Chapitre 6

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Sacha avait enfin réussi à trouver quelqu'un qui vendait une machine à laver fonctionnelle à un prix abordable. Comme elle n'avait pas de voiture, elle avait réussi à négocier pour qu'ils viennent le déposer devant chez elle. Ils s'étaient donné rendez-vous au pied de son immeuble le samedi suivant.

En regardant sa montre une énième fois, elle constata avec affairement qu'ils avaient plus de trente minutes de retard. Elle bâilla, quelle idée de la faire se lever à une heure aussi indécente... Une Ford bleue approcha finalement pour s'arrêter devant elle. La fenêtre s'ouvrit sur une femme avec une coupe courte peroxydée.

— Sacha ? demanda-t-elle.

Elle hocha la tête. Enfin !

L'homme qui conduisait et elle descendirent de la voiture. Il la salua à peine et se dirigea vers le coffre. Ils sortirent à deux la machine et la déposèrent sur le trottoir.

— Est-ce que vous pouvez m'aider pour la monter ?

— Vous avez un ascenseur ?

Ils regardèrent l'immeuble avant de se concerter d'un regard. Sacha secoua la tête, devinant leur réponse.

— Désolé, on n'a vraiment pas le temps, on est attendu !

La seconde d'après, ils disparaissaient dans la voiture. Sacha avait déjà payé au travers de l'application, elle ne pouvait rien faire de plus. Elle devrait le monter seule. Elle regarda le carton avec désespoir. Prenant une longue inspiration pour se donner du courage, elle souleva la machine et prit le chemin de son immeuble. Elle dû le reposer avant même d'atteindre le palier, marmonnant :

— Ce truc doit peser une tonne, marmonna-t-elle entre ses dents.

Elle entreprit alors de lui faire monter les marches, une par une, faisant une pause aussi régulièrement que son corps – et surtout son dos – le lui imposait.

— Ça a l'air lourd.

Sacha sursauta en reconnaissant la voix de son voisin. Elle ne l'avait pas entendu arriver.

— Tu vas te faire mal à le porter comme ça.

Sa remarqua agaça Sacha au plus haut point. Elle n'était pas stupide, elle en avait conscience. Elle n'avait même pas encore atteint le deuxième étage et elle était déjà épuisée. Mais quel autre choix avait-elle ? En tout cas, elle n'avait vraiment pas besoin qu'on lui rajoute sur les bras un voisin emmerdeur qui se permettait de lui donner des conseils.

— Tout le monde n'a pas la chance d'être bâtit comme une montagne, cracha-t-elle en se tournant vers lui, retenant le carton sur la marche avec sa hanche.

Il fronça les sourcils, ne semblant pas comprendre, et elle leva les yeux au ciel. Elle l'ignora et reprit son entreprise. Elle y arriverait bien avant la nuit.

Il grimpa les marches jusqu'à arriver à son niveau.

— Je peux aider.

Elle grimaça, encore dos à lui. Elle ne voulait rien avoir à faire avec lui.

— Ça va aller, refusa-t-elle.

Elle monta une marche. Une deuxième. Une troisième. Il n'avait pas bougé. Elle s'arrêta une nouvelle fois, posant son front sur la boite. Si seulement elle avait une prise correcte !

— Ce sera plus rapide si...

— Je n'ai pas besoin d'aide !

Elle manqua de tomber sous la colère mais se rattrapa avec la rampe. Elle agrippa une nouvelle fois le carton et monta encore cinq marches pour atteindre le palier, l'énervement lui donnant un peu d'énergie.

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