Chapitre 9

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Une fois arrivés à destination, Sacha remercia le Dr Melwis de les avoir déposés. Ilios se précipita en dehors du véhicule sans un mot, rêvant de sortir de cet enfer aussi vite que possible.

— À lundi, Solal, salua sa psychologue.

Ses mots raisonnèrent comme une menace à ses oreilles. Il grimaça un sourire en guise de réponse et claqua la porte derrière lui avant que le chauffeur n'ait le temps de le faire. Celui-ci envoya un regard courroucé dans sa direction que Solal ignora. Ce n'est que lorsque la voiture redémarra et prit de nouveau la route qu'il s'autorisa un soupir de soulagement. Jusqu'à ce que la réalité lui revienne droit dans la figure : Sacha était toujours là. Elle l'attendait. La boule dans son ventre s'accentua tandis qu'il se maudissait intérieurement de lui avoir proposé de passer la soirée chez lui.

— Désolé pour ce moment gênant... Elle est souvent comme ça.

Sacha rit de nouveau. Ilios n'avait pas l'habitude de passer du temps avec des personnes joyeuses et ce son sonna comme une douce musique à ses oreilles. C'était plus communicatif qu'il ne l'aurait pensé et il se sentit se détendre un peu. Ils prirent la direction de l'immeuble et grimpèrent les marches ensemble. Il prit soin d'adapter son allure pour ne pas la distancer et eut l'impression de mettre une éternité à atteindre le sixième étage. Ilios se dirigea vers son appartement.

— Solal, attends ! appela-t-elle.

Il se figea. Ils n'allaient donc jamais le laisser en paix ? Il se tourna à contrecœur vers elle.

— Merci pour tout à l'heure.

Elle semblait triste. Son regard fut de nouveau attiré par la meurtrissure sur sa pommette.

— Excuse-moi de ne pas être arrivé plus tôt, tout à l'heure.

Sacha eut un sourire amusé.

— J'ai l'impression que tu t'excuses beaucoup aujourd'hui, railla-t-elle.

Ilios pouffa.

— Il sait donc rire !

— Ça n'arrive pas souvent.

— J'ai pu le constater. Je considère ça comme une victoire.

Sacha s'approcha de lui et saisit sa main gantée entre les siennes. Tout un flot d'émotions le traversa et il commença à paniquer intérieurement.

— Si tu n'étais pas venu... je ne sais pas comment ça se serait fini. Tu m'as sauvé.

Il n'avait aucune idée de ce qu'il était censé répondre. La seule chose qui traversa ses lèvres fut :

— Est-ce que ça veut dire que je suis ton héros ?

Venait-il vraiment de faire une blague ? Allait-elle comprendre qu'il plaisantait ?

Sacha éclata de rire.

— Tout doux, cowboy, se moqua-t-elle en tapotant son épaule. Ne prends pas la grosse tête non plus.

C'est à cet instant qu'Ilios réalisa qu'il souriait.

— Tu peux m'appeler Ilios, si tu veux. Il n'y a que le Dr Melwis qui m'appelle Solal.

— Ilios... répéta-t-elle, incertaine.

L'entendre prononcer son véritable nom remua tout un tas de trucs dans son ventre. Pourtant, contre toute attente, il ne détesta pas cette sensation.

Ils se séparèrent et Sacha prit la direction de son appartement. Elle découvrit l'état de sa porte lorsqu'elle posa finalement les yeux dessus. Elle n'y avait pas vraiment prêté attention plus tôt. Ilios l'avait ouvert avec tant de force qu'un des gonds avait sauté, et elle pendait tristement en menaçant de tomber à chaque seconde. Elle était à moitié fissurée d'un bout à l'autre, si bien que même si elle avait voulu la refermer pour donner l'illusion que tout allait bien, elle ne pourrait même pas se remettre droite dans l'encadrement.

Sauve-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant