Cela faisait un bon moment que je marchais sans but précis quand j'entendis un bruit, comme un bruissement de feuilles, à proximité. Je m'approchais à pas feutrés vers ce que je pensais être l'origine de celui-ci. Je m'apprêtais enfin à pousser le buisson qui me séparait de cette chose que j'identifiais à ce moment-là comme un danger quand un bruit plus sec et strident retentit au loin. C'était le cri d'une enfant ! Prise de panique, je sautais au-dessus du buisson et me jetais sur ma cible qui me semblait endormi. Je plaquais rapidement un poignard très proche de son cou pour l'immobiliser complétement. Ses paupières s'ouvrirent brutalement pour laisser place à une paire d'yeux noirs totalement perdus.
Il ne hurla même pas, sa respiration se fit seulement plus rapide et j'étais si proche que je pouvais sentir tous les vas et viens de son souffle sur la peau de mon visage. C'est cette respiration qui me fit prendre conscience d'une chose. Je l'observais : des cheveux noirs de jais, un nez, une peau dépourvue de poils et de plumes et des taches de rousseurs parsemant ses joues. C'était un humain ! Cette personne ne pouvait être qu'un telmarin, mais était-il un soldat ou bien un de mes sujets ? Je restais allongée sur ce garçon, complétement incapable de bouger. J'étais dans un état d'hypnose totalement inexplicable, la lumière qui se reflétait parfaitement dans ses yeux brillants rendait tout mouvement impossible, je ne savais pourquoi. Mon état d'hypnose se coupa brusquement par la voix de l'inconnu étonnamment calme :
-Vous comptez rester comme cela toute la journée ou bien me trancher la tête directement ?
-Bouclez-la ou je la tranche vraiment cette tête d'ange, menaçais-je sans perdre ma contenance mise à rude épreuve par le ton amusé qu'avait pris sa voix.
-Tête d'ange, on ne me l'avait jamais faites celle-là, ajouta-t-il avec un sourire en coin.
Non mais quel culot !
-Je tiens à vous rappeler que c'est moi qui tiens une arme au-dessous de votre gorge et que c'est moi qui parle, rappelais-je agacée.
-Je t'écoute, mon ange.
-Appelez-moi encore comme cela et vous pourrez dire adieu à votre petite vie minable, crachais-je sèchement à son visage. Debout !
Nous nous levâmes tous deux et je me plaçais derrière lui un poignard dans son dos. J'observais autour de nous : nous nous trouvions dans une clairière entourée de végétation et au centre de celle-ci se trouvait des bûches brulées comme si un feu s'était trouvé là puis éteint depuis peu. A ce moment-là, je pris conscience que je ne savais pas ce que j'avais l'intention de faire de cet individu qui se tenait debout, dos à moi. Je ne pouvais pas lui ôter la vie, bien qu'il me parût insupportable, mais qu'allais-je faire de lui. Il commençait à s'impatienter quand mon frère et un jeune homme blond déboulèrent, l'épée dégainée, dans la clairière.
-Lâchez mon frère !
-Laisse ma sœur ! crièrent-ils en chœur.
Ils se regardèrent dans les yeux étonnés.
-C'est votre sœur ? s'étonna le blondinet.
-Et ce garçon est votre frère ? répondit mon cadet tout aussi interloqué.
Deux jeunes filles arrivèrent en courant derrière eux et tous les narniens les suivirent en se plaçant ensuite à leurs côtés. Je fronçais les sourcils, complétement désemparée par la tournure que prenait cette situation que je ne parvenais pas à comprendre. Le brun tourna sa tête vers moi pour me lancer un regard tout aussi confus. C'est ce regard, encore ces mêmes yeux qui me sortirent de mon état d'incompréhension.
-Quelqu'un pourrait-il m'expliquer ce qu'il se passe ? demandais-je enfin agacée par cet insupportable silence et voulant couper ma contemplation incontrôlée.
Le jeune homme blond rangea son épée et s'approcha de moi en me tendant la main.
-Grand Roi Peter, le magnifique, se présenta-t-il le plus sérieusement du monde.
Un ricanement sortit soudain de ma bouche involontairement mais je me repris rapidement. Quelle arrogance !
-Ah oui, vous êtes le roi partit il y une centaine d'années abandonnant son peuple à un destin tragique, répliquais-je le sourire aux lèvres.
Il tiquait. Bien, c'était l'effet escompté. Néanmoins, il reprit rapidement contenance et tendit un peu plus son bras dans ma direction. Étonnamment, il avait l'air vraiment désireux de faire un pas vers moi.
-Je ne formulerais pas cela de cette manière mais oui, si vous voulez. Voici mes sœurs, les reines Susan et Lucy, vous devez donc déjà connaitre mon frère, Edmund à ce que je vois. Je pense que c'est à vous que je dois m'adresser pour parler du plan de reconquête de nos terres.
Je lançais un regard aux jeunes filles présentées qui me sourirent plus ou moins. Je replantais finalement mes yeux dans ceux du "roi Peter". Savait-il que j'étais reine de telmare ? Que voulait-il signifier dans "la reconquête de nos terres" ? Peu importe ! Je n'allais pas me faire marcher sur les pieds par ce soi-disant roi, j'étais décidée à lui montrer qui était la véritable souveraine ici.
-Bien, énonçais-je en regardant les narniens.
Ils étaient d'accord. Leurs yeux me le disaient et c'était le plus important.
-En route, dis-je en ouvrant la marche aux côtés d'Ouragan, la tête haute.

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My Kingdom
Hayran KurguLa protection de mon trône et de mon royaume est la seule chose qui m'importe. La fuite de mon château pour survivre, la rencontre de ce garçon et la reconquête de nos terres seront peut-être les seuls remèdes pouvant me sauver de cette folie de rei...