Chapitre 8

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C'était un samedi calme pour Sacha. Elle avait prévu de ne rien faire, à part flâner dans son appartement en buvant du thé à volonté devant une série qu'elle adorait. Elle avait passé la semaine à repenser à son repas avec Solal, et même ce jour-là, elle n'arrivait pas à s'enlever cette soirée de la tête. Ils s'étaient quittés sur le même ton qu'ils avaient passé la soirée : la gêne, et ne s'étaient pas recroisés depuis, ce qui n'avait rien de surprenant vu l'ermite qu'il était. Elle ne s'attendait pas à devenir amie avec lui, mais si Sacha était parfaitement honnête avec elle-même, elle n'était pas déçue de cette soirée. Elle avait eu l'occasion d'en savoir un peu plus sur son voisin, qui ne lui faisait plus autant l'effet d'un emmerdeur finit. D'autant qu'il ne l'avait presque pas réveillé cette semaine ! Tant qu'il ne reprenait pas son comportement d'avant, cette situation lui convenait parfaitement.

Une violente envie de pizza prit Sacha aux tripes alors qu'elle regardait les personnages de sa série en manger. Sa flemme la tenta de commander, mais entre la caution et le premier loyer de son appartement qu'elle avait dû payer à son arrivée, elle ne pouvait pas se le permettre. Elle se résolut alors à se préparer pour faire ses courses. Au moins, le temps était magnifique ce jour-là, elle pourrait en profiter un peu. Sur le chemin, ses pensées divaguèrent une nouvelle fois sur sa soirée avec Solal. Elle n'arrêtait pas de repasser la scène en boucle, attentive au moindre détail qui aurait pu lui échapper. Elle fit ses courses tout aussi distraitement, manquant presque d'oublier de prendre la pâte à pizza.

Sacha s'apprêtait à passer en caisse lorsqu'elle remarqua Solal. Il était face à la vitrine « rôtisserie », lisant l'étiquette du paquet qu'il tenait, l'air renfrogné. Un sourire étira les lèvres de la jeune femme tandis qu'elle s'approchait de lui.

— Celui-ci est épicé, indiqua-t-elle.

Solal tourna une tête surprise dans sa direction, cligna des yeux avant de reporter son attention sur le paquet. Sacha saisit un autre paquet et lui tandis.

— C'est lui qu'on a mangé la dernière fois.

Il saisit le sachet et compara les deux.

— Tu aimes les épices ?

Il sembla réfléchir.

— Ce n'est pas ce que je préfère, affirma-t-il en reposant le premier paquet.

Ilios n'avait aucune idée de ce qu'était une épice, mais il détestait par-dessus tout passer pour un idiot. Et il sentait que s'il avait répondu honnêtement, c'est ce qu'il se serait passé. Sacha sembla satisfaite par sa réponse et lui offrit un sourire avant de reprendre son chemin initial en le saluant. « À la prochaine »... Étant donné qu'il l'évitait, il espérait que ce ne serait pas avant longtemps. Le Dr Melwis lui avait bien demandé de passer du temps avec elle, mais il préférait ignorer cette possibilité. Il trouverait bien un mensonge convaincant.

Ilios termina ses courses en vitesse, pressé de rentrer chez lui et laissa échapper un soupir de soulagement lorsqu'il referma enfin la porte de son appartement derrière lui. Sa voisine était rentrée chez elle une bonne dizaine de minutes plus tard. Il l'avait entendu ranger ses courses et maintenant elle avait allumé sa télévision. Qu'est-ce qui pouvait être aussi intéressant pour qu'elle y passe autant de temps ? Il se laissa tomber sur son canapé et commença à jouer avec sa balle, qu'il fit rebondir contre le mur.

Une douce odeur de nourriture envahit son appartement et il devina que Sacha cuisinait. Il se rendit compte qu'il mourrait de faim, regrettant presque qu'elle ne l'ait pas invité. Presque. Il faillit laisser couler, peu intéressé par ce qu'il y avait dans son frigo, jusqu'à ce qu'il se souvienne de ce qu'il avait acheté. Il se releva et se prépara une assiette, qu'il fit réchauffer au micro-ondes. Bien que Sacha lui ait assuré que c'était ce qu'elle lui avait servi, il appréhendait son repas. Il n'avait connu par le passé que des repas dont l'objectif était de leur apporter les nutriments nécessaires à leur condition physique. Ça ne ressemblait en rien à la nourriture qu'il avait découverte à sa libération. S'il avait pensé découvrir quelque chose de merveilleux, il avait souvent été déçu et n'avait pas cherché plus loin.

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