Chapitre 9 - Faux contact -

18 2 0
                                    


La vie de Baekhyun et Chanyeol était cadencée par la musique. Ils s'oubliaient dans les affres des sons. Désormais, ils dérangeaient les voisins tout les soirs avec les coups de guitares et les envolées de voix. Le grand rockeur s'inclinait et ne tentait même plus de lutter contre le timbre inégalable de son amant. Il grattait sa guitare quand Baekhyun chantait. Il avait ce tic de retrousser son nez en chantant. Il avait des paillettes au coin des yeux et du sucre au coin des lèvres. Chanyeol l'aimait éperdument, ce regard enneigé, ces sourires endiablés. Ils finissaient tout deux ivres de musique sur le canapé jaune, souvent, il bredouillait More Than Words ensemble, du bout des lèvres. Et ils s'endormaient. Des fois coincés bizarrement entre les accoudoirs et le petit coussin rouge, d'autres fois ramassés bizarrement dans le lit.

Ils vivaient d'éclats de rire et de bêtises de gosse. Ils se plongeaient dans cette innocence retrouvée qui leur avait manquée. Ils vivaient tout deux au rythme incessant de Baekhyun. Il ne s'arrêtait plus, de rire, de parler, de chanter. Il avait toujours cette énergie débordante, comme un faux contact qu'on eut jamais réparé. Ca faisait des étincelles et ça brulait un peu la peau.

Ils s'aimaient fort.

° ° ° °

Et ça dura un mois d'euphorie comme ça, à se papiller la peau et à continuer de brailler la vie.

Ils sortaient beaucoup le weekend, retrouvait l'air iodé de la mer quand ils se sentaient un peu las et triste, se revigoraient dans les parcs, tentèrent même une randonnée un peu trop aventureuse qui mit k.o le corps peu athlétique de Baekhyun et ils se promirent de retenter l'aventure plus tard. Il arrivait que Chanyeol eut envie de soirées tranquilles, de câlins doux, de film et popcorn. Mais quand Baekhyun usait de ses talents de charlatans, quand il l'embrassait, qu'il trépignait d'énergie, alors, Chanyeol craquait. Il le gonflait d'un amour inimaginable ce garçon. Son intelligence, sa candeur, ses taquineries, ses entêtements, ses grincements, et sa joie, cet aura vibrante, ça lui bouchait ses peurs et ses tristesses. Baekhyun réparait des choses dont il n'avait pas même conscience.

Des fois, pourtant, le rouquin tombait de fatigue, usé de tant d'énergie, enveloppé du silence qui lui avait tant manqué, et Chanyeol l'emmenait au lit en titubant. Des fois, il l'observait, ce corps nu, et il se demandait ce qu'il ficherait sans lui, le raté de la musique. Il y avait tellement de perles dans les yeux de son amant quand il le regardait, du soir au matin, aux concerts ; il n'osait pas lui dire que sa carrière musicale ne menait à rien. Il n'osait pas redescendre dans son estime, il avait peur de décevoir ce garçon, peur de lui faire peur.

Alors, il le regardait dormir, la main sur son front fiévreux, et il l'embrassait, brûlé, et il se disait qu'il l'aimait, trop.

Chanyeol ne savait plus parler, obnubilé par le bonheur de son amant, sourd à ses cassures internes.

Et Baekhyun, lui il n'arrêtait jamais. Soit il chantait, soit il travaillait au magasin et y sifflotait entre deux vinyles, soit il chantonnait dans la rue. Le bruit des basses, le grain des voix, les pulsations des guitares et les frappements de la batterie : tout lui avait manqué. Il redécouvrait avec des pincements de coeur chaque petite note, chaque rift électrique. Il était heureux comme un gosse. Il n'avait plus peur de suivre son amant à ses concerts, avec son micro et sa guitare dans le dos, grand homme instrument aux cheveux blancs. Il ruisselait son amant, de beauté et de plaisir. Des fois, ils jouaient les aventureux et ils s'embrassaient vaguement dans un coin de rue. Il y avait une synergie qui grouillait dans les entrailles et levait les coeurs. Et c'était certainement décuplé en concert : voir son amant s'abîmer contre les basses, chanter de sa voix grave, le regarder s'émousser contre le rock, comme une invitation, et ses potes, qui souriaient jusqu'aux oreilles, qui se cassaient la nuque au rythme effréné du rock, avec leurs airs quelques peu chaotiques. Il y avait quelque chose qui lui donnait envie, envie de se jeter sur scène, embrasser les néons et les spotlights, et puis, juste, chanter. Il voulait avoir sa chance, être entendu, être applaudi, comme son grand amant parfait l'était ces soirs dans des bars tamisés.

ACOUPHÈNESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant