Chapitre 17

7 2 0
                                    

Quelqu'un frappa à la porte d'Ilios. Il n'avait pas eu de nouvelle de Damien depuis la veille, mais qui d'autre cela aurait pu être à cette heure ? Il connaissait probablement son adresse depuis le jour même de son emménagement. Ilios, résigné à l'idée de passer du temps avec une vieille connaissance, se leva en grimaçant et ouvrit la porte. Damien lui offrit un grand sourire qui dévoilait ses dents et faisait ressortir les fines rides autour de ses yeux. Il n'en avait pas la dernière fois qu'ils s'étaient vus, et Ilios réalisa qu'il n'avait aucune idée de son âge.

Damien avait toujours été quelqu'un de tactile et Ilios s'y était préparé : mains sur l'épaule, tape dans le dos. Il ne s'était pas attendu à ce qu'il le prenne dans ses bras et dut se retenir de le repousser. Heureusement, cela ne dura qu'une seconde avant qu'il ne s'écarte de lui-même.

— Ça fait plaisir de te voir ! s'exclama-t-il.

Ilios voulut répliquer mais il ne lui en laissa pas le temps. Il jeta un œil dans l'appartement d'Ilios par-dessus son épaule et sembla l'examiner avec zèle.

— Tu ne veux pas que je te fasse visiter, non plus, grommela Ilios.

— C'est gentil à toi de proposer !

Damien se fraya un chemin entre le coin de porte et Ilios, le forçant à se décaler pour lui laisser la place. Celui-ci leva les yeux au ciel. Damien étudia l'appartement comme un potentiel locataire qui chercherait la maison de ses rêves. On faisait difficilement plus intrusif que cet individu, voila pourquoi Ilios l'avait évité si longtemps. Ilios s'appuya sur le mur, les bras croisés, en attendant qu'il ait terminé son inspection. Heureusement que depuis qu'il fréquentait Sacha, il faisait plus attention à le tenir propre et rangé. Il aurait détesté que Damien voie l'état lamentable dans lequel se trouvait son appartement avant qu'il ne rencontre sa voisine.

Lorsqu'il eut terminé, Damien approuva de la tête, satisfait.

— T'es inspecteur des travaux finis maintenant ? L'aménagement vous convient, monsieur Esteve ? ironisa-t-il.

— C'est rangé, constata-t-il, presque propre. Ça sent un peu le renfermer, mais avec une bonne aération...

Damien s'approcha d'Ilios et le huma dans un geste particulièrement malaisant. Ilios eut un mouvement de recul.

— Mais qu'est-ce que tu fais ? s'indigna-t-il.

— Et il s'est même lavé et rasé.

Damien le regarda avec un regard suspicieux.

— Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de notre Ilios ?

Ilios leva les yeux au ciel et Damien éclata de rire. Il lui tapota l'épaule et l'invita :

— Allez, suis-moi, je t'emmène au resto.

Damien dut presque le trainer par le bras pour le forcer à le suivre. Une berline bleu marine attendait, garée en double file, devant l'immeuble. Sam grimpa du côté passager et comme Ilios ne montait pas, il ouvrit la porte-passager de l'intérieur. Il lui envoya un regard insistant et Ilios céda, montant à sa suite. Damien démarra, et la première minute fut silencieuse. Ilios regardait distraitement le paysage défiler à travers la fenêtre.

— Alors, la vie de civil ? s'intéressa Damien.

—Calme. Ennuyante.

Caliente ?

Ilios tourna la tête vers son ami, l'air de dire « sérieusement ? ». Un large sourire éclaira le visage du soldat.

— J'ai essayé de ne pas aborder le sujet, justifia-t-il.

Sauve-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant