neuf

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Mon oncle Adem, c'était le plus âgé qui habitait encore chez mes grands-parents. Il avait vingt-six ans, il était toujours pas marié, il travaillait à la salle de boxe de mon quartier, mais c'était surtout mon oncle qui me faisait le plus flipper.

Je veux pas dire qu'il me fait la misère, mais pour vous le décrire un peu physiquement, il est super grand en taille, et surtout assez stock. Il est assez impressionnant, mais il est pas du genre à faire le gars nerveux qui terrorise tout le monde. C'est le contraire, il est hyper calme mais c'est justement ce qui me fait flipper parce que du coup quand il s'énerve c'est qu'il est vraiment en colère et faut y aller pour réussir à le calmer.

Alors imaginez juste moi, en face de lui, avec mon mètre soixante que je franchis à peine mais surtout avec un mec à mes côtés. Il me regarde droit dans les yeux, et je sens le rythme de mes battements de cœurs qui s'accélèrent. Putain mais je vais mourir aujourd'hui c'est sur ! En plus, je suis trop mauvaise menteuse moi, je suis même pas sûr de réussir à parler sans bafouiller.

— tu fous quoi ici ? il dit finalement.

— j'suis venue acheter un truc rapidement, je réussis à répondre normalement.

Il jette un coup d'oeil à Kahil qui est juste à côté de moi. Je sens qu'il est mal à l'aise lui aussi. En même temps, y'a de quoi l'être.

— t'as fini ? me demande Adem.

— euh, ouais. J'ai pas trouvé ce que je voulais.

J'avais très bien compris qu'il avait l'intention de m'embarquer avec lui, alors j'avais même pas osé dire que je venais à peine d'arriver.

— bah vas-y, tu rentres avec moi ?

— ouais, ok.

Je salue Kahil de manière beaucoup trop maladroite, tandis qu'Adem se contente de lui faire un léger signe de tête, puis on quitte ensemble le centre commercial.

Est-ce que vous arrivez à ressentir mon stress à travers l'écran ? Parce que croyez moi, que sur l'instant, je suis tellement pas bien que j'ai qu'une envie, c'est de creuser un trou pour m'y enfoncer et éviter ce moment déplaisant qui m'attend.

Et pourtant je sais très bien qu'Adem ne va pas me taper dessus parce qu'il m'a vu avec un mec, qui plus est le mec que je commence à kiffer. Et même s'il le sait pas ça, que j'apprécie un peu trop le gars avec lequel il m'a croisé, moi je le sais et ça rend la situation encore plus gênante pour moi.

Adem ne parle pas. On se dirige vers le parking ensemble, puis on monte dans sa voiture.

Il démarre toujours sans faire la moindre remarque sur ce qui venait de se passer. Lorsqu'il quitte le parking, au feu rouge il en profite pour ouvrir la boîte à gants. Il récupère un sachet blanc, qu'il pose sur ses cuisses avant de démarrer. Tout en conduisant, il en sort d'une main les cd qui s'y trouvaient.

— Rohff ou Mister You ? il demande.

C'est une bonne question ça tient. Sur quelle musique il va m'allumer ma race ?

— Mister You, je réponds.

Il me tend le cd pour que je le rentre dans le lecteur. J'ai bien évidemment une idée derrière la tête lorsque je mets directement le dernier son de l'album.

Alors que les premières notes de « On ne t'oublies pas » se font entendre dans la voiture, Adem se tourne vers moi pour me lancer un regard pas trop sympa. Bah quoi? C'est totalement dans mon intérêt d'essayer de l'adoucir un peu.

Mais bon, il a pas l'air d'avoir envie d'être adoucie mdr, puisqu'il n'attend même pas que le premier couplet commence, qu'il change directement de son.

Après la nuit vient l'aubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant