cinq

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Je détestais les vacances de la Toussaint comme pas possible. Je les trouvaient trop ennuyantes, elles annonçaient le début de l'hiver, avec les températures qui chutaient d'un coup et le changement d'heure ... y'avait pas plus relou.

Je passais mon temps chez moi avec mes soeurs, ou chez mes grands parents. Je déprimais trop du froid pour sortir avec mes copines, qui pourtant arrêtaient pas de m'harceler pour qu'on aille en ville ensemble. Mais la flemme et moi c'est une trop grande histoire d'amour pour être raconté.

Un après-midi, ma mère a débarqué dans ma chambre. J'étais posé sur mon lit, avec ma plus petite soeur Ehsal blottie contre moi qui regardait un dessin animé sur l'ordinateur.

— regarde toi, commence ma mère, on dirait une vieille

— ça vaaa, je souffle en me redressant

— à ton âge je devais faire des missions pour réussir à sortir en cachette, toi on te donne la liberté et tu ne la prends pas

— aaanh ! je m'exclame, ils savent ça Baba et Nana ? (Mes grands parents)

— non, et t'as pas intérêt à leur dire

J'explose de rire, elle me pince la cuisse en rigolant pour me faire taire.

— allez ça suffit lève toi, elle dit finalement.

— mais j'ai nul part ou aller

— si, allez tu vas venir avec moi chez Mina

Mina, c'est le surnom de Yasmina, la maman d'Aymen. Comme je l'avais déjà dit, elle et ma mère sont très proches, limites soeurs et donc c'est un peu une tante pour moi.

Je finis par me lever en ne manquant pas de râler. Il devait faire à peine plus de dix degrés dehors et je détestais le froid comme pas possible, alors j'ai enfilé un gros survêtement bien moche mais bien chaud. Tant pis pour le style, j'allais seulement chez Yasmina je risquais pas de croiser du monde a part Aymen qui m'avait déjà vu sous de bien pires états.

On y va en voiture même si Barbusse c'est pas loin de chez moi, il fait beaucoup trop froid pour que j'accepte de marcher plus de 50m dehors. Mais c'était sans prendre en compte le surpeuplement de cette cité. C'est incroyable le nombre de voiture qui sont garées sous les bâtiments. C'est un bordel complet et c'est une mission de trouver une place. Alors évidemment ma mère s'est garée un peu plus loin.

Je sors de la voiture et j'attends debout, les mains dans les poches que ma mère rhabille Ehsal, qui s'était complètement desappé en entrant dans la voiture. Moi elle me fait trop délirer, à chaque fois elle retire sa veste et ses chaussures sous les râles de ma mère.

Je regarde un peu autour de moi. Il est dix sept heures mais c'est bon il fait déjà nuit, on voit pas grand chose. Je vois quelques gars posés sur un banc à notre droite. Et je me surprends moi même en me disant dans ma tête « imagine tu croises Kahil ».
Je suis folle ou quoi ? Qu'est ce qui me prend à penser à lui ?! Y'avais que son nom qui m'était venu à l'esprit, j'avais même pas pensé à Demba alors que je passe mes journées en cours avec lui. Non, Kahil s'était tranquillement invité dans mes pensées. Mais je le chasse rapidement de ma tête lorsque j'entends ma mère qui verrouille sa voiture.

— ta dégaine Leyna c'est trop franchement t'hechmi* ! s'exclame ma mère. (*tu fais honte)

— oooh, carrément je fais honte ? j'ai un survet ça va, j'aurais pu venir en pyjama

— t'aurais pu te coiffer, regarde moi maman elle m'a mis des barrettes dans les cheveux, dit Eshal.

— merci Esra, l'ness radi y 3adro fik (*les gens vont parler sur toi)

Après la nuit vient l'aubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant