quinze

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On m'aurait pris mon cœur de ma poitrine, pour lui donner des coups de marteaux et le remettre à sa place initiale ça aurait été la même chose. J'ai trop mal je me suis prise un mur que j'ai même pas vu venir.

À quel moment les sentiments que je ressentais pour Kahil sont devenus tellement forts qu'ils me font autant mal ? On dit que c'est dans la douleur qu'on se rend compte des vrais sentiments et c'est pire que vrai.

C'est quand je vois comment ça m'a touché en plein cœur que je me rends compte de la grandeur des sentiments que j'ai pour ce gars.

Aucune petite amourette peut faire aussi mal. Ce constat il m'avait mis une claque tellement grosse que je me voyais pas rester toute la journée assise sur une chaise à écouter mes profs blablater pendant des heures. J'ai quitté le lycée pour rentrer chez moi.

Lorsque je suis arrivé, je suis directement tombée sur ma mère assise sur le canapé qui coiffait Jinane assise au sol. Elle m'a regardé étonné, et m'a directement demandé ce que je foutais là.

— j'suis rentré parce que je me sentais pas bien, je réponds.

— bah oui je vois ça, t'as une sale mine. Qu'est ce que t'as ?

— j'sais pas, j'ai mal au ventre, je mens.

Je m'assois sur le canapé près d'elle. Elle m'a regardé d'un air suspect.

— t'étais pas malade ce matin, elle remarque.

— nan, c'est venu d'un coup mais ça m'fait trop mal là.

Je sais pas mentir, ça doit se voir à mon visage que j'suis entrain de raconter des mensonges mais c'est évident que je vais pas lui dire la vérité.

— maman ! râle Jinane, tu m'fais mal là !

—soukti* sinon j'arrête de te coiffer ! (*tais-toi)

— mamaaaan

— arrête de crier Sourour elle dort encore !

Je souris en voyant le visage tout crispé de Jinane. On est toutes passées par là. Toute notre enfance, notre mère nous a faits des tresses collées, et elle nous arrachait la tête à chaque fois. On a toute arrêté à un certain âge mais Jinane elle supportait pas d'avoir les cheveux qui traînent sur son visage donc ma mère continue de la coiffer chaque matin et on l'entend toujours crier mdr.

— et alors ? ma mère reprend, tu vas rester ici toute seule ?

— bah oui c'est pas grave

— va te reposer, et si ça va pas tu m'appeles ok?

J'acquiesce et file dans ma chambre pour me recoucher. J'avais trop honte de me sentir aussi mal pour un garçon. Je crois que c'est même pas le vent en lui même qui me faisait ce mal, c'était surtout le fait qu'il soit parti en m'embrassant le front.

Il m'avait dit de pas l'obliger à dire des choses blessantes pour que je m'en aille mais en y repensant j'aurais préféré mille fois qu'il le fasse. Si j'avais eu la rage contre lui ça serait beaucoup facile pour moi de passer à autre chose. Là il m'avait trop laissé dans l'incompréhension, j'arrivais pas à m'arrêter d'y penser.

Je comprenais pas pourquoi ça se passait comme ça. Je l'aime et ça a l'air d'être réciproque, alors pourquoi c'était pas juste tout rose ? J'avais pas les réponses à mes questions et ça me frustrait tellement.

J'ai essayé pendant au moins une heure de me rendormir mais la scène de ce matin qui tournait en boucle dans ma tête empêchait mon cerveau de se mettre en pause.

Après la nuit vient l'aubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant