Ça faisait une bonne heure que Sacha stressait, depuis qu'elle avait mis le plat à réchauffer. En fait, depuis bien plus longtemps, depuis qu'elle avait décidé de l'inviter, ça n'avait fait que s'accentuer depuis. Le repas était chaud (peut-être un peu trop cuit, maintenant...) et elle ne savait pas si elle était censée l'attendre ou non.
— Tu aurais au moins pu lui laisser le temps de répondre, maugréa-t-elle pour elle-même.
Au moins, s'il avait refusé, elle n'aurait pas eu à attendre pour rien. Là, elle faisait les cent pas dans son appartement, déplorant de lui avoir proposé de venir et se maudissant sur plusieurs générations. Elle sursauta en entendant un soudain vacarme dans l'appartement d'à côté. Puis elle entendit son voisin sortir de chez lui et venir frapper à sa porte.
— Désolé, souffla-t-il lorsqu'elle ouvrit. Je n'ai pas vu le temps passer.
Il avait les yeux paniqués et le souffle court. Il semblait sincèrement embêté, passant sa main nerveusement sur sa nuque. Sacha le laissa entrer, lui offrant un sourire qu'elle devina plus coincé qu'elle ne l'aurait voulu.
— Qu'est-ce qui a pu te passionner à ce point ? demanda-t-elle pour détendre l'ambiance.
— Des recherches, éluda-t-il avec un geste de la main.
Elle hocha la tête sans conviction, restant un peu sur sa faim. Quel genre de recherches pouvait-il faire ? Comme il ne sortait que rarement de chez lui, elle s'imaginait qu'il travaillait à domicile. Pourtant, il ne lui donnait pas l'impression d'un bourreau de travail.
— Je veux bien que tu retires tes chaussures, s'il te plait, demanda-t-elle d'une petite voix.
Laetitia se moquait souvent d'elle sur le sujet, la traitant de maniaque, mais Sacha ne pouvait pas s'en empêcher. Elle adorait marcher pieds nus, et rien ne l'énervait plus que de marcher sur des saletés. Elle passait l'aspirateur au moins une fois par semaine et hésitait même à acheter ces aspirateurs robots qu'elle avait vus à la télé pour le faire passer tous les jours. À cette pensée, elle regarda son invité retirer maladroitement ses baskets et l'imagina péter un plomb à cause du bruit. Peut-être pas une si bonne idée que ça, au final.
Solal jeta un regard curieux à l'appartement. Il s'arrêta un instant sur la large télévision accrochée au mur, devant un canapé qui faisait presque la largeur de la pièce – on aurait presque pu appeler ça un couloir tant c'était petit – où il se trouvait.
Sacha invita Solal à s'assoir à table et il s'exécuta sans un mot. Il la suivit du regard lorsqu'elle se dirigea vers le coin cuisine. Pour que leur plat ne brûle pas, Sacha avait mis le four au plus bas, mais du coup, elle priait pour que ce soit assez chaud. Elle servit une large part à Solal, un grand gaillard sportif comme lui devait bien manger. Elle se servit également, un peu moins que pour lui, puis retourna poser le reste dans la cuisine. Elle n'avait pas assez de place sur sa table pour pouvoir y mettre deux couverts et un plat... Ni assez de place dans l'appartement pour y installer une table digne de ce nom.
— Tu veux boire quelque chose ? J'ai de la bière.
— De l'eau, ce sera très bien. Je ne bois pas d'alcool.
Elle ne commenta pas mais son cerveau fourmilla d'hypothèses suite à cette affirmation, soudain très curieuse. Elle récupéra la carafe d'eau dans son frigo et la posa en eux après les avoir servis. Il la remercia avec un sourire gêné.
— Bon appétit, souhaita-t-elle.
Ils commencèrent à manger dans un silence pesant. Il sentait son regard sur lui et eut la dérangeante impression qu'elle l'examinait. Comme si elle pouvait lire en lui toutes ses insécurités. Il garda le nez tourné vers son assiette, le levant que pour observer l'appartement. Tout était bon pour ne pas croiser son regard.
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Sauve-moi
RomanceLorsqu'elle emménage dans son nouvel appartement, Sacha s'attendait à une vie tranquille, loin de son ex toxique. C'était sans compter sur son voisin de palier, un grand blond au passé mystérieux. Tout aurait pu bien se passer si les murs de l'immeu...