ACOUPHÈNES

Chapitre 2 - Canapé Jaune -

Baekhyun était rentré chez lui, il avait claqué la porte de sa chambre. Ca avait bousillé ses tympans abîmés. Il avait balancé ses affaires avec rage dans un coin de la pièce. Ily avait la grosse culpabilité d'avoir si mal parlé à Chanyeol,qui avait l'air d'avoir envie de le voir, et qu'avait l'air de pas vouloir l'ignorer. Et lui, il avait tout gâché à cause de ses oreilles qu'il voulait s'arracher. Lui,il avait tout gâché, parce qu'il était pas capable de lui avouer la vérité. Lui,il se sentait très con.

Lui,il avait voulu crier sa colère dans l'appartement, mais il était tard. Alors,il était parti courir. Il avait foulé les pavés de la rivière Han, suffocant, il ahanait comme un forcené, comme un mec qu'avait un truc coincé dans la gorge. Il voulait vivre, vivre, vivre, et il se retrouvait bloqué dans cette bulle de sifflements infernal, qui tranchaient l'air et tout ce qui l'approchait. Baekhyun setrouvait des excuses. Il avait peur d'être allé trop loin dans le mensonge. Il avait peur d'assumer auprès de Chanyeol. Il avait peur qu'il ne fuît. Ilavait peur, peur, peur d'assumer qu'il lui plaisait terriblement et que son absence lui pèserait de trop.

Il était rentré chez lui, lessivé et les jambes tremblantes. Il ne sut même pas combien de temps il avait couru, la lune était haute et froide dans le ciel, les nuages l'embrumait, le froid lui giclait sur les joues. Ca l'avait apaisé un peu, alors, il sentit ses yeux cligner, il passa à la douche et eut peine à se frotter le corps. Et puis, il s'était effondré de fatigue. Dans ses draps froids, dans les enceintes, il passait un bruit blanc, sous ses yeux, y persistait Chanyeol.

° ° ° °

Le lendemain, il avait encore de la laine et du papier dans la glotte.
Il grommelait. Le soleil avait giclé dans la chambre et sur ses yeux. Il avait oublié de fermer le volet hier soir, rattrapé par la fatigue fulgurante. Alors,il se leva, prit son portable, dit à Kyungsoo " T'es chaud pour une journée chill chez moi ? ". Il le mit en silencieux, ferma les volets, grognons et les yeux endormis. Il remit en marche le bruit blanc et retomba de fatigue pour deux heures; et imprimé sur ses paupières, le souvenir gris du garçon qu'il aimait.

Kyungsoo était venu à quatorze heures, avec son enthousiasme simple et déconvenue. Kyungsoo,il avait toujours l'air à côté de plaque, il avait cette expression neutre et médicale sur lui ; mais aux côtés de Baekyun, il devenait moins rustre, plus drôle, il faisait disjoncter sa façade. Il vit bien que son ami était fatigué, et se doutait bien qu'il se passait quelque chose. Il ne sut si c'était les oreilles, ou le travail,ou Chanyeol. Il n'en dit rien, parce que son rouquin, il le connaissait: aujourd'hui,il avait juste besoin d'un peu de sourire.

A,ils passèrent l'après-midi, lui à fumer des clopes, et Baekhyun à tripoter machinalement sa boucle d'oreille. Ilsrirent beaucoup, ils parlaient du dernier film primé aux Oscars, ils jouaient aux jeux vidéo, ils virent un truc à la télé, puis s'en lassèrent, puis parlèrent, puis firent autre chose. Leur journée chaotique ne laissait pas de place à l'ennui, il donnait une respiraiton revigorante à Baekhyun, qui riait, et oubliait un peu.

Et Kyungsoo fumait une énième clope à la fenêtre, en parlant joyeusement avec Baekhyun, leur rires de gamins tapissait l'appartement d'un voile cotonneux. Et soudain, il y eut un :

- Kyugsoo-ah !

En bas, il y avait Chanyeol et son gros toutou, qui secouait le bras d'un air enjoué. Kyungsoo léchait sa clope, la joie communicative de son ami lui arracha un rire amusé: