Chapitre 8

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C'était comme dans un rêve. Le ciel était obscur et des jets de lumière aux couleurs boréales dansaient tout autour d'elle, comme emportés par le vent.

Les ombres à ses côtés se tenaient immobiles, tout comme elle-même. Leur présence était réconfortante, elle avait moins peur à leurs côtés, elle se sentait plus forte.

La lumière, qui leur faisait face, agitait ses rayons comme dansent les galbes d'une flamme. Qu'elle était douce cette lumière, qu'elle était agréable et chaude. Elle les appelait, elle leur susurrait quelques mots qu'ils n'entendaient pas, mais comprenaient malgré tout.

Alors, la lumière se mit en marche.

Elle et les autres ombres suivirent, un léger trouble dans le cœur alors qu'ils franchissaient le portail derrière lequel se dressaient les ténèbres. Mais sa crainte était moindre, car la lumière était toujours là. Tant qu'elle ne la perdait pas de vue, elle serait en sécurité, elle n'aurait rien à craindre.

Avec ses sœurs, les ombres, elle fila à travers les ténèbres, se cachant des créatures monstrueuses qui rodaient ça et là, tapies dans l'ombre, prêtes à les attaquer. Mais, chaque fois, c'est elle qui attaquait la première, avec ses sœurs qui jamais ne l'abandonnaient.

La lumière, ne jamais perdre de vue la lumière...

Tout le reste n'était que fumée sombre et ténèbres vacillantes. La lumière les guida un peu plus loin dans le noir, là où quelques autres créatures monstrueuses étaient tapies.

Elle et ses sœurs s'élancèrent au-devant de leurs faces démoniaques, ces formes squameuses qui semblaient faites de vase et de tentacules hideux, dont on apercevait à peine les yeux jaunes et laiteux, sinon les crocs effrayants et les griffes acérées, qui tentaient de leur arracher la chair.

Elle avait peur de ces monstruosités, mais la lumière ne la quittait jamais, elle veillait sur elle. Ses sœurs tombaient parfois sous les coups meurtriers d'une de ces abominations, mais d'autres venaient aussitôt venger celle qui était tuée, car les ombres étaient sœurs, elles faisaient partie d'un tout, elles appartenaient à la lumière, dont elles étaient l'envers.

Après avoir éprouvé ses enfants au combat, la lumière les mena au plus profond de cette caverne faite de ténèbres, afin qu'elles terrassent d'autres monstres qui semblaient s'y cacher.

L'endroit était de plus en plus étroit, la caverne semblait être la gorge infâme de quelque géant, serviteur des ténèbres.

Lorsqu'ils furent tout proches, la lumière se joignit à ses ombres et prit forme, la même forme qu'elles. Alors, de sa voix inaudible, elle leur transmit ses ordres, l'ordre d'attendre son signal avant d'agir.

De là où elle se tenait, elle entendait les créatures monstrueuses s'agiter dans leur repère, des cris, des grognements gutturaux, parfois des rugissements. À force d'y prêter attention, les sons distordus semblèrent plus clairs l'espace d'un instant, et derrière la porte de fumée elle sembla distinguer une phrase, comme si elle avait été prononcée par un humain.

Mais, c'était sans doute un piège, car les créatures monstrueuses étaient douées pour duper leurs ennemis. Ces quelques doutes furent balayés dès l'instant où la lumière s'adressa à nouveau à elle et ses sœurs, en ordonnant l'attaque.

Alors elle s'élança, oubliant cette phrase qu'elle avait cru entendre et dont les paroles moururent comme revinrent les cris des bêtes.

Oui, ce n'était que des cris et rien d'autre, pas les mots qu'elle avait entendus et qui avaient semblé être : ... Mesdames et Messieurs les dissidents, je ne vous retiens pas.

Le Cœur, la Foi et le Fer 🏆 (Roman)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant