Chapitre 10 : petits stress et grandes joies

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Du 15 au 21 novembre

Lundi matin, l'empereur, sa femme et le petit prince sont venus chez moi, pas pour me serrer la pince, mais pour m'emporter un peu trop loin dans le monde du sommeil. Une panne d'oreiller inexplicable, au même horaire que le début de mon cours m'arrive. Inexplicable car mon alarme était pourtant activée sur ma montre. Ce matin-là, j'avais un exposé également, alors je me prépare et file à l'université en un temps qui pourrait rentrer dans le Guinness World Record : quarante minutes. Tout s'est bien passé, j'ai eu un retour positif sur mon exposé (heureusement finalement que la scène que je devais montrer puis analyser n'a pas fonctionné car c'était en allemand et quoi de plus déshonorant en italien ?).

Depuis longtemps, l'idée qu'un restaurant universitaire existe sur un bateau à quai de la Seine me donnait sérieusement faim et envie, alors lundi midi, ayant un temps libre assez large (de neuf heures trente à quatorze heures), je fonce. Je trouve la ligne six de métro splendide et le quartier aussi, celui de la Bibliothèque nationale de France. Je contemple bouche bée les différents services sur les bateaux, entre autres une pizzeria (super romantique !) et une piscine. Si si, une piscine au-dessus de la mer, la blague ultime. J'arrive et je constate que cela me rappelle le lycée ; je mangeais souvent seule, et le concept ne me dérange pas car j'aime avoir du temps pour que mon esprit vagabonde ; seulement l'effet de masse et de groupes est tellement fort à la cantine que cela me met quelque peu mal à l'aise. Ici, c'est surtout parce que je n'ai encore jamais mis les pieds dans un restaurant universitaire (merci le déménagement du campus qui traîne depuis des années paraît-il !), donc je ne connais pas le fonctionnement du service.

J'entre, j'imite les autres donc je pose ma carte étudiante sur le plateau (c'est intelligent après tout, seuls les étudiants sont acceptés), je prends le "matériel" si j'ose dire, et je constate que c'est différent du lycée. Il y a bien des plats équilibrés, même variés pour les végétariens, sauf que c'est tout ou rien, tu ne peux pas composer ton plat. Les desserts sont variés également, gâteaux, fruits ou yaourts. Je vois ensuite une étagère de boissons comme des sodas et je vois une pancarte "1 euro". Je demande pourtant si c'est un supplément au repas inclus. Je devais être tellement stressée et happée par la vie parisienne que j'en oublie même mon "bonjour". Après, mon interlocutrice n'était pas particulièrement sous un bon jour non plus. Je paye, je m'installe, je fais des stories Instagram (évidemment) et je vide mon plateau en quinze minutes max, ce qui a toujours été mon défaut. Je ressors glacée, le froid et l'humidité étant si forts (l'autoooooomne) puis je reviens à la fac.

Le soir - oui j'emploie déjà le mot "soir" parce que la nuit tombe très vite - j'ai civilisation et on doit rattraper les exposés en retard, donc les deux heures passent vite. Arrive l'annonce de l'échange avec Berlin proposé par mes directrices d'études. Je saute de joie intérieurement. C'est dingue comment tous les projets extra-scolaires me remplissent d'émotions alors que ça reste un évènement fréquent. En plus il n'y a que dix places pour chaque pays. Et je dois d'abord trouver des solutions aux problèmes logistiques/de vie qui m'empêchent pour le moment de candidater en confiance.

Mardi matin, nous avions grammaire avec l'enseignante de l'autre groupe, d'après celui-ci sévère, mais en réalité agréable, même sur les devoirs. A la rigueur au maximum de la susceptibilité j'avais peut-être la sensation qu'elle avait un soupçon d'ironie dans sa voix quand on se trompait.
Les arts acoustiques comme je les aime sonnaient l'heure de la découverte de Reaper, un logiciel de montage audio - c'est à cela que servait la petite interview du précédent chapitre - et déjà que l'heure filait en TGV, là c'est un coup de baguette magique. Entre chercher les manipulations moi-même le plus en avance et autonome possible, apprendre à les utiliser et me faire rire tout le cours avec ce bruit de platine et/ou de Chipmunks quand je bouge le curseur avec la souris... L'un des meilleurs cours du semestre, comme à l'ordinaire.
En atelier de lecture, changement d'atmosphère ; j'étais trop fière et aussi stressée de lire mon écriture inventive sur le début alternatif d'une nouvelle. Vu qu'on travaille sur cette oeuvre et que je l'ai choisie pour des gros travaux à rendre plusieurs semaines plus tard, c'était extrêmement utile !

Journal de bord : vie étudiante à ParisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant