[SCH] 𝐅𝐔𝐒𝐈𝐋

PROLOGUE

[JULIEN SCHWARZER]
2019

La musique commence à envahir la salle, et je sens ma gorge se nouer. Même après autant de temps, interpréter cette chanson me fait toujours autant mal. Derrière mes lunettes de soleil, mes yeux se remplissent de larmes en repensant à elle. Au moment où j'ouvre la bouche pour commencer à chanter, le public me devance et je le remercie intérieurement. Je sens que ma voix allait se briser à ce moment et sans s'en rendre compte, ils m'ont sauvé la mise.

« Elle voit la taille d'mes jouets. Évidemment qu'j'suis joueur. J'ai plus peur d'échouer. Noyé dans des larmes de douleur. Tes diamants sèches-les. Quand elle brille tout la-haut, elle nous voit, j'réalise à quel point le ciel est beau »

J'essuie discrètement une grosse larme qui roule sur ma joue avant de poser mon regard sur ma main gauche. Ma main tatouée. A côté des 4 lettres de mon père, une rose. J'ai fait recouvrir un ancien tatouage symbolisant un micro pour pouvoir lui rendre hommage. Elle avait exactement le même.
Et dire qu'avant je me moquais de sa rose, disant que c'était un tatouage de lopette. Si elle me voyait, pensais-je.

« Dans l'vent et la braise on a grandi mais j'veux mourir près de l'eau ».
Le vent et la braise, deux éléments qui symbolisaient parfaitement notre environnement familial : bordélique et chaotique.

À cet instant précis, je ferme les yeux et j'ai l'impression qu'elle est en face de moi, et que je peux la toucher, la serrer fort dans mes bras et lui dire à quel point je l'aime et je l'aimerais pour toujours. Car ouais, même après autant de temps à vivre ou plutôt survivre sans elle, je l'aime toujours autant, comme au premier jour, comme un dingue. Et plus les années passent, plus je vis sans elle, plus elle me manque et plus j'ai l'impression de l'aimer.
Peut-être qu'on était faits que pour passer un bout de chemin ensemble, qui sait ?

On était deux jeunes un peu paumés, mais j'ai toujours été sincère avec elle, malgré ce qu'elle a pu penser.

A l'évocation de mes sombres plans de fin de vie, je revois la carcasse de sa voiture, quand les pompiers l'ont sorti de l'eau. Je revois son corps inanimé, glacé, comme mort. Et je considère que c'est à ce moment-là, que je l'ai réellement perdu. Ni avant, ni après ce moment. Alors mourir près de l'eau, c'est comme un moyen de me rapprocher d'elle, et de la retrouver. Comme si ça allait me permettre de rattraper le temps perdu avec elle, et de comprendre ce qu'elle a pu vivre et ressentir, seule, au fond de l'eau.

Retrouver cette femme qui m'a tant marqué plus jeune, lorsque je n'étais encore qu'un petit con perdu. Lorsque je n'étais pas encore connu.
Retrouver cette femme qui me manque tellement. Celle qui me permettait de m'évader de mon quotidien de merde, celle qui m'a fait rire et pleurer. Celle qui m'a fait devenir un homme. Celle qui m'a fait découvrir ce que c'était que d'aimer quelqu'un, sincèrement et viscéralement. Celle qui n'a pas hésité à se mettre dans la merde tant de fois, juste pour m'aider et pour pouvoir sauver mon cul quand j'avais déconné.

« Tu m'as pas vu changer l'fusil d'épaule »

Mon plus grand regret ici-bas, juste après celui de ne pas avoir assez profité de mon père. J'aurais tellement aimé que Laura me voit en haut de l'affiche, me voit en tant que SCH et plus seulement en tant que Julien Schwarzer.
Qu'elle me voit changer le fusil d'épaule, sortir la tête de l'eau.
Qu'elle voit que je n'ai jamais fait semblant avec elle.

Je l'ai toujours aimé, et aujourd'hui, elle n'est plus là pour le voir.

Je l'ai aimé, je l'aime et je l'aimerais.

A jamais et à toujours.

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Et voilà le prologue de ma nouvelle fanfic !
C'est une histoire qui sera courte, mais que j'affectionne énormément et j'espère qu'il en sera de même pour vous !

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