Sauve-moi

Chapitre 2

Le réveil de Sacha sonna un peu avant sept heures. Elle avait beau l'avoir repoussé de presque une heure grâce à son déménagement, ça n'avait pas suffi à sauver sa nuit. Son voisin avait continué son bordel plus d'une heure avant de décider de s'arrêter, non sans avoir pris une longue douche. Et ce n'est qu'après qu'elle avait enfin pu trouver le sommeil. Une nuit trop courte pour Sacha qui ouvrit difficilement les yeux, la tête en feu. La journée allait être longue.

Elle se redressa en s'étirant, lâchant un long bâillement. Elle se prépara pour aller travailler, tâtonnant avec ce qui se trouvait encore dans des cartons et ce qu'elle avait commencé à ranger. Elle dut ouvrir trois cartons pour trouver la tenue qu'elle cherchait, un tailleur bleu marine qu'elle aimait beaucoup. Il était agréable à porter et il lui allait bien. C'était sa tenue des jours difficiles. Elle entreprit ensuite de préparer à manger, du riz avec du thon. Son ex Bastien avait toujours trouvé bizarre qu'elle mange salé le matin, mais elle n'arrivait juste pas à manger sucré après s'être réveillé. La plupart du temps, elle ne s'embêtait pas à cuisiner le matin, elle prenait les restes du soir, mais elle avait été prise d'une flemme monumentale et avait grignoté des gâteaux toute la soirée.

Elle termina de se préparer dans la salle de bain ; elle lava ses dents, accrocha ses cheveux avec une tresse collée et se maquilla les yeux. Elle termina par une touche de gloss et, satisfaite, prit la route vers l'arrêt de bus, à quelques minutes de l'immeuble. Elle avait prévu un peu d'avance pour son premier trajet pour ne pas arriver en retard. Le bus arriva à l'heure et elle grimpa dedans, ses écouteurs diffusant une douce musique dans ses oreilles.

Son téléphone vibra, ce qui était rare si tôt le matin. Elle baissa les yeux vers son écran pour y découvrir un message de Bastien. Elle soupira, repoussant l'envie de le balayer sans le lire.

Bastien : S'il te plait, réponds-moi. Tu me manques...

Elle ferma l'application sans y répondre, énervée. Il ne comprenait vraiment pas ce que le mot « rupture » signifiait. C'en devenait flippant. Elle avait bien fait de lui cacher l'adresse de l'appartement qu'elle avait trouvé. Il n'avait jamais été violent, mais il prenait si mal leur séparation qu'elle préférait prendre ses précautions.

Et puis, s'il n'était pas content qu'elle l'ait quitté, tant pis pour lui. Cela faisait des mois qu'elle lui faisait comprendre qu'il la rendait malheureuse et il n'avait rien changé dans son comportement. Maintenant, ses promesses ne valaient plus rien. Il ne l'avait pas cru quand elle avait menacé de le quitter, maintenant il s'en mordait les doigts.

Elle envoya une capture d'écran à Laetitia, qui s'indigna et traita Bastien de tous les noms. Cet acharnement remonta le moral de Sacha : quoiqu'il se passe, elle savait qu'elle aurait toujours son amie pour la soutenir.

Le trajet fut rapide, comme Sacha l'avait espéré. Elle descendit du bus en remerciant le chauffeur et pénétra à l'intérieur de la zone industrielle. Elle marcha plusieurs minutes avant d'arriver à destination. Elle salua les hôtes et hôtesses de l'accueil qu'elle appréciait particulièrement et rejoint son open space pour s'installer à son bureau. À peine avait-elle allumé son pc que ses collègues arrivaient, un café à la main. Elles se saluèrent et échangèrent quelques banalités avant de commencer à travailler. Elles étaient installées dans un bureau en marguerite, Pauline à sa droite et Catherine en face. La place à sa gauche était davantage utilisée comme une zone de stockage que comme un bureau.

— Au fait, ton déménagement s'est bien passé ? s'enquit Catherine.

C'était la maman du service, et pas parce qu'elle faisait partie des seules à avoir des enfants, mais parce qu'elle maternait tout le monde. Ce n'était pas toujours au goût de chacun, mais globalement, tout le monde l'appréciait. Leur équipe avait fêté ses vingt ans de service dans la société le mois précédent autour d'une pause à grignoter, et leur manager avait invité son mari et ses enfants pour l'occasion.