Chapitre 4

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La fin de la semaine se passa sans que Sacha ne recroise son voisin. Il avait continué son vacarme, à toute heure de la journée comme de la nuit, mais elle avait bien compris que quoi qu'elle dise, il n'y changerait rien. Et elle ne se sentait pas à l'aise d'appeler la police... Elle avait donc investi dans un pack de boules quies, à contrecœur, qui atténuaient légèrement ses problèmes de sommeil.

C'était enfin le weekend ! Comme son voisin n'avait été bruyant que sur les coups de minuit, elle avait pu faire une vraie nuit (et une bonne grâce matinée) pour rattraper son sommeil en retard. Elle s'était levée vers onze heures, juste le temps qu'il lui fallait pour se préparer. Elle recevait sa meilleure amie chez elle aujourd'hui, principalement pour lui faire découvrir son nouvel appartement. Elles n'avaient pas vraiment pu passer du temps ensemble dernièrement à l'exception de son déménagement, ce qui n'était pas l'idée que Sacha se faisait d'une journée entre amies. Ces derniers mois, notamment à cause de sa relation avec Bastien, Sacha s'était un peu renfermée sur elle-même. Le quitter et déménager lui avait fait l'effet d'une bouffée d'air frais. Elle se sentait beaucoup plus sereine, et maintenant, elle voulait rattraper le temps perdu avec ses proches.

Des coups à la porte la sortirent de sa rêverie. Elle se précipita pour ouvrir. Laetitia, un énorme sourire aux lèvres, se jeta pour la prendre dans ses bras.

— Ça fait plaisir de te voir ! s'exclama-t-elle.

Elles s'écartèrent l'une de l'autre et à peine Laetitia avait passé le pas de la porte que Sacha l'invectiva :

— Tes chaussures !

Laetitia lui tira la langue, mais retira ses chaussures qu'elle déposa dans l'entrée.

— Tu as vraiment un toc.

Laetitia jeta un œil autour d'elle, puis s'avança. Elle fit rapidement le tour, un T2 de 40m² ne demandait pas plus de cinq minutes à visiter.

— C'est...

— Miteux, devança Sacha.

Laetitia grimaça.

— C'est propre, déjà.

— J'ai dû nettoyer deux fois. Le propriétaire a dit qu'il l'avait fait mais on n'a vraiment pas la même définition de l'hygiène.

— Qu'est-ce qu'il a dit pour la peinture.

— Que si je voulais la refaire, il payait pour les pots.

— Quel con.

Sacha rit. Il ne s'était pas foulé pour remettre l'appartement en état avant qu'elle emménage. Laetitia s'installa sur le canapé le temps que son amie prépare un thé.

— On commande ce midi ?

— Sushi ! s'exclama Laetitia, un peu trop fort.

Sacha lui fit signe de parler plus bas et elle mit sa main sur sa bouche, comme un enfant qui a fait une bêtise. Une tasse à la main chacune, elles entreprirent de trouver un restaurant asiatique dans le coin qui leur semblait un minimum correct, sans pour autant afficher des prix exorbitants.

Ilios s'ennuyait comme un rat mort. Sur son canapé, le dos sur l'assise et les jambes contre le dossier, il jouait avec une balle de tennis qu'il faisait rebondir contre le plafond. Il entendait toute la conversation particulièrement inintéressante de sa voisine et de son amie sur l'architecture de leur immeuble et l'aménagement de l'appartement. Certes, ça n'était pas un hôtel cinq étoiles, mais il aurait été hypocrite de sa part de se plaindre étant donné qu'il ne payait rien. Sans la rente de l'état, il serait à la rue, et son enfer était bien suffisant sans qu'on lui rajoute ça.

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