Chapitre 2

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Nous étions en route, Caspian et moi, pour aller demander de l'aide aux narniens. Que cette phrase parait absurde et insensée. Néanmoins, nous ne pouvions faire autrement. Je le savais et c'était inévitable. En discutant avec mon frère, je remarquais qu'il envisageait cette situation d'une manière un peu trop favorable à mon goût. Il avait toujours été d'un naturel candide et crédule, c'est cela qui faisait son charme d'ailleurs. Cela m'inquiétait tout de même, car sa méfiance envers les êtres était presque inexistante et en tant que souverain la confiance était un diamant brut qu'on ne pouvait accorder à personne. Je lui remettais donc les idées en place sachant pertinemment qu'il oublierait mes paroles dès que nous arriverions. Soudain, nous entendîmes tous deux un bruit derrière les arbres et je sortais immédiatement mes dagues. 

-Je vous entends, dit mon frère dans le plus grand calme.  

Je me tournais vers lui, serrant les dents, en lui chuchotant de se taire. Avait-il perdu le peu de raison qu'il lui restait encore ? Je continuais de le fixer pendant plusieurs secondes lorsque le blaireau et le nain sortirent de derrière les arbres. Rassurée, je me détendis et rangeais mes armes sous le regard hilare de mon cadet et ceux étonnés des deux narniens. 

-Vous êtes sanguine comme fillette ! s'exclama Nikabrik.

-Je ne suis pas une fillette et encore moins sanguine, lui faisais-je remarquer entre mes dents en lui tournant le dos.  

-Excusez-nous de vous avoir effrayé et suivi, mais nous pensions qu'il serait mieux d'attendre l'arrivée des rois et reines, recommanda le blaireau d'une voix douce et pleine d'espoir. 

-L'arrivée de qui ? demandais-je étonnée et voulant être sûr qu'il parlait bien de ceux à qui je pensais. 

-Des rois Peter, Edmund et des reines Susan et Lucy. Les rois et reines de l'ancien temps ! Enfin où étiez-vous tout à l'heure ? Votre frère a soufflé dans la corne qui doit les ramener à nous, expliqua-t-il essoufflé, car nous venions de reprendre notre marche.

-Nous n'avons pas besoin d'eux, soufflais-je exaspérée par tant de vénération pour des personnes qui avait abandonné leur peuple à leur triste sort.  

-Eh bien nous venons avec vous, j'ai bien envie de vous voir essayer de vous expliquer avec les minotaures, plaisanta le nain.

Caspian s'arrêta net. Et c'était reparti ! Mon frère a toujours été fasciné par les créatures de Narnia, comme les minotaures ou bien les faunes. Dès que nous avions un cours d'histoire sur les narniens, notre professeur passait les trois quarts de notre leçon à répondre aux interrogations de mon cadet. Bien que je m'intéresse à l'histoire des narniens pour m'inspirer de leur manière de régner et de maintenir la paix dans tout le royaume, je ne cultivais pas un tel intérêt pour celle-ci.

-Des minotaures ? Des vrais ? demanda-t-il émerveillé en se retournant vers nos compagnons de route.

-Bien sûr qu'ils sont vrais et de très mauvais caractère, pour ne pas mentionner qu'ils sont énormes, expliqua le nain voulant lui faire peur. 

Et c'était réussi ! Il y eu un silence pendant lequel mon frère pris conscience qu'il était intimidé et que ça ne serait pas si simple de négocier avec les narniens. 

-Qu'en est-il des centaures ? Existent-t-ils encore ? l'interrogea Caspian après avoir retrouvé contenance. 

Nous reprenions notre trajet, le nain et le blaireau ouvraient la marche. J'observais la forêt. Elle était claire, dense et belle. Un vrai havre de paix. La lumière qui émanait du soleil doux réchauffait ma peau et éclairait l'endroit d'une manière enchanteresse. Les fougères nous arrivaient aux genoux et, lorsque nous marchions, elles dansaient aux rythmes de nos pas. Malgré cette sensation de bien-être qu'opérait cet endroit sur moi, une boule prenait de plus en plus de place dans mon ventre, comme si un danger s'approchait éminemment de nous. 

-Les centaures se battront probablement à vos côtés, mais en ce qui concernent les autres... répondit honnêtement le blaireau.     

-Parlez-moi d'Aslan. ordonna Caspian.

Nos compagnons de route se stoppèrent et se jetèrent des regards peinés avant de se tourner vers nous. Je donnais un coup dans les côtes de mon cadet et lui lançait un regard accusateur. Qu'est-ce qui lui prenait de poser des questions si indiscrètes ? Parler d'Aslan, mais quelle stupide demande. Nous connaissions déjà tellement de choses à propos de ce fameux lion si légendaire. Pas besoin d'en demander plus et surtout pas à des narniens. Ce sujet avait l'air de les peiner réellement. 

-Comment se fait-il que vous en sachiez autant à propos de nous, demanda le nain la mine suspecte. 

-Les histoires, répondit simplement mon frère comme si c'était une évidence. 

-Attendez une minute, votre père vous racontais des histoires sur Narnia, questionna le blaireau qui paraissait profondément touché. 

-Non, notre professeur, précisais-je. 

Caspian pris soudainement conscience que de demande de parler d'Aslan n'était pas adapté à la situation dans laquelle nous nous trouvions. Il ajouta en se fermant qu'il était désolé et que ce n'étaient pas des questions que nous étions censé poser. Nous reprenions alors une énième fois notre marche lorsque Chasseur de truffes se mit à humer bruyamment l'air.  

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