Chapitre 18

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Lorsqu'ils entrèrent dans la chambre, Milosa et Rostand remarquèrent tout de suite Artus, assis à même le sol, la tête en avant, en train de vomir pendant qu'Uther lui tapait dans le dos.

Sa respiration était saccadée, ses yeux rouges, ses pupilles dilatées comme s'il était sous l'effet d'une drogue. Aussi, il transpirait à grosses gouttes et frissonnait tellement que ses dents claquaient bruyamment.

Sur le lit, Mercurier était éveillée, elle aussi.

Il fallait bien la regarder pour s'en rendre compte, car si ses yeux étaient grand ouverts, le reste de son corps était parfaitement immobile.

Son regard était fixe, tant et si bien que sans le mouvement de ses pupilles s'ajustant régulièrement au gré de la lumière, on la croirait véritablement morte.

De sa bouche entrouverte s'échappait un filet de bave qui roulait le long de sa joue.

Morte, mais en vie, fut la pensée qui passa à travers l'esprit de Rostand lorsqu'il la regarda.

Une fois que les crises de vomissement d'Artus furent calmées, Irina et Uther échangèrent furtivement un regard.

Ce dernier aida Artus à se lever, faisant signe à Milosa de venir lui prêter main forte pour le porter dans la chambre voisine.

Rostand allait les suivre, mais Irina le retint par le bras.

– Attends, dit-elle à voix basse.

Elle s'assura que les autres étaient bien partis, puis referma la porte.

– Je vais avoir besoin de ton aide pour transporter le corps hors d'ici.

Rostand fronça les sourcils, comprenant parfaitement ce qu'elle évoquait à demi-mot.

Il se tourna et s'appuya, poings serrés, contre le rebord du lit.

– Faut-il absolument que ce soit moi ? Ne peux-tu pas demander l'aide de quelqu'un d'autre pour cette fois-ci ? demanda-t-il, en retenant toute la colère qu'il avait dans le cœur.

– Il faut que ce soit toi, Savignin.

– Pourquoi ?

– Parce que tu es le seul que je crois capable de traiter la dépouille de Mercurier avec tout le respect qu'elle mérite pour nous avoir aidés. Préfères-tu peut-être que je demande à Isabelle de m'aider à la tâche ?

Rostand se retourna subitement, le regard acéré.

– Non. Ce sera moi et personne d'autre ! affirma-t-il.

– Bien. Dans ce cas, si tu souhaites dire quelques mots pour elle, fais-le. Ensuite je mettrai fin à ses souffrances.

***

Dans la chambre voisine, Artus eut toutes les peines du monde à retrouver un souffle régulier et à calmer ses tremblements.

Milosa lui frotta le dos pour le réchauffer, puis lui offrit un peu d'eau pour se rincer la bouche.

Artus finit par s'allonger sur le lit, car il semblait éprouver un grand besoin de se libérer du poids de son propre corps, lequel lui pesait terriblement, selon ses dires.

– J'espère qu'il n'a pas contracté la fièvre... dit tout bas Milosa à Uther, craignant que ce genre de propos incohérents ne soit les prémices d'une folie naissante.

Mais ce dernier répondit par la négative.

Il n'avait aucun doute sur ce qui rongeait Artus. Certes son corps était éprouvé par le retour, mais ce n'était pas que cela. Lorsque le renard lisait dans le regard du professeur avec attention, il n'y voyait aucune folie. C'était bien plus simple que cela en vérité, c'était de la peur.

Le Cœur, la Foi et le Fer 🏆 (Roman)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant