Chapitre 6

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Le noir total. Aucune peur. La sérénité. Uther crut voler au beau milieu d'une mer scintillante. Une myriade de lumières vertes, comme autant de lucioles, filait tout autour de lui. Un courant lumineux. Une sensation des plus apaisantes.

De part et d'autre de son corps, il y avait d'imposantes ramifications se rassemblant plus loin en un centre pour former un édifice titanesque. Il se laissait dériver vers cet endroit, entouré par les lumières qui le portait et réchauffaient sa peau...

Soudain, les lucioles s'éteignirent, moururent, puis tombèrent comme s'abat la pluie. Un vent glacial et putride vint lui gifler le visage.

Redressant la tête, il vit une forme au-delà des ramifications, une forme sombre et incertaine, vaporeuse, ou bien liquide peut-être, qui ne cessait de grossir.

De la forme jaillirent des milliers d'appendices, qui fusèrent dans sa direction à toute allure. Les ramifications s'interposèrent, le protégeant de l'attaque. Mais, comme des tentacules, les appendices tentaient de les arracher, ou de les écarter pour se frayer un chemin, il faisait froid, si froid...

Les ramifications tenaient bon, mais pendant combien de temps encore ? Alors que les tentacules étaient de plus en plus nombreux, un cri aigu et strident résonna au cœur des ténèbres, des sons horribles et agressifs, le cri d'un animal, d'une bête monstrueuse. Puis un grondement, dans son esprit cette fois, grave et guttural. C'était une voix qui semblait venir du cœur des ramifications. Uther avait la sensation qu'elle lui voulait aucun mal, pourtant elle était alerte.

GRIIIAFHGT MTHMOOO ! entendit-il.

***

Uther se réveilla en sursaut, le souffle court, les yeux hagards. Tout son corps transpirait, ses mains tremblaient.

Il se redressa, saisit la bouteille de rhum près de lui et prit une grosse gorgée. Après quoi il se frotta le visage, se mordit même un doigt pour être certain d'être bien réveillé. Cette sensation affreuse, comme s'il avait été sur le point de mourir. Par le passé, nombreuses furent les fois où il risqua sa vie, mais jamais il n'avait éprouvé une telle terreur, une peur viscérale, une angoisse qui avait touché son esprit au point le plus profond.

Il était épuisé aussi, mais refusait maintenant de se laisser retomber dans le lit, trop effrayé à l'idée de se rendormir.

Irina entra dans la pièce à ce moment-là. Au regard qu'affichait Uther, elle comprit que quelque chose s'était passé. Alors, elle s'approcha et s'assit à côté de lui dans le lit.

Il la regarda un instant, puis toucha son visage pour être sûr qu'elle était bien là, qu'elle était réelle. Ses joues étaient chaudes et douces. Alors, il se jeta dans ses bras, comme un enfant apeuré.

Irina en fut quelque peu désemparée, car il était rare qu'Uther se laisse aller, encore moins qu'il s'abandonne pour se réfugier de la sorte auprès d'elle.

Cela l'inquiéta beaucoup. Et ses tremblements... il frissonnait. En le touchant, elle sentit qu'il était trempée de sueur. Aussi, il avait froid. Sa peau semblait gelé.

Elle allait se lever pour mettre de l'eau à chauffer, mais il l'en empêcha, la gardant près de lui, restant dans ses bras où il se savait en sécurité.

Elle n'insista pas et le laissa faire.

***

Un peu plus tard, Uther avait retrouvé ses esprits. Irina lui avait préparé un bain de tilleul, quelque chose d'apaisant.

Quelle était ce mal qui s'était emparée de lui ? Elle n'en avait aucune idée et c'était bien cela qui l'inquiétait le plus. Uther ne tombait jamais malade, n'avait jamais de fièvre, ni aucune infection grâce à la mystérieuse pierre qui pendait à son cou, qui l'avait guéri quelques jours auparavant, et l'avait maintes fois sauvé de la mort en soignant ses nombreuses blessures passées. Chaque fois, sans faute.

Le Cœur, la Foi et le Fer 🏆 (Roman)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant