Après la folle soirée, Baekhyun ne dormit pas vraiment. Malgré les efficaces boule quies, ses tympans furent trop abîmé et fragilisé. Il ne perçut heureusement pas de sifflements en plus ou de vrombissement soudain ; mais l'orchestre désaccordé de sa tête était monté en puissance. Il avait mis le bruit blanc plus fort sur son téléphone, mais n'en dormit pas plus pour autant. Des fois, il tombait dans le sommeil, usé, et puis, vite, se réveillait. C'était comme si ces oreilles le rappelaient à l'ordre.
À midi et demi, il capitula, frotta ses yeux rougis, ouvrit les volets et la lumière du jour lui tapa dans les pupilles. Il grommela, sa tête était molle et douloureuse, vestige de l'alcool d'hier. Il prit un doliprane en vitesse. La fatigue le faisait chanceler debout. Il trouva du courage, baillant, pour se préparer un plat de nouilles chaudes. Beaucoup de nouilles réconfortantes, de quoi éponger les restes de soju gazeux dans le ventre. Il traîna ensuite aléatoirement sur son téléphone, lutta pour ne pas mettre de musique, car il savait pertinemment que le repos des oreilles était son meilleur allié. Il attendait avec crainte le prochain message de Chanyeol. Il pourrait être vengeur et il l'aurait bien mérité. Il pourrait être amer et il l'aurait bien cherché. Pourtant, il avait d'autant plus peur de la douceur et la patience qu'il lui accordait ; ça le faisait sentir coupable. Il savait qu'il merdait. Et pas qu'un peu.
En mangeant ses nouilles sur son canapé, les baguettes tremblantes et le nez fatigué, son téléphone l'interpella en vibrant. il sortit de ses songes bruyants et le déverrouilla. " C'était cool hier ! "
C'était Chanyeol. Son coeur manqua la syncope. Il eut un sourire d'enfant conquis, répondit " Oh que oui ! " avec son pouce agile et des nouilles encore pleins la bouche. Puis, passé les battements de cœur comme une batterie, il s'étonna de ce message. Ces mots si simples, si doux, qui ne demandaient rien de plus. Park Chanyeol n'en avait-il pas marre d'attendre ?
Il se questionna, longuement, sur comment lui parler de ses échecs, de ses acouphènes, de ce bruit qui l'enfermait, qui le rejetait de cette société. Il avait perdu un sens primordial, il entendait mal, il entendait trop. Chanyeol, à côté, n'avait rien loupé de sa vie, il s'adaptait à Séoul comme aux Landes de l'Irlande, il était rockeur élégant, tatoué acclamé, rieur aimé.
Comment pourrait-il aimer un mec comme Baekhyun, qui avait tout abandonné et se pliait à l'exigence impossible de ce pays. Ne plus faire de vague, c'était devenu son minable leitmotiv, plié sous les sons de ses oreilles. Il les avait laissé se battre.
Il n'était pas à la hauteur de la grandeur de Park Chanyeol.
Avouer ses échecs, c'était perdre la partie.
Son portable ne vibra plus. Il termina ses nouilles, triste, affligé par ses fuites incessantes qui finissaient toujours par le mener près de Chanyeol. Il finit par s'endormir un instant, entre les hurlements de ses tympans fatigués et l'écho de la ville à sa fenêtre.
Il se réveilla, puis se rendormit et ce fut le même manège toute la soirée. Il s'occupa aux jeux vidéo, et somnola devant des séries. Le sommeil n'était jamais récupérateur et sa journée, gâchée par sa fatigue. Lorsqu'il osa se regarder dans le miroir, ses cernes noirs lui offraient un reflet maladif. Il ne ressemblait plus à rien.
Chanyeol passa ce samedi à lutter pour contacter Baekhyun. Il s'enfonça dans sa colère, acide, amant éperdu. Bien sûr, Baekhyun ne lui donna pas de nouvelles. Bien sûr, il ne le contactait pas. Bien sûr, il ne l'appelait pas. Bien sûr, il se faisait silence.
L'amertume lui collait aux papilles. Il passa son samedi à s'occuper, le ventre noué et sans appétit. Ses baguettes picoraient de temps à autre des nouilles froides. Il imaginait Baekhyun moqueur et heureux, il lui prêtait des intentions qu'il n'avait pas, des défauts qu'il n'avait jamais vu ; elle grondait sa colère. Elle le rendait malheureux. Il repassait la boucle de ses refus, de ses énervements injustifiés, puis ces fragilités qu'il lui avait offertes, ces demandes de patiences, ces demi-mots de souffrance, sa voix chantante et puissante ; et encore le silence, et encore la colère, et ses jeux effrontés qui lui attaquaient la peau et les lèvres, et ses yeux, immuables, profonds ; il ne savait plus où donner de la tête. Il ne savait plus qui croire ; son instinct, sa raison, sa colère. Sa journée fut ratée, par le souvenir douloureux d'un rouquin qui l'avait fait tombé amoureux trop vite.
Il était nuageux, ça pleuvait dans ses veines.
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ACOUPHÈNES
RomanceChanyeol essaie de détricoter les blessures d'un rouquin qui n'en fait qu'à sa tête. Baekhyun joue l'effronté et s'amuse à défier la patience d'un rockeur tatoué. C'est le genre de choses qui arrivent quand la voix grave de Park Chanyeol rencontre l...