Chapitre 27 : le vacarme avant la tempête

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Du 4 au 10 avril 2022

Je n'arrive pas à me dire que tout s'arrêtera dans trois semaines. Je ne peux pas m'imaginer quitter cette université, même pour quelques mois. Mes parents se moquaient parce que je finis mon année fin avril, mais contrairement à d'autres années, j'aurais bien voulu un mois de cours supplémentaires, histoire que je puisse aussi disperser plus mon temps sur les nombreuses choses que j'ai à penser. Là, entre le BAFA, les projets de fin d'année, les partiels, mes amies si besoin, etc, j'ai à peine le temps et l'énergie de jouer de la guitare et j'ai la sensation que ce semestre m'échappe, que je n'ai pas eu vraiment de cours, et comme les premiers partiels de mi-semestre ont été repoussés, je ne vois pas les derniers m'arriver dans la face dès lundi prochain.

Enfin, c'est la dernière semaine où je peux justement essayer de me reposer plus, souffler avant le reste. Alors, lundi. Comme un lundi, ou presque. La veille, avec Maud, nous avions convenu de se lever plus tôt que prévu (je n'ai plus cours tôt le matin de toute la semaine, donc le réveil à 7h15 pique !) pour une bonne cause : aller dans la cafétéria, travailler, elle sur le portugais, moi sur l'article - il serait temps, huit jours de retard ! -, et aussi croiser sans que je sache sa professeure de portugais, et enfin qu'elle me pousse un peu à me déplacer au piano, alors qu'il est 9h27 et que nous trois avons cours dans trois minutes. Pourquoi diable suis-je dans un état de stress pas possible, alors qu'il y a très peu de monde ? Je rate plusieurs notes, mais apparemment ça n'a pas empêché Maud ET la prof d'être émues. C'est le meilleur compliment que je puisse recevoir indirectement, de voir des auditeurices ému.e.s par mon jeu. Je ne l'apprendrai que le lendemain soir, mais la prof, en allant en cours, a parlé de moi sans me connaître, du genre : "-Si vous cherchez une personne pour animer vos soirées, Maud a une amie musicienne" ou je ne sais plus. Je n'étais pas là ! Quand mon amie m'a raconté ça, j'étais amusée et extrêmement gênée d'être exposée en même temps.

Je vais enfin en italien, le premier vrai cours que j'ai depuis le partiel du 14 mars (j'ai séché la dernière fois pour travailler). Mais le prochain partiel est la semaine prochaine, autant dire que recevoir quatre textes qu'on a effleurés dans la compréhension et l'interprétation pour ce partiel, donc tous nouveaux, me fait un peu peur. Surtout que je sais que ma note précédente, que je n'ai pas eue, est moyenne. Je vais ensuite en journalisme, de même, le dernier cours avant le partiel, et le dernier cours tout court, parce que le lundi 18 est le lundi de Pâques, donc férié. Je ne passerai pas le partiel, parce que je ne suis pas ce cours à 100% comme élève, je suis auditrice libre, donc pas notée. Et oui, j'ai choisi un cours supplémentaire pour la prof, parce que je crois que Pauline m'en avait parlé d'abord et aussi un peu pour m'initier au journalisme, et me rendre compte que je suis sûre de ne pas faire ce métier plus tard.

Aujourd'hui, nous avons fini avec l'interview, et par deux, nous en avons écrit une ; une personne était l'intervieweur.se, l'autre l'interviewé.e. J'ai été interviewée, autour des langues, de voyages et d'anecdotes soit étranges soit honteuses. Comme la fois où, durant mon tout premier voyage en Allemagne, voyage scolaire à Bonn, j'avais un niveau exécrable et mal compris ce que ma famille d'accueil nous demandait, à moi et ma camarade. Au lieu de comprendre que la famille voulait savoir ce que nous mangeons le midi, j'avais interprété pour le matin. Et oui, du coup, nous nous sommes retrouvées pendant trois jours sur cinq avec des sandwiches sucrés. Au milieu du séjour, ma camarade commence à me mettre la pression, car je n'osais pas rectifier, je ne voulais pas passer pour une difficile, mais je finis par rectifier que nous mangeons bien salé au déjeuner.

Journal de bord : vie étudiante à ParisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant