Chapitre 13

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La fosse, le lendemain matin.

Vers sept heures, rue des Épinoches, Amiel sortit du numéro 10, suivi de cinq garçons qui avaient entre neuf et seize ans.

– Chacun se rappelle ce qu'il doit faire ? demanda le meneur.

Tous les soldats acquiescèrent.

– Bon, alors allons-y. Amato, tu prends la rue des Huchots. Gian, la place du Marché. Nanni, la rue du Peirado. Pipo, la porte des Tuiliers et enfin, Salvatore, la rue des Dragonnets. Moi je me charge de l'avenue principale. Et faites bien attention aux capiferros, vu ?

Tous hochèrent de la tête.

– Allez les enfants, dispersion ! fit Amiel en claquant des doigts.

En une heure à peine, on pouvait trouver un peu partout dans le quartier des tracts sur les panneaux d'affichage.

Au bout de deux heures, ils circulaient de main en main parmi les habitants, qui pouvaient y lire le message suivant.


Bafouille aux rogneux

Les affranchis que les capiferros veulent mettre à l'agriche n'ont pas décanillé !

Les dabots de bornio se sont fait rectifier, mais dans la dernière main il reste encore des as, assez pour débarbouiller jusqu'au dernier client.

Les focards, c'est le poivre du coinstot. Ils camouflent votre charbon, embusque vos tribus, bourlinguent vos gosselards et vos balladeuses.

Mais les tauliers de la fosse, c'est le populo !

La bigorne a commencé lorsqu'ils ont béquillé le premier mironton, il est temps de rincer l'ardoise au marasquin.

Les aminches qui veulent faire la passe peuvent mettre une camoufle à la luisante pendant la veillée du borgne, pour les adeptes à manier l'outil, il suffit de doublez la mise.

Tenez la chandelle au borgne, car il pourrait y avoir une babille pour l'informe, avec un rambot pour le goupin.

Les tricards auront le dernier mot !


Quelques masques de fer étaient bien tombés sur le message, en passant devant un panneau d'affichage, mais comme l'avait prédit Eugène, ils n'y comprirent rien et prirent la chose pour une annonce quelconque.

De fait, ils ne s'en soucièrent pas le moins du monde.

Pour les habitants de la Fosse, c'était tout le contraire.

La plupart avaient décodé l'appel et en révélèrent la teneur aux ignorants de l'argot, en leur traduisant le message.


Lettre aux insurgés de la Fosse.

Les bandits qui sont recherchés par les masques de fer n'ont pas pris la fuite !

Les chefs de bandes ont bien été tués, mais la poignée que nous sommes s'est regroupée

Bien décidée à les tuer jusqu'au dernier.

Ces fanatiques sont le poison de notre quartier.

Ils volent votre travail, arrêtent vos proches, malmènent vos enfants et vos femmes.

Le Cœur, la Foi et le Fer 🏆 (Roman)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant