Chapitre 16

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Neuf heures du soir...

Au rez-de-chaussée, les mains serrées sur son mousquet et l'œil perçant, Rostand, Lenoir et Julio étaient tapis dans la pénombre, chacun posté à la fenêtre d'un pignon de la maison, surveillaient attentivement la rue.

Pas un bruit.

Tout semblait calme dans la rue des Fourneaux.

Au premier sous-sol, Artus et le docteur Milosa, qui avait reprit connaissance, rassemblaient tous les documents compulsant les recherches d'Artus, tout son travail sur les deolithes, et chargeaient cela dans la charrette située au dernier sous-sol, grimaçant à chaque passage à cause de l'odeur écœurante du sang et de la poudre noire présente dans la pièce.

À l'étage, Uther et Desfontaines venaient de coucher Lescurier, qui était blême et toujours à bout de forces.

Comme ils avaient profité de ce temps ensemble pour se passer les informations, Desfontaines terminait tout juste son récit lorsqu'ils avaient déposés Lescurier sur un lit.

C'est à ce moment-là qu'elle parla du collier, l'entrave, qu'Ange avait récupérée au temple et qui lui avait coûté sa main gauche.

– Ce collier, tu l'as toujours ? demanda aussitôt Uther.

– Oui, nous sommes venus ici aussitôt. Le voici, ainsi que le flacon de cette étrange poudre que les dévots récoltaient sur les os de leurs camarades.

Uther observa les deux objets.

Lorsqu'il saisit le flacon de poudre et l'observa de près, il sentit sa deolithe vibrer légèrement à travers sa chemise.

Pas de doute, ce qu'il y avait là-dedans était aussi une deolithe, réduite en petits morceaux, que les fidèles de Kaël faisaient ingérer à leurs prisonniers pour leur insuffler la rage guerrière, l'esprit du Barska.

Artus et Savignin avaient raison, songea-t-il.

D'après le récit de Desfontaines, surtout la quantité d'esclaves – c'est ainsi qu'elle les nomma – qu'elle avait vus dans un seul cachot, Uther comprit enfin pourquoi son médaillon s'était tant emballé lorsqu'il était passé devant le temple, le soir du massacre du Fumoir d'orient.

Une légère vibration avec un seul flacon tout près de moi... par les Dieux ! Quelle quantité de ce poison y a-t-il dans le temple pour que ma deolithe se soit agitée si fortement l'autre soir, et ce depuis le bout de la rue ? se demanda-t-il avec effroi.

Lorsqu'il examina ensuite le collier, qui ressemblait trait pour trait au dessin que lui avait montré Rostand, il alla aussitôt dans l'autre chambre, au chevet d'Irina.

Il était temps de vérifier la théorie qu'avait avancé Rostand et que soutenait Artus.

Il regarda sa montre. Neuf heures et quinze minutes. Cela faisait donc un peu plus de deux heures qu'elle était allongée.

Si Rostand avait raison, l'entrave réussirait à couper le lien entre l'esprit de la deolithe et Irina. Avant cela, Uther voulait s'assurer que la tentative de guérison, par les symboles qu'Artus avait inscrits tout autour de l'œil d'Irina, avait fonctionnée.

Il souleva délicatement le pansement, les symboles avaient disparu.

Partant de la pommette, passant sur la paupière, l'arcade et se terminant au-dessus, il y avait à présent une fine cicatrice, parfaitement refermée.

Le Cœur, la Foi et le Fer 🏆 (Roman)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant