Chapitre 12

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Quelqu'un frappa à la porte et il sentit la boule dans son ventre grossir en devinant qui venait le voir. À part sa voisine, personne ne venait jamais frapper chez lui.

— Ilios, appela-t-elle à travers la porte. C'est Sacha.

Il était incapable de déchiffrer son ton. Peut-être moins joyeux qu'à l'accoutumée. Son cœur se serra. Si elle était là pour le voir, c'était qu'elle savait pour lui, pour son passé. Était-ce la fin de ce rêve ? Maintenant qu'elle savait le monstre qu'il avait été...

— J'ai appris pour Ankou, annonça-t-elle, lui donnant un coup de couteau dans l'estomac.

Elle eut un rire sans joie.

— Je me doutais bien que si je ne venais pas te voir, tu allais m'éviter pendant des jours.

À vie, plutôt. Il ne se sentait pas capable de soutenir son regard.

— Ilios, ouvre-moi, s'il te plait, pria-t-elle.

Sans comprendre pourquoi, il se leva et déverrouilla la porte avant de retourner s'assoir sur son canapé, la tête entre les mains. Sacha appuya sur la poignée, lentement, et pénétra en silence dans la pièce. Elle s'adossa au mur et attendit.

— Tu es en colère ?

Elle pencha la tête sur le côté, surprise.

— Je suis censée l'être ?

— Après tout ce que j'ai fait... j'aurais dû t'en parler. Tu n'as pas forcément envie de passer du temps avec quelqu'un comme moi.

Il était froid, il s'en rendait compte, mais il préférait cent fois la colère à la peine. La colère, il connaissait, c'était facile. Sacha ne répondit pas tout de suite et l'attente lui sembla éternelle.

— Je ne suis pas en colère, Ilios. Je n'ai aucune raison de l'être.

Elle s'agenouilla devant lui et posa sa main sur son genou.

— Je n'ai pas... le détail de ce qu'il s'est passé, mais j'imagine à peine à quel point ça a été difficile.

C'en était trop pour Ilios, qui sentit les larmes monter. Il ferma les yeux pour les contenir.

— Si jamais tu ressens le besoin d'en parler, je t'écouterai.

Ils restèrent en silence un long moment jusqu'à ce qu'elle se relève. Ilios pensa qu'elle s'en allait, mais elle se dirigea vers la cuisine. Elle déposa à ses pieds un verre d'eau et s'assit en silence à côté de lui.

— Si tu veux que je te laisse seul, dis-le-moi.

Elle avait la voix si douce. Ilios garda le silence. Au fond de lui, il ne voulait pas qu'elle parte. Il était soulagé, comme si elle venait de lui retirer un poids énorme. Il lâcha un profond soupir.

— Kleos était mon ami. Mon seul et véritable ami. Quand il est mort... j'ai perdu ma raison de vivre.

Tout était si grand autour de lui. Les adultes qui le tiraient à leur suite, sans lui expliquer où ils l'emmenaient, le bâtiment dans lequel ils venaient de pénétrer. Les salles et les machines qu'elles contenaient. Il se sentait si petit, si seul. Ils croisèrent de nombreux médecins, ou en tout cas, c'est ce dont ils avaient l'air avec leurs blouses blanches.

Ils se stoppèrent devant un homme et une femme, tous deux en costume.

— Laissez-le ici, ordonna l'homme, indiquant une porte.

Dans la pièce, le garçon découvrit d'autres enfants. Il y avait peu, voire pas de filles parmi eux.

— Reste-là. Calme.

Sauve-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant