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Les mains dans la poche de mon sweat, et la musique à fond dans les écouteurs je regarde la grille du lycée fixement en étant appuyé à une barrière. J'avais loupé mon bus alors j'étais arrivé en retard ce matin. Et le problème dans ce lycée, c'est qu'ils ferment la grille seulement deux minutes après la sonnerie, puis ils ne la réouvrent pas avant 20 minutes pour nous laisser rentrer.

Déjà que je suis pas de super bonne humeur le matin, imaginez dans quel état ça me mets d'attendre comme une conne dans le froid pour finir en permanence

En plus, je sens mes yeux qui se referment, je dors pas beaucoup la nuit en ce moment alors le matin je suis morte de fatigue. Je réouvre mes yeux lorsque je sens une main sur mon épaule. Je lève la tête c'est Kahil qui me tend la main. Je le tchek puis sans parler il se mets à mes côtés alors tous les deux, on regarde en face de nous en attendant que le surveillant réouvre la grille.

On reste un moment dans le silence, jusqu'à ce que Kahil lâche une injure, ce qui me fait lever la tête dans sa direction.

— ils cassent les couilles putain

Il pose son regard sur moi, puis fronce légèrement les sourcils.

— t'as les lèvres bleues Leyna.

Je pose mes doigts sur mes lèvres. Ça ne m'étonne pas parce que ça m'arrive souvent en hiver.

— c'est normal, j'ai trop froid, je réponds.

— bah ouais mais regarde toi t'es pas bien couverte

C'est vrai, j'avais même pas mis de veste au dessus de mon sweat. Autant j'étais hyper frileuse, et j'aimais pas du tout le froid, autant j'aimais pas non plus mettre de manteau. Je trouvais ça pas beau et trop chiant.

Kahil retire son bonnet puis me le met. Mes lèvres s'étirent automatiquement, en même temps que les siennes lorsqu'il me regarde avec son bonnet sur ma tête.

— voilà, t'auras moins froid comme ça, il dit.

— mdr, merci.

Il se tourne à nouveau vers le lycée, constate que c'est toujours fermé avant de soupirer bien fort.

— vas-y viens on se casse c'est bon

Il avance sans même attendre ma réponse. Je presse le pas pour le rejoindre.

— on va où ? je demande

— se poser, ils m'ont soûlé wallah

Il continue de marcher jusqu'à un banc juste à côté du lycée, puis se pose dessus. Je m'assois à mon tour à côté de lui.

— mais pourquoi ils font ça ?

— c'est des chiens, ils attendent bien juste pour être sur que les profs nous acceptent pas quand ils ouvrent

— aanh, mais ça se fait pas ! je m'exclame

— bah ouais

— ils faisaient pas ça dans mon ancien lycée. Tu rentrais comme tu voulais et si les profs voulaient t'accepter tant mieux, sinon tu redescendais en perm', j'explique.

— c'est des bâtards ici.

J'acquiesce et laisse mon dos se poser contre le dossier du banc.

— je t'ai jamais demandé, reprend Kahil, pourquoi t'as changé de lycée ?

Je grimace légèrement. J'avoue que ça me met un assez mal à l'aise d'en parler.

— ça se passait pas trop bien là bas, je réponds.

Après la nuit vient l'aubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant