Chapitre 12

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Le lendemain matin, le groupe se réunit dans la salle à manger. Desfontaines, Eugène, Lescurier et Lenoir étaient prêts à partir.

Chacun d'eux fit ses adieux et souhaita la bonne chance à Uther, Rostand et Artus, ce dernier rougissant légèrement lorsque Lenoir déposa un baiser sur sa joue, alors que dans le même temps elle lança à Uther un regard mauvais.

Ce dernier n'en eut cure, mais imagina assez bien de quelle façon la demoiselle avait satisfait ses pulsions de la veille, en terminant probablement son escapade nocturne dans la chambre d'Artus.

Uther prit alors Desfontaine à part.

– Méfie-toi d'Isabelle, lui dit-il. Si elle partage notre désir commun de vengeance, elle reste l'élément le plus instable de notre groupe. Je déplorerais qu'elle puisse vous mettre en danger par caprice.

– Ne t'inquiète pas, je la tiendrai à l'œil. Et puis, tant qu'elle aura à faire, elle n'aura pas le temps de m'inquiéter. C'est le genre d'esprit qu'il faut occuper sans cesse pour lui éviter de ruminer.

– J'ai toute confiance en ton jugement, cheffe.

Desfontaines lui sourit.

– Oh, j'ai failli oublier, dit-elle. Je t'écrirai chaque jour un rapport de ce qui se passe au Petit-port, afin de te tenir informé, et je veux que tu me répondes chaque fois, sans faute. Cela nous permettra à l'un et l'autre d'être certains que tout va pour le mieux.

– Astucieux. Si l'un de nous s'abstenait d'écrire, l'autre pourrait en déduire qu'il y a eu un problème.

– C'est cela. Si jamais je n'ai pas de réponse de ta part, j'en conclurais qu'il nous faut venir vous secourir et j'attends à ce que tu observes la même règle pour nous. Je dois pouvoir compter sur toi et Savignin pour nous porter secours si les choses tournent mal.

Uther acquiesça.

C'était à présent le moment de se dire adieu.

Desfontaine avait quelque chose de mélancolique dans le regard, comme une sorte de tristesse à l'idée de partir, mais, en tant que cheffe, elle ne pouvait se laisser aller à quelques faiblesses sentimentales de ce genre.

Alors elle tendit simplement la main à Uther pour lui dire au revoir.

Ce dernier, qui éprouvait la même mélancolie à l'idée de voir ses camarades s'en aller, devina ce que réprimait sa supérieure et la prit dans ses bras.

Il adressa ensuite un ultime bonne chance collectif à ses camarades.

***

Lorsque la grande horloge du quartier de la Mare sonna ses neuf coups, Uther, Rostand et Artus estimèrent qu'il était grand temps de se mettre au travail.

Comme Rostand était homme de lettres, Artus lui mit entre les mains le volume contenant toutes les informations et tout le savoir qu'il avait pu rassembler à propos des deolithes, ainsi que les ouvrages traitant des anciennes civilisations leur étant associées.

Rostand se plongea alors, non sans une certaine joie, dans la lecture de ces livres si riches de savoir, qui ne manqueraient certainement pas de stimuler tant son intellect que son esprit de poète.

Pendant ce temps, Artus emmena Uther non pas dans son laboratoire, comme ce dernier l'avait cru, mais dans sa chambre.

En entrant, Uther reconnut tout de suite l'odeur caractéristique de l'air étouffé, parfumé de la sueur et du musc que dégagent les amants pendant une nuit d'ébats.

Le Cœur, la Foi et le Fer 🏆 (Roman)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant