[SCH] 𝐅𝐔𝐒𝐈𝐋

Chapitre 24

[JULIEN SCHWARZER]
Marseille, Avril 2012

Aujourd'hui, j'suis tarpin tendu. J'ai invité ma gadji chez moi, et j'vais lui montrer mon cahier d'rap. Après sa GAV, on a énormément parlé, on a tout mis à plat entre nous, et j'lui ai juré de me bouger le fion pour percer dans le rap. Ça m'a foutu un putain d'coup dans l'bide quand elle m'a dit qu'elle voulait abandonner et laisser le temps nous séparer. Parce que p't'être que je lui montre pas suffisamment, mais j'suis accro à sa p'tite tête, et j'l'aime vraiment comme un dingue.

Le fait de lui montrer mes trucs, ça lui rendra sûrement l'bail plus concret, et j'espère que ça la rassurera en lui prouvant que je fais vraiment des efforts pour percer. Mais là, j'suis quand même hyper mal à l'aise. Parce que j'ai écrit des trucs hyper intimes, des trucs que je lui ai jamais dit et dont elle se doute peut-être pas. Mais si c'est pour la bonne cause, alors j'accepte de me taper l'affiche, et de me taper la honte de ma vie. Si ça peut lui permettre de me faire de nouveau complètement et aveuglément confiance.

Ça sonne à la porte, et, toujours assis à la table de la cuisine, le livre noirci d'encre devant mes yeux, je lui crie que la porte est ouverte et que je l'attends.
Elle débarque dans la pièce, son nouveau sac à la main, et ses talons tout neufs. Elle se penche pour embrasser ma mâchoire, et s'assoit en face de moi, avant de croiser ses jambes et de glisser son sac Chanel à ses pieds.

-commence pas, sinon j'vais bander et on sait très bien comment tout ça va finir. Elle pouffe de rire

Laura: c'était la suite du programme sur le papier, ça. Elle passe sa langue sur ses lèvres, et je serre les mâchoires en la voyant faire. Schneider faiblit ? Elle prend son air innocent, et je lui pousse le carnet devant elle, avant de faire reposer mon dos contre le dossier de ma chaise. C'est quoi ? Elle relève la tête vers moi après l'avoir longuement détaillé, les sourcils froncés

-la raison de ta venue ici. Elle semble toujours perdue. Ce truc-là, c'est toute ma vie

Laura: toi aussi t'as un journal intime ? J'ai un petit rictus amusé

-en quelque sorte, ouais. J'écris peut-être dedans depuis 2005. Elle me regarde fixement. Tu peux l'ouvrir. Elle s'exécute, et à partir de là, elle n'a plus rien dit pendant un long moment

[LAURA LEROY]

Je laisse mes doigts parcourir les feuilles couvertes de l'écriture si caractéristique de Julien.

« Elle sera dans de beaux draps sous ma couette
J'prend la palette, son cul j'fouette
Quatre pattes d'vant oim', elle tient ma bite
J'lui souris, les dents noircies par l'shit »

« Plus j'fume plus je m'enfonce
J'laisse ses interrogations sans réponses
Gosse addict à la gue-dro
J'veux la mainmise sur le magot »