Et là, pas du tout. Il m'écoute, me conseille, comme s'il était de notre milieu. Alors que finalement, le seul truc qu'il connaît dans sa vie, c'est les huissiers et les problèmes financiers.

Clara : un mec compréhensif ? Et en plus attentif à ce que tu lui dis ? Mais waw ! Elle claque des mains. Épouse-le, c'est le mec parfait en fait ! Je secoue la tête en pouffant de rire.

-mais rigole pas ! Il se souvient de tout ce que je lui dis ! J'ai l'impression que ce que je lui dis l'intéresse vraiment, comme s'il cherchait à tout savoir de ma vie, parce qu'il veut potentiellement se rapprocher de moi

Clara : enlève le « potentiellement », ma belle. Je fronce les sourcils. Un mec qui s'intéresse à toi et à ta vie, et qui t'as toujours pas touché depuis le départ, c'est qu'il veut vraiment du concret et du sérieux avec toi. Sinon, il aurait déjà couché avec toi sans prendre la peine de te parler ou de connaître ton prénom. Elle hausse les épaules, comme si c'était évident

-Ou alors, il me considère comme son amie

Clara: tu crois vraiment à l'amitié fille-garçon ? Je grimace. Y'en a toujours un des deux qui veut plus que de l'amitié, et qui trouve de l'ambiguïté là où y'en a pas.

J'hoche la tête avant de reprendre une gorgée de mon café, qui a malheureusement refroidi, me faisant grimacer.
On pensait tous qu'il était sincère, et il nous a tous berné...

[JULIEN SCHWARZER]
Au même moment

Je vise avec mon arme, ajuste pour être bien en face de la cible, et tire. Quelques détonations et donc quelques tirs après, je m'approche du papier pour regarder ce que j'ai infligé à ce pauvre cercle. En plein dans le mille.

Le stand de tir est devenu comme ma deuxième maison, depuis que les armes sont devenues ma passion, très certainement à force de regarder des films. Il faut dire que dans la famille, on est tous cinéphiles, et notamment fans de films de mafieux. Et qui dit mafia, dit armes. Et même si je peux pas prouver par A + B que c'est à cause de ça que je suis fan des flingues, j'en suis quand même plus ou moins persuadé.

Je décroche la cible, et m'avance vers mes potes pour leur exhiber mon trophée, mon pistolet déchargé dans l'autre main.

-ho les mecs ! Guettez moi ça ! Fabien siffle, visiblement impressionné

Fabien : Ah ouais, tu fais pas semblant toi ! Franchement on est tranquilles si le coup tourne mal, tu pourras toujours nous défendre !

Le A: ouais d'ailleurs en parlant de ça, t'en es où du plan Schneider ?

Merde... j'avais complètement oublié ce fichu plan. A vrai dire, à chaque fois qu'on se voit avec Laura, je suis tellement à fond, à l'écouter, et passer du temps avec elle, que j'ai zappé de mon esprit le fait que je devais récolter des informations sur elle.

En fait, plus le temps passe, plus elle s'ouvre à moi, plus je suis pris de remords et plus j'ai envie de faire machine arrière. On dirait pas comme ça, mais cette fille, c'est pas qu'une simple gosse de riche pourrie gâtée. C'est même l'exact opposé. J'sais pas comment l'expliquer, mais on sent qu'elle est pas à sa place, qu'elle est malheureuse dans ce monde-là. Et j'arrive pas à me dire qu'elle ne devait être que notre victime, tellement je la considère maintenant comme une amie. Ouais, j'ai des scrupules à l'idée de l'imaginer comme la victime de notre plan.

Mais comme je peux pas dire aux garçons, remplis d'espoir, que je veux arrêter la mission, parce que j'ai de la peine pour elle, qu'elle est devenue ma confidente, et que j'ai bien envie d'aller plus loin avec elle, bah j'vais mentir à mes frères de cœur.

J'me suis mis dans la merde en reniant certaines de mes valeurs essentielles comme l'honnêteté envers mes frères, rien qu'pour sa gueule d'ange. Et après, elle dira que j'ai pas été sincère envers elle.

-et bah ça avance tranquillou. Je leur offre un sourire confiant

Fabien: t'en es où, à peu près ?

-elle commence à me faire confiance. Elle me fait déjà confiance, pensais-je. Dans pas longtemps elle va se livrer à moi, et donc d'ici deux-trois mois, je pense que je connaîtrais le planning de la famille, histoire de savoir quand le champ sera libre pour nous

Le A: bon boulot ça. Il hoche la tête, satisfait

Fabien : et tu sais ce qu'ils ont ?

-de valeur ? Il hoche la tête. Pas encore. J'attends qu'elle m'invite chez elle, je verrais mieux comme ça

Le A: aï, il va pinner la gadji. On rigole tous

-Nan mais tu vois ce que je veux dire. Il hoche la tête en séchant ses larmes. Comme ça, je repère les objets et leur place. Ça ira plus vite que si on doit décortiquer ses photos

Fabien : Schneider il a eu une trop bonne idée, la vérité !

Tous acquiescent, et me félicitent de cette bonne idée.
A vrai dire, c'est surtout pour moi un bon moyen de gagner du temps, en espérant que cette idée passe à la trappe assez rapidement.

Je commençais à changer d'avis, mais j'ai pas eu le courage de faire machine arrière, tant qu'il était encore temps.
Et ça n'allait bientôt plus être possible ...

__
Julien commence à avoir des regrets et pense à faire machine arrière. Mais aura-t-il le courage de le dire à ses amis ?
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