Sauve-moi

Chapitre 20

La soirée touchait à sa fin. La plupart des collègues de Sacha, notamment ceux avec des enfants, étaient rentrés chez eux. Ilios bâilla.

— Tu appelles notre chauffeur ? demanda-t-elle avec une mine réjouie.

Ilios rit doucement. Tel un enfant, elle s'émerveillait d'un rien. Ilios aimait cette insouciance chez elle. Elle semblait toujours heureuse. Ilios acquiesça et prit son téléphone pour passer l'appel. Elle le prévint qu'elle faisait un dernier tour aux toilettes et qu'elle le rejoignait dehors.

Des pas approchèrent alors qu'il attendait Sacha devant l'entrée de la salle des fêtes. Lourd, plat. Un homme. Il se retourna et découvrit le collègue de Sacha. Il plissa les yeux.

— Le petit-ami de Sacha.

Ilios resta silencieux.

— Ilios, se moqua-t-il.

— Ne m'appelez pas comme ça, cracha-t-il.

— C'est une menace ?

Ilios s'approcha de lui pour lui faire face et le regarda droit dans les yeux. Il pouvait voir dans ses yeux que son air de confiance n'était qu'une façade, et ce constat lui procura un sentiment de satisfaction. Il avait peur, et seule sa fierté l'empêchait de prendre ses jambes à son cou.

— Non. Mais en voici une : laissez Sacha tranquille.

Aurélien ne répondit pas. Il avala difficilement sa salive et eut un sourire troublé.

— Bon garçon, félicita Ilios, avant de se tourner vers Sacha qu'il voyait arriver.

En les apercevant ensemble, elle accéléra le pas. Tandis qu'elle s'approchait, Ilios se tourna vers elle et lui offrit un sourire. Il lui tendit son bras, qu'elle saisit, et il la mena près de la route. Loin d'être dupe – il le voyait sur son visage – elle se laissa faire.

Ils patientèrent en silence le temps que la voiture arrive. Comme pour l'aller, le chauffeur leur ouvrit la porte, et ils s'engouffrèrent à l'intérieur. Une fois à l'abri des oreilles indiscrètes, Sacha s'autorisa à l'interroger :

— Ça a été ?

Il lui sourit timidement et haussa les épaules.

— C'était... inattendu. À la fois ennuyant et amusant.

Elle rit.

— De quoi avez-vous parlé avec Aurélien avant que j'arrive ?

Ilios eut un rictus énigmatique.

— S'il t'embête encore, dis-le-moi, se contenta-t-il de répondre.

— Et qu'est-ce que tu vas faire si c'est le cas ? accusa-t-elle.

— Je sais couvrir mes traces, ne t'inquiète pas, informa-t-il, taquin.

Elle lui attrapa la mâchoire pour qu'il la regarde droit dans les yeux.

— Solal Epizon, menaça-t-elle. Je t'interdis de faire quoi que ce soit d'illégal.

Le chauffeur ricana, les ramenant à la réalité. Ils n'étaient pas seuls dans la voiture. Sacha le lâcha et se replaça correctement sur son siège. Ils passèrent le reste du voyage en silence. Le chauffeur les déposa aux pieds de l'immeuble et Ilios lui serra la main pour le remercier. Sacha le remercia également et ils prirent le chemin de leurs appartements. Arrivé au sixième étage, alors qu'ils se dirigeaient chacun vers leur porte, Sacha se tourna vers Ilios. Il s'arrêta également, attendant qu'elle prenne la parole. Sacha s'approcha de lui, posa sa main sur ses joues, et colla sa bouche contre la sienne pour un doux baiser. Il prit le temps d'en profiter cette fois, même si ce n'était qu'un chaste et rapide cadeau qu'elle lui offrait.