Partie 30 ~ Une nuit à l'hôpital ~

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Elle monta sur cette scène dans un état second, elle avait l'impression d'assister aux choses plus que de les vivre. Elle prononça un discours qu'elle avait passé des heures à écrire mais qui lui sembla bien vide de sens tout à coup. Elle repensa aux paroles de Ginny et quand elle observa tout ce monde devant elle, l'espace d'un instant, elle repensa à la première fois où elle avait fait ça, il y a sept ans : c'était la première commémoration, la première année que toutes les personnes qui étaient morte avait disparu, c'était tellement douloureux que c'était gravé dans sa mémoire à jamais.

Elle avait eu la voix tremblante, les yeux brillants et l'envie de pleurer à chaque mot qu'elle avait prononcé.

Aujourd'hui, les choses étaient bien différentes : elle était d'une impassibilité à faire geler l'eau en pleine canicule, elle n'arrivait plus à ressentir les choses, elle était tellement habituée à les enfouir qu'elle n'arrivait plus à retranscrire ses émotions dans un discours renversant.

Tout simplement parce qu'elle ne ressentait plus rien. Son corps se mettait en état stationnaire et il attendait patiemment que les choses passent : elle avait tellement souffert que c'était comme un bouclier qui se formait à cette période, elle s'enfermait dans un cocon, dans un état second pour se protéger, de toute cette douleur, toute cette souffrance, tout ce chagrin. Elle en avait marre d'avoir mal, elle voulait juste avancer et oublier.

On l'applaudit, sûrement plus par politesse que par conviction et elle laissa la place à Harry. Ses mots étaient toujours plus percutants, plus sincères, Harry avait cet air fédérateur, il maitrisait beaucoup mieux les discours qu'elle. Il fut félicité par une salve d'applaudissement qui aurait ému n'importe qui. Ron parla en dernier, et son discours tourné vers l'avenir et l'espoir ému toute la salle, surtout quand il rappela la mémoire de son frère disparut durant la tragique bataille. Même Hermione se laissa aller à simplement l'écouter, en oubliant tout le reste et c'est sincèrement qu'elle applaudit avec le reste de la salle.

Elle retourna ensuite au pupitre pour introduire les prochains intervenants : Kingsley, McGonagall, Bill, Neville, tous passaient pour raconter, discourir, faire se souvenir et Hermione cessa de les écouter, son cerveau se mit en veille, elle voyait, elle écoutait mais elle était incapable d'entendre. En vérité, elle haïssait tous ces gens qui la voulait là, apprêtée, souriante, devant eux. Elle aurait voulu être comme n'importe qui, debout dans cette salle, à essayer d'être consolée par toutes ses paroles qu'on versait en leur honneur. Elle aurait voulu pouvoir rester chez elle, elle aurait voulu, comme les autres années, n'avoir qu'à faire figure auprès d'Harry, parler sans conséquence, n'être rien d'autre que la jeune femme qui avait accompagné le survivant.

Elle pensa, l'espace d'un instant, à tout ce qui l'attendait encore, à la nuit interminable qui l'attendait pour prévoir le lendemain et le surlendemain et ça lui donna le vertige. Elle trébucha légèrement et Harry la maintint fermement par la taille pour l'empêcher de s'effondrer.

- Ça va ? Souffla-t-il le plus discrètement possible.

Elle secoua la tête légèrement, priant pour ne pas avoir l'air trop pâle : il ne manquerait plus que les journalistes s'aperçoivent de quelque chose.

- C'est rien, j'ai juste... ça va. Ça va aller.

Harry fronça les sourcils et Ron se pencha vers eux.

- Qu'est-ce qui se passe ? Chuchota-t-il.

- Rien. Murmura Hermione.

- Vous ! Allez me chercher une potion énergisante. Ordonna Harry à l'un des valets près de la scène.

- Tout va bien ? S'enquit Ron en détaillant Hermione.

- Ça va...Murmura-t-elle en fixant le dos du professeur McGonagall.

Lis en moi [DRAMIONE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant